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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Réduction des déficits :Un (petit) pas dans la bonne direction

Publication : 04/09/2011  |  18:26  |  Auteur : Jean Dionis

J’ai souvent dit dans cette chronique combien il était urgent et prioritaire de remettre de l’ordre dans les finances de l’Etat. Pas de souveraineté nationale sans finances en ordre. La Grèce est malheureusement un bon exemple pédagogique de ce que peut devenir un pays lorsqu’il a perdu sa souveraineté. J’ai aussi répété que je ne croyais pas que de résultats substantiels pourraient être atteints dans ce domaine sans une double action de réduction des dépenses de l’Etat et une augmentation de ces recettes, pour parler clair une hausse des impôts.

Sur les principes, je ne peux donc qu’être d’accord avec un plan – le plan de F.Fillon -qui augmente les recettes de l’Etat (parlons clair les impôts) par un des chemins disponibles pour y arriver, à savoir le coup de rabot sur les niches fiscales.

•Mais, en bon ingénieur (j’ai de beaux restes), j’ai voulu d’abord situer la hauteur du problème. Malheureusement, le chiffre 2010 du déficit public de la France (Etat, Comptes sociaux, collectivités locales) est historique. Le trou des finances publiques s'est creusé à 148,8 milliards d'euros en 2010, contre 138 milliards l'année précédente, a indiqué le ministère du Budget récemment. Le déficit public edevrait représenter un peu moins de 7,7% du produit intérieur brut (PIB).

•A titre de point de repère, la France est engagée par le traité de Maastricht à contenir son déficit public à 3% du PIB soit environ 60 milliards. La mesure de l’effort à faire….donne (le niveau actuel (148,8 Mds€) – moins le niveau « Maastricht » (60 Mds€)) = 88,8 Mds d’€ !!!!!!. 90 Mds € à trouver, voilà l’ampleur du défi du déficit !

Pour aller plus loin dans l’analyse, je suis obligé de vous emmener avec moi, « mettre les mains dans le cambouis » dans le détail des mesures de ce plan de rigueur. Regardons en ensemble les mesures les plus symboliques et celles qui sont les plus significatives en masse.

Le plan Fillon prévoit l’instauration d’une contribution exceptionnelle sur les hauts revenus, rapportant environ 200 millions (Taxe de 3 % sur les très hauts revenus, supérieurs à 500 000 euros par an )

Il prévoit ensuite un ensemble de mesures fiscales sur la consommation et les ménages pouvant rapporter 2,25 milliards d'euros par an et notamment :
 Taxe sur les mutuelles complémentaires santé : 1,1 milliard d'euros.
 Hausse du prix du tabac de 6 % : 600 millions d'euros .
 Hausse du prix des alcools forts : 340 millions en 2012.
 Taxe sur les boissons sucrées, les sodas : 120 millions d'euros en 2012.
 Hausse de la TVA sur les billets d'entrée dans les parcs d'attraction : 90 millions d'euros.

Il prévoit encore un ensemble de mesures de ce type sur l’épargne et immobilier pour 3,9 milliards d'euros environ et notamment :
•Durcissement de la taxation des plus-values sur les résidences secondaires : 2,2 milliards d'euros.
•Relèvement de 12,3 à 13,5 % des prélèvements sociaux sur les revenus du capital, assurance-vie... : 1,3 milliards d'euros en 2012.
•Coup de rabot sur certaines niches fiscales, notamment sur l'investissement immobilier locatif : environ 400 millions d'euros en 2013.

Il prévoit enfin l’augmentation du prélèvement fiscal sur les entreprises à hauteur de 4,1 milliards d'euros environ :
•Changement des règles pour les bénéfices des sociétés: 1,5 milliard d'euros en 2012.
•Réduction des dérogations en matière de CSG pour les banques et assurances : 800 millions d'euros.
•Baisse des exonérations sur les heures supplémentaires : 600 millions d'euros.
•Hausse du forfait social sur l'épargne salariale : 400 millions d'euros.
•Hausse de la quote-part pour frais et charges sur les plus-values long terme de participations : 300 millions d'euros.
•Hausse des quote-parts sur les plus-values de participations : 250 millions d'euros.
•Alignement des cotisations sociales du secteur de l'énergie : 200 millions d'euros.
•Suppression de l'abattement sur les bénéfices en outre-mer : 100 millions d'euros.

