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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Réflexions sur la Toussaint

Publication : 04/11/2013  |  00:11  |  Auteur : Jean Dionis

Le « pont » de 3 jours de la Toussaint de cette année se termine…et je suis surpris par le fait que cette fête de la Toussaint et son pendant du lendemain – la Fête des morts - ne se banalisent pas ….Vous en doutez et pensez que la Toussaint se sécularise à grands pas ? … et bien poussez la porte du cimetière le plus proche de votre domicile et, comme moi, vous serez surpris de l’affluence, de la présence de toutes les générations …et des couleurs jaunes, rouges des allées littéralement embellies de chrysanthèmes.

Maire d’Agen, j’y faisais donc, hier, « mon travail » de représentant de la Ville au Cimetière municipal de Gaillard lors des différentes cérémonies funéraires prévues à cette date. Fascinant rendez-vous annuel avec ce haut-lieu de la Ville, ses 4800 caveaux qui le composent et les 97 000 Agenais qui y reposent (pour une ville qui compte 35 000 habitants !). Visite familière pour le fils d’Agen que je suis qui, au fil des allées, retrouve les noms de ses amis, de ses proches, de ses professeurs, ainsi que ceux illustres dont sont baptisées nos rues et nos places. Le cimetière à Agen, c’est un peu comme le Stade Armandie : on y retrouve tout le monde : riches et pauvres, hommes, femmes, enfants, croyants, francs-maçons….

Une visite au Cimetière nous rappelle, en effet, la diversité de nos situations et de nos croyances devant la mort : Carré militaire, carré des indigents, carré musulman, carré israélite, carré des enfants, columbariums (la crémation est aujourd’hui choisie par plus de 30% des familles françaises) ….tombes abandonnées et tombes vénérées ( ah ! la ferveur énigmatique autour des tombes des gens du voyage. Comme si c’était justement la dernière étape, la plus importante du voyage….).

En amenant mes enfants (aujourd’hui adultes) sur la tombe de leurs grands-parents, je m’interrogeais sur le sens de ce rite : ne pas oublier les morts….
Ne pas oublier les morts…Pour les vivants d’abord, qui ne doivent pas perdre la connaissance de leurs racines familiales, de leur lignée. Je connais les théories modernes affirmant la Fin de l’Histoire, due à l’accélération du changement dans nos sociétés rendant caduque toutes les leçons d’une Histoire qui désormais ne se répéterait plus… je n’y crois tout simplement pas du tout, car je crois à la permanence des archétypes fondamentaux de la vie humaine que ce soit au niveau familial ou sociétal…
Ne pas oublier les morts …..Pour les morts ensuite. Que sont-ils devenus ? Le néant… nous dit la pensée dominante de nos jours. En sommes-nous si sûrs ? Et si nous étions plus modestes dans nos réponses et laissions ouvertes des portes aux percées technologiques et philosophiques des siècles à venir ?

Je n’ai pas pu m’empêcher de rapprocher mes réflexions de Toussaint de l’excellent débat sur la fin de Vie organisé Lundi dernier sur la Fin de vie par l’Ordre des médecins du Lot-et-Garonne.
Débat passionnant animé par la présence de nombreuses personnalités de la communauté soignante de notre département. J’y participais modestement en tant qu’ancien député et j’ai essayé de porter – sans trop de succès – que sur ces lois sociétales très sensibles, la Nation serait bien inspirée de légiférer avec prudence – d’une main tremblante – et de s’imposer la recherche du consensus national avant toute nouvelle avancée législative. Impossible et manquant de courage ! m’ont objecté certains de mes contradicteurs. Je leur ai répondu en prenant le contre-exemple de la Loi Léonetti, bien préparée par un énorme travail de toutes les parties prenantes et récompensée par un vote unanime du Parlement.

Sur le fond, la salle était majoritairement acquise aux thèses de l’Association ADMD (droit à mourir dans la dignité). Je salue le militantisme de ses adhérents, souvent basé sur des expériences familiales ou personnelles très douloureuses. Mais ces drames n’épuisent pas le débat dont le fond tourne autour de la question philosophique suivante : la décision de mourir est-elle une décision strictement personnelle, ne me regardant que moi, propriétaire de mon corps ? ou bien cette décision a-t-elle aussi une dimension collective (mes enfants ? mes amis ont-ils le droit à la parole sur ma mort?)

