Les lignes ont bougé ce week-end… au centre de la vie politique française.
Dans un entretien donné au JDD dans son édition du 1er octobre, Jean-Christophe Lagarde, le Président de l’UDI, déclare : « Nous sommes, désormais, libres de toute alliance. Ce que je veux construire à partir de l’UDI, c’est une force politique qui ne sera plus jamais supplétive des Républicains. Cette page avec LR est tournée. »
François Bayrou, Président du Modem, qui a une solide culture de rugby, n’a pas tardé à « saisir la balle » adressée par Jean-Christophe Lagarde au bond et lui a répondu : "Si cette chance est offerte, je promets que nous ne la laisserons pas passer. Le choix du rassemblement doit être sur notre agenda".
La réunion de la famille centriste est donc pour la première fois depuis longtemps rendue possible par le leader de l’UDI et évoquée positivement par celui du Modem.
Alors, ces retrouvailles centristes, simple anecdote médiatique ou bien mouvement de fond que rien n’arrêtera ?
Militant centriste depuis plus de 25 ans, je connais nos faiblesses assez bien rendues dans nos traditionnelles caricatures (la brouette de grenouilles, le marais, le cul entre deux chaises et autres amabilités qui sont un miroir à peine déformant de ce que nous sommes). Bref, je ne sais pas si cette réunion entre l’UDI et le Modem est faisable, rapidement.
Je sais par contre, du plus profond de moi-même que cette union est souhaitable le plus vite possible et ceci pour trois raisons.
Tout d’abord, parce que les raisons de notre fracture de 2007 ont disparu. Notre famille commune, l’UDF, se fracture, en effet, au moment du 2ème tour de la Présidentielle de 2007. François Bayrou déclare qu’« à titre personnel, il ne votera pas pour Nicolas Sarkozy », d’autres, dont j’étais, autour d’Hervé Morin et Maurice Leroy, refusent ce choix, et soutiennent Nicolas Sarkozy. L’UDF, unie jusque là, se fracture en Modem et Nouveau Centre. Cette fracture va s’élargir pour culminer en 2012 lorsque François Bayrou soutiendra au 2ème tour François Hollande.
Or, cette fracture sur la stratégie d’alliance s’est progressivement refermée, à l’occasion de la restructuration de la vie politique française en cours depuis la dernière campagne présidentielle, pour arriver à la situation de ce week-end. Le Modem n’envisage plus d’alliance avec la gauche. Il a fait le choix d’être le 2ème pilier de la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron. De son côté, l’UDI, comme le montre la déclaration de son président Jean-Christophe Lagarde, refuse la dérive droitière des Républicains façon WAUQUIEZ et se trouve dans une attitude libre, mais constructive par rapport à l’action gouvernementale. Franchement, le moins que l’on puisse dire, c’est que les positions se sont singulièrement rapprochées…
La deuxième raison qui rend éminemment souhaitable la réunion des centristes est la reconstruction en cours des Républicains. Je suis de ceux qui pensent que cette reconstruction se fera très à droite, de manière forte et cohérente, sans doute autour du leadership de Laurent Wauquiez. Cette évolution peut se comprendre, se respecter, mais elle rend la construction initiale de l’UMP – grand parti de la droite et du centre - caduque.
LR, majoritaire au Sénat, principal groupe d’opposition à l’Assemblée Nationale avec plus de 119 députés, avec un Président légitimé par une élection récente, va redevenir le principal opposant à Emmanuel Macron, Mélenchon n’ayant pas les moyens de faire illusion à ce niveau pendant très longtemps. Pour ma part, je ne crois pas au départ de LR des ténors modérés de ce parti (Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Christian Estrosi). Pour ne prendre qu’un exemple, je ne vois pas Valérie Pécresse, qui a des ambitions pour 2022, quitter les LR et la puissance électorale qu’ils représentent pour une hypothétique construction « ex LR constructifs+UDI »…..illisible pour l’opinion publique.
Enfin, le Centre n’est pas soluble dans En Marche. J’ai détaillé ce point central dans une chronique récente « Macron et le Centre » (http://jeandionis.com/blog/macron-centre). Pour aller à l’essentiel, avec "En Marche", le Centre a trois divergences qui doivent fonder son existence autonome : l’ambition sociale, (et Bayrou, en invitant le Président à construire un projet social, l’a bien senti), les territoires (le Centre est Girondin, Macron est Jacobin)… et la démocratie politique (nous croyons à la démocratie représentative à tous les niveaux de la société, les statuts d’En marche nous ont alertés).
Alors, oui, la réunion du Centre, pour parler clair du Modem et de l’UDI est souhaitable. Le plus tôt sera le mieux.
Est-elle faisable ? Nous verrons bien et tous les cyniques – pour qui nous sommes une cible facile- pourraient bien avoir des surprises… Après tout, cette année 2017 n’en a pas été avare.
A chacun, à son niveau de faire le boulot et au moins d’essayer. Je ferai ma –modeste – part à Agen , en Lot-et Garonne et au Conseil Régional de la Nouvelle-Aquitaine.
Et revoilà le Modem ce parti qui mange à toutes les sauces droite, centre,gauche,Macroniste et maintenant UDI, l'union du centre est éclatée chaque leader de chaque mouvement voulant prendre le pouvoir.
Quel garantie qu'il ne changera pas d'avis afin d'aller vers celui qui lui propose une poste intéressant car à mon avis c'est cela qu'il cherche un bon poste.
Attention centristes ne veut pas dire girouette.
Cordialement
Trés bonne analyse à laquelle j'adhère sans réserve....Mais à quand les actions et les prises de position fermes ?