Comme des millions de nos concitoyens, j’ai regardé, le soir de la Saint Sylvestre, le Président de la République nous présenter ses vœux pour 2019.
Et au cours de ce rituel républicain où, il faut bien le dire, les surprises sont rares, Emmanuel Macron m’a surpris en faisant, pour premier vœu, un vœu de vérité. Il nous appelait à refuser les mensonges et les dénis de réalité et à cet instant précis, je me suis dit in petto : « Enfin !...».
Car, nous vivons des temps où le débat public s’est exonéré de l’exigence de vérité qui pendant longtemps était vécue comme un minimum moral. Que ce soit le rapport pour le moins lâche que Donald Trump, Président actuel des Etats-Unis, entretient avec la vérité ou les torrents de mensonges déversés à l’occasion de certaines campagnes électorales (Constitution européenne de 2005, Brexit en 2016,…) ou encore l’intervention plus que probable de la Russie dans la campagne US de 2016 pour démolir à coups de mensonges énormes la candidature d’Hillary Clinton, nous sentons tous, pour le dire en termes imagés, que le mensonge a changé d’échelle.
La France d’aujourd’hui et son débat actuel initié par le mouvement des Gilets jaunes n‘échappent pas à ce travers. Et Emmanuel Macron de rappeler à juste titre que « l’on ne peut pas travailler moins et gagner plus ou baisser les impôts (recettes de l’Etat) et augmenter les services publics (dépenses de l’Etat)… ».
Entendons-nous bien. Je suis de ceux qui pensent que les Gilets jaunes ont posé deux questions centrales pour la vie sociale et politique de notre pays : celle du partage de l’effort fiscal entre les Français et celle de l’amélioration du fonctionnement de notre démocratie française.
Je suis donc partant pour participer notamment sur ces deux questions au grand débat national auquel nous invite le Président de la République. Mais il faut d’entrée rappeler la règle du jeu commune de ce débat, celle de Beaumarchais : « les commentaires sont libres, les faits sont sacrés ».
A titre d’exemple, la vérité macroéconomique du pays s’impose à toutes les personnes intellectuellement honnêtes de notre pays.
Oui, la France est championne du monde des taxes avec des prélèvements obligatoires représentants 48% de son produit intérieur brut (moyenne de l’Union Européenne : 40%).
Oui, la France est aussi championne du monde des dépenses publiques représentant elles 57% de ce même PIB (moyenne de l’Union Européenne : 44%).
Oui, la France a des finances publiques déficitaires (en 2017, 61 Mds €) et une dette publique élevée (100% de notre PIB).
Cela ne veut absolument pas dire que l’on ne peut pas changer la réalité du partage des richesses en France. Mais il n’y aura donc pas de tour de passe-passe possible ou de repas gratuit. Si l’on veut agir dans ce sens, il faut donc mettre en œuvre un rééquilibrage fiscal (toutes les options doivent être étudiées, ISF compris à mon avis …) en faveur des classes populaires et prioritairement en faveur des actifs en taxant les plus favorisés de nos concitoyens.
Pourquoi le respect de la vérité des faits recule-t-elle dangereusement dans notre pays ? Je n’ai pas les moyens de répondre à une question de cette ampleur. Mais la montée en puissance des réseaux sociaux est clairement une des causes de ce phénomène en nous enfermant dans des communautés relativement étanches en termes de conviction. Notre sens critique recule avec la diminution de notre temps d’écoute ou de lecture de points de vue contraires au nôtre…
Ne nous trompons pas. Ce combat pour la vérité est un combat permanent dans l’Histoire des hommes et rappelons-nous, croyants ou pas, de l’échange glaçant entre Jésus « je suis venu rendre témoignage à la vérité » et Ponce-Pilate : « Qu’est-ce que la vérité ? ».
Oui, la tentation de s’affranchir de l’obligation de vérité est permanente. Mais, parce que les technologies donnent des moyens considérables à ceux qui diffusent des mensonges pour un intérêt ou pour un autre, alors nous sentons bien qu’un combat majeur est en train de s’engager actuellement sur ce terrain là.
Notre société ne fera pas l’économie de remettre la vérité au centre des valeurs fondatrices de la vie citoyenne. Et plus spécialement, notre justice devra sanctionner très sévèrement celles et ceux qui utilisent le mensonge, les faux témoignages, la diffamation comme des outils personnels pour leur promotion sociale.
Mais, c’est en fin de compte, à chaque citoyen de se vacciner contre le Mensonge.
Comment ? par la contradiction, par la controverse au sens philosophique du terme. Sur toutes les questions importantes pour nous, il est capital d’écouter, de lire la diversité des points de vue existants sur ces questions.
A chacun de nous, à notre époque, celle des réseaux sociaux, de s’imposer cette hygiène de vie intellectuelle, de sortir de son confort, de sa communauté de pensée avec cette humilité en tête : « et si l’Autre avait raison ? ».
« Vaste Programme » se moqueront les cyniques.
En tout cas, cela méritait bien un vœu Présidentiel.
Mon cher Jean, j'ai beaucoup aimé ton commentaire. et je cite ta phrase clef qui m'a fait beaucoup réfléchir sur la manière dont tu as "mangé ton chapeau". C'est courageux et je te reconnais bien là .
"Notre sens critique recule avec la diminution de notre temps d’écoute ou de lecture de points de vue contraires au nôtre…"
Comme tu le sais j'ai une opoinion différente de toi sur l'utilité de la LGV pour Agen. les faits et le temps me donnent raison. Mais comme disent les Américains : " So what ?". Il est temps d'entendre les gens du bas, les "sans dents" comme dit horriblement Hollande. Vous n'êtes pas les seuls à posséder la vérité. Les métroples vont écraser les territoires intermédiaires malgré tous les efforts des gens de ces hinterlandS Tu dois le prendre en compte dans tes réflexions. Amicalement.