Culturellement, je suis plus près de la deuxième affirmation. Mais je suis prêt à cheminer, si on veut bien prendre en considération l’avis des proches et ne pas être béat d’optimisme et au nom de cet optimisme bien naïf, ne pas voir toutes les prises que donnent au Mal ces situations mettant d’abord en première ligne des malades affaiblis et donc peu lucides…..

Pas très gai, tout ça, pourriez –vous me répondre….c’est vrai. Mais la vie est parfois grave. L’important est que cette gravité ne soit pas morbide. Alors pour vous vacciner, rien de mieux que chanter, fredonner, siffler…l’inusable negro spiritual « Oh, when the saints go marching in, oh Lord I want to be in that number ». Superbe interprétation de la très catholique communion de Tous les Saints…

@+

Les réactions

réponse fête des morts

Vous avez raison de souligner que nos morts sont encore respectés par le souvenir respectueux que nous leur portons. Se trouve justement dans cette notion de respect tout le débat auquel vous faite référence sur "la fin de vie ". Il y a une vraie réflexion a apporter a nos concitoyens militants a l'ADMD sur le sens du respect et de la dignité des personnes face a la mort. De quelque manière qu'elle se présente, la mort n'est pas acceptable et la souffrance qu'elle provoque aussi bien pour la personne en fin de vie que pour son entourage reste une énigme si on en cherche le sens. La mort "choisie " ne donne pas
d'avantage sens. La mort "accueillie "parce que accompagnee trouve un sens grâce a ce qui est .réellement 'notre dignité, c'est a dire notre capacité a tous en tant que personne a aimer a être en relation. Aimer n'est pas forcément proposer l'innacceptable qui est la mort mais plutôt la relation qui est la source de notre vie.
Vous vous etes inquiété de la salle qui vous semblait acquise aux idées de l'admd, y etant, j'ai plutôt trouvé que grâce a la qualité des intervenants du conseil de l'ordre et de quelques professionnels au service des personnes en fin de vie, l'argumentation de l'admd la ridiculisait

TOussaint et les Cimetières

Bonjour à toutes et à tous,

Il est tout à fait normal qu'il y est plus de personnes inhumées dans les caveaux d'un cimetiére communal, que d'habitants dans la ville ou ce cimetière se trouve. Il faudrait ajouter toutes les personnes inhumées dans l'ossuaire de chaque cimetière du fait des caveaux tombés en déshérence et non entretenus, récupérés par les communes pour les mettre a disposition en concession limitée à 30 ans.
A titre d'exemple, le caveau familial de ma famille paternel au Cimetière de Vic-en-Bigorre (Hautes-Pyrénées) qui est u caveau de 6 places, 9 ancêtres y sont inhumés et il reste 2 places libres
Avec mes amitiés
Bernard Herrou (A.E. Lycée Bernard Palissy)

Souffrance et Vie avant la mort

Cher Jean,
il faut au moins la Toussaint et le jour des morts pour réveiller les blogueurs :
ta chronique me sort de ma torpeur et m'inspire quelques réflexions !

Premier point:
Comme chrétien, je me réfère au Christ et à sa fin de vie:
Il a vécu et accepté la souffrance jusqu'au bout comme l'illustre par exemple le film très réaliste 'La passion' de Mel GIBSON ou certains ouvrages sur le suaire de Turin éclairant la barbarie de la passion et de la crucifixion, Les évangiles nous montre que Jésus nous a donné l’exemple d'une grande dignité à méditer: ni haine, ni violence, bien plus, une attention tournée vers les autres jusqu'au bout alors que la souffrance était bien là, très réelle et très forte, physique et psychologique. Il l’a vécue et ressentie comme nous et jusqu’à son dernier souffle.

Deuxième point:
Ne nous trompons pas pour autant, la vision chrétienne n'a rien ni d'une vision 'bise nounours' ni d’une vision 'sado-maso' occultant toute souffrance ou à l'inverse en faisant l'apologie de celle-ci.
Le Christ a acceptée la souffrance pour lui-même, avant tout pour nous l'épargner, nous accompagner et nous rendre espoir si nous avons à la vivre: n’oublions jamais que pendant toute sa vie publique il s'est attaché à libérer et guérir les malades ou les personnes souffrantes.
Un chrétien à la suite du Christ est appelé à soulager la souffrance en toute circonstance et encore plus celle des plus faibles comme les malades en phase terminale.
Encourageons et rendons hommage aux chercheurs, praticiens et personnes des soins palliatifs qui accompagnent matériellement, psychologiquement et médicalement nos malades en fin de VIE car ils font déjà beaucoup pour eux.

