Cette semaine, je vous propose un double point de vue sur l’évènement qui domine l’actualité : La victoire des rebelles en Libye. Ce point de vue sera d’abord celui de D.Djaïz. Permettez-moi quelques mots pour vous le présenter.
David a 20 ans et il est un des amis les plus proches de mon fils Vincent. Je le connais donc depuis longtemps ….mais il est surtout un représentant de l’excellence agenaise dans la nouvelle génération. David est actuellement à l’Ecole Normale Supérieure après y avoir été reçu comme major. Il travaille sur le dialogue entre les mondes occidentaux et arabes. Parce qu’il est brillant, parce qu’il est jeune, parce qu’il travaille sur ce sujet, l’analyse de David,(lire http://www.jeandionis.com/blog.asp?id=18277) mérite votre attention et….vos remarques. Merci, David
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La Libye mérite notre attention, car la victoire maintenant certaine des rebelles (Tripoli tombée, Syrte, dernier bastion Kadhafiste, dé jà assiégée) va ouvrir un débat légitime en France : Devons-nous, nous Français, nous impliquer dans la reconstruction Libyenne ?
Avant de rentrer dans ce débat, il est quand même permis de se réjouir de la fin d’un régime dictatorial et autoritaire dirigé par un chef d’Etat terroriste : Mouammar Kadhafi. Il est important, si possible, de le capturer pour mettre fin symboliquement au conflit libyen. Ensuite, s’il est capturé vivant, il devra répondre de ses actes devant la justice internationale.
Il n’aura alors que ce qu’il mérite. Car nous devons, à ses victimes, d’avoir de la mémoire:
Il est le commanditaire d’un attentat à Berlin Ouest en 1986 faisant trois morts et 200 blessés
Il a commandité l’attentat de Lockerbye faisant 259 morts en 1988.
Il a commandité l’attentat contre le DC 10 d’UTA faisant 170 morts en 1989.
Et je ne cite là que les actes terroristes perpétués à l’étranger sans parler de la dérive folle et cynique d’un pouvoir qui s’est progressivement abîmé en 42 ans de règne sans partage.
Une fois passée l’approbation quasi unanime de la fin de Kadhafi, les « isolationnistes » vont donner de la voix avec des arguments qu’il nous faut entendre :
• Ce serait maintenant au peuple Libyen de prendre son avenir en mains sous peine de se faire accuser à juste titre de néo-colonialisme
• La France, en difficulté financière, n’a pas les moyens de s’investir lourdement dans cette reconstruction
• La Libye est un puzzle si complexe ethniquement que la France ne peut qu’échouer dans toute tentative de peser sur une réalité si difficile à appréhender.
Il ya bien sûr une part importante de vérité dans ces arguments. Mais il importe de les ramener à leur juste valeur.
L’argument financier d’abord. L’action de la France, ce n’est pas que l’action de l’Etat Français, effectivement en difficulté financière, c’est aussi l’action des grandes entreprises françaises (Total, GDF-Suez, EDF, Bouygues, etc.…) qui ne sont pas spécialement, elles, en difficulté.
La Libye est effectivement une construction politique récente, réunissant trois provinces historiques la Cyrénaïque, la Tripolitaine et le Fezzan et surtout plus de 140 clans et tribus. Ces données relativisent la notion même de peuple libyen et les risques de balkanisation de la Libye sont réels et s’il ya bien un pays qui est prêt à affronter cette complexité libyenne, c’est bien le nôtre avec son histoire et sa culture africaine.
Alors, oui, je crois que la France et la communauté internationale ne doivent pas s’arrêter à la chute de Kadhafi. Il va falloir gagner la paix. Ce ne sera pas facile. Mais même les plus cyniques peuvent comprendre les enjeux de l’après-Kadhafi en Lybie :
• La maîtrise de l’immigration : Nous ne devons ne pas revivre le drame tunisien de Lampedusa et des trains de la honte à Vintimille. C’est au départ en Libye, en Tunisie qu’il nous faut agir pour maîtriser l’immigration en Europe.
• Le pétrole : la Libye produisait 1,6 million de barils par jour avant la guerre civile. Les trois principaux acheteurs sont l’Italie, la France avec Total et la Chine. Silvio Berlusconi a déjà commencé à négocier avec les dirigeants du CNT (Comité national de transition) pour maintenir la primauté historique italienne. C’est un enjeu de taille pour la diversification des approvisionnements français
• .La démocratie : un mal ne doit pas en chasser un autre. La situation en Libye restera longtemps risquée et instable et Il faut être lucide, il pourrait y avoir des tentations islamistes : le gouverneur militaire de Tripoli, Abdelhakim Belhaj, est un ancien membre connu d’Al Qaeda.
• Les avoirs libyens : plus de 100 milliards d’euros ont été gelés par les occidentaux durant le conflit. Cet argent doit servir à la reconstruction du pays et bénéficier au peuple libyen qui s’est battu pour sa liberté.
La facilité, c’est clairement le repli et le désengagement spontanément populaires dans l’opinion publique. Mais l’histoire enseigne que ce n’est en rien une garantie d’être à l’abri des drames que vivrait la Libye. La Méditerranée est plus que jamais « Mare nostrum », pour reprendre la belle expression des romains.
A nous d’inventer une présence du 21 ième siècle, active mais profondément respectueuse de la démocratie Libyenne, qui forcément tâtonnera. A nous de l’aider à construire un Etat respectable. C’est ce que nous devons souhaiter aux Libyens ; c’est aussi ce que nous devons nous souhaiter, à nous, voisins de