Et maintenant que nous avons fixé l’objectif et examiné le détail du plan Fillon, que faut –il en penser ?

Premier commentaire clé : Il faudrait faire environ 90 Mds€ d’économies. F.Fillon nous en propose 12 ! le plan F.Fillon est un (petit) pas, insuffisant, dans la bonne direction !

Deuxième commentaire-clé : ce plan frappe par son caractère hétérogène, d’inventaire à la Prévert. Il a, en fait, une logique politique. S’en tenir uniquement à la suppression des niches fiscales, éviter l’augmentation des impôts qui concernerait le commun des mortels, vous, moi. Fort bien, et à 9 mois d’une élection présidentielle qui s’annonce très difficile, on peut comprendre ce choix.
Fin août, l’Inspection des finances a passé au crible 538 mesures dérogatoires qui équivalent à 104 milliards d’euros. Et le bilan est terrifiant: 261 d’entres elles, représentant 52 milliards d’euros, sont jugées soit inutiles, soit absurdes, soit «économiquement indéfendables.

A l’opposé, certaines niches fiscales sont efficaces comme le taux de TVA réduit à 5,5% pour les travaux du bâtiment permettant l’emploi et le blanchiment du travail dans un secteur où le travail non déclaré était répandu. Mais comme le répète à l’envie mon collègue C.de Courson, l’exercice a ses limites sachant que « dans chaque niche, il y a un gros chien ». ….et la polémique créée par JP.Raffarin sur le taux de TVA des parcs à thème me fait penser que l’adoption de ce plan ne sera pas facile au Parlement lorsque les gros chiens aboieront ensemble.

Il faut bien se rendre à l’évidence : l’approche de la réduction du déficit par la réduction des niches fiscales est nécessaire. Mais elle est complètement insuffisante. Il faudra bien faire participer l’ensemble de la nation (entreprises et ménages) à travers la mobilisation des grands impôts transversaux (TVA, CSG, IRPP). Et il faudra le faire en ayant la double obsession de l’efficacité fiscale et de la justice sociale. Aux riches de contribuer fortement à cet effort national (la taxe proposée est ridiculement basse), aux familles moyennes d’y contribuer raisonnablement, aux familles modestes d’y contribuer…modestement, mais d’y contribuer. Seule, cette approche a une chance de nous redonner un Etat souverain, capable d’agir, d’innover, d’investir ….bref, de résoudre les problèmes qui sont les nôtres. Bien évidemment, avant de mobiliser la nation à son secours, il
faudra qu’il réduise de manière exemplaire ses dépenses et son train de vie.

Oui, décidemment, le plan F.Fillon n’est qu’un (petit) pas, insuffisant, dans la bonne direction

Les réactions

Belle analyse ! et comment on fait ?

Vraiment belle analyse frappée au coin du bon sens!!

Ca ressemble drôlement à celle faite par un candidat de 2007...

Et pour la mise en pratique, on fait comment ?

La partie dure de la Droite défend durement les intérêts privés et ne veut pas augmenter "les recettes de l'état", la partie dure de la Gauche ne veut pas couper dans les dépenses pour préserver les acquis sociaux même ineptes.
Or la Droite comme la Gauche sont otages de leurs extrêmes, ça fait 30 ans que ça dure et on y est presque, dans le mur.

Seul un Centre POLITIQUEMENT INDEPENDANT, soucieux d'efficacité économique et de justice sociale, peut constituer une solution. Alors, construisons-le ensemble, et mettons dans la réalité ce qui découle de votre belle analyse.

Bonne journée,

Question

Pourriez vous expliquer pourquoi les plus riches sont imposés à peu près 20%
de moins que les autres ????