Troisième point:
'le droit de mourir dans la dignité' est un abus de langage d’une perversion machiavélique car ce dont on parle c’est bien en fait 'de manière consciente et délibérée, de mettre fin à la vie d'une personne, par elle-même ou par un tiers'.
J’ai toujours eu beaucoup de mal à voir où est la dignité là-dedans. Pour moi c’est le début de la barbarie.
La vie est don de dieu par excellence du tout début à la toute fin, chaque souffle de nos vies est inscrit dans l’éternité: je choisis donc ‘le droit de VIVRE dans la dignité du début à la fin’.

Quatrième point :
Je ne minimise pas la douleur et détresse psychologique de la famille et des proches qui doit être accompagnée car elle est forte et profonde. Mais elle ne doit pas être l’alibi pour abréger la vie fut-elle à nos yeux devenue misérable. Les ‘bons ou biens’ vivants que nous sommes sont très mauvais juges du caractère misérable et insupportable d’une vie qui n’est pas la leur!

J’ai accompagné maman, rongée par la maladie, jusque quelques heures avant son dernier souffle.
Elle a beaucoup souffert dans les dernières semaines malgré des doses massives de tranquillisants.
C’est un déchirement béant de voir souffrir un proche.
Néanmoins elle a vécue pleinement et avec dignité sa fin de VIE: elle ne souhaitait pas qu’il en soit autrement et pourtant elle n’avait pas plus envie que vous ou moi de souffrir.
Je suis convaincu avec le recul que ces derniers instants même dans cette souffrance qu’elle n’a pas voulu ont surement au moins autant, voire plus de valeur que les autres moments de sa vie où elle était en pleine santé.
La souffrance est une partie de la vie terrestre.

Conclusion
Ne sacralisons pas la souffrance: seul Dieu est sacré aux yeux de ceux qui y croient
Ne rentrons pas pour autant dans cette dialectique qui veut nous culpabiliser et laisser penser que mourir dans la souffrance est une INDIGNITE nationale. Luttons pour l’apaiser mais n’allons pas plus loin.
Ne construisons pas une civilisation qui fait plus de place à la mort qu’à la vie.
Que nos morts dans nos cimetières reposent en paix et que nos Saints au ciel nous assistent!
A bientôt,
Nicolas MESNARD

parole citoyenne

Cher Monsieur le Maire,
Merci d'habiter publiquement ce lieu de vie qu'est effectivement le cimetière de Gaillard, comme tout cimetière entretenu de notre pays. C'est effectivement un lieu municipal, et j'ai fait le constat aussi cette année de voir combien il était visité ! Comme chaque année, en tant que prêtre de la paroisse, j'ai la profonde joie intérieure de conduire la prière pour les défunts et la bénédiction des tombes le jour férié du 1er novembre. Joie car le coeur de Dieu rejoint ici le coeur de l'homme...Mais j'ai été frappé particulièrement cette année, sous un beau soleil envahissant les lieux, de voir tant de générations mélangées, tant d'enfants, tant de petits-enfants même grands avec leurs grand-parents et parents. De voir en somme tant d'affection et tant de respect pour les vivants et pour les morts ! Ce lieu du repos éternel ne nous impose-t-il pas l'humilité et le respect mutuel, l'affection ?
Oui, le sujet de la mort n'est pas gai en soi puisqu'il s'agit de se déposséder, mais nos concitoyens nous prouvent qu'il y a là de la vie toujours...un chemin de foi selon mon regard...
En ce qui concerne le débat éthique, n'y étant pas, je préfère ne rien dire. L'Eglise catholique n'a jamais caché ni désinvesti son amour pour la vie à tout âge. Elle est encore présente sur le terrain et je suis le témoin chaque jour de merveilles de foi, d'acceptation et de pardons, notamment auprès de personnes démunies et/ou hospitalisées. Les générations suivantes jugeront qui a eu le plus de courage...
"O Happy day, when Jesus washed my sins away !"
Respectueusement,

cimetiere et hospice

Il existait à agen, dans les annees 50, un hopital qui accueillait quelques indigents....j'aimerais savoir où etaient enterrés les gens qui y mouraient. Le sauriez vous ? En reste t il des vestiges ou des traces archivées ? Merci
Sinceres salutations

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