Merci
Cordialement

Réduction des déficits à tous les niveaux

En plus de la réduction des déficits au niveau de l'état, il faudra aussi réduire les déficits aux niveaux des régions francaises et au niveau des villes francaises, d'où mes questions naives.

Quelle est la dette de la ville d'Agen? Quelles sont les mesure prises par la ville pour réduire la dette et les dépenses de la ville?
Quelles sont les mesures prises pour augmenter en parallèle les investissements qui redynamiseront l'économie de la ville (l'agriculture, l'industrie dont la chimie avec BMS UPSA et autres, le service tertiaire de services)?
Merci d'avance pour un retour sur la stratégie économique pour la ville d'Agen.

stop

Vous ne nous parlez pas e 12 Md d'économies, vous nous parlez de 12 Md de dépenses ! Les économies c'est supprimer des dépenses, pas financer des dépenses qui ne l'étaient pas

Réponses

Chers internautes,
Je vous remercie à tous d'avoir pris le temps de me lire et de poster vos commentaires. Effectivement la question des finances publiques avait été mise au centre de la campagne de François Bayrou en 2007, avec le succès que l'on connaît. Aujourd'hui nous sommes dans cette situation où l'ampleur de notre dette met en danger la souveraineté de notre pays et de nos politiques publiques. Cette question sera au coeur de la campagne de 2012 pour tous les candidats. A cette occasion le Centre sera une ligne parallèle à la droite en ce qui concerne une gestion rigoureuse des finances publiques, ce dont la gauche n'est pas championne avec Martine Aubry qui annonce déjà une augmentation du budget de la culture de 30 à 50%! Néanmoins contrairement à l'UMP, nous, les centristes ne sommes pas allergiques à l'impôt et il est vrai que la contribution demandée aux plus hauts revenus dans le plan Fillon reste très largement insuffisante.
Enfin concernant Agen, la ville situe à un endettement moyen qui reste dans la moyenne des villes de cette taille. Les économies passent par la rationalisation des services: l'intercommunalité en fait partie. Par ailleurs, il faut trouver un savant équilibre entre les besoins d'investissement pour dynamiser la ville et une saine gestion du budget municipal. Cela donne lieu à des arbitrages très précis et parfois disputés, même au sein de la majorité.

Amitiés
Jean Dionis

université de l'Alliance

Jean,
J'ai trouver le discour de Morin à la hauteur des défis qui nous attendent l'année prochaine. Oui à la TVA social. Oui à repenser l'école. Oui à la stabilité législative pour les entreprises. Je vous suis pour une ambition pour la France.
Borloo ouvre nous la voie vers une campagne de courage et de vérité, pas de démagogie, pas de promesses irresponsables à la socialiste.

et l'essentiel ?

Rédure les dépenses et rabotter, certes c'est nécessaire, mais on reste très loin du compte.
Le facteur essentiel est que nous ne produisons plus ce que nous consommons ... lorsque nous avons mis nos salariés en compétition avec ceux qui réclament monétairement 10 fois mois, la catastrophe économique et sociale était nscrite au firmament.
La globalisation sans garde fou est une folie. Maurice Allais, notre prix Nobel d'économie, l'a démontré point par point . Les économistes américains ( école Milton Friedman ) expliquent le contraire, sans dire évidemment qu'ils sont stipendiés par les multinationales. De toute façon ils sont maîtres des médias et le public n'est ps prêt d'y voir clair. L'économie doit maintenant se repenser au niveau international avec la question : comment permettre aux pays du Tiers Monde de se développer sans que nos sociétés occidentales, à qui le monde doit tout, ne soient dramatiquement sacrifiées ?
C'est très probablement possible ... mais il fautdrait que l'oligarchie cosmopolit qui fait semblant de tout savoir, se regarde dans une glace et se rende compte qu'elle n'est pas invulnérable.L'effort du chef de l'Etat ne peut plus se faire en profondeur que dans cette direction !!
il se dit régulièrement quue l'énergie du pétrole peut être remplacée à peu de frais. .Ce sujet n'est jamais développé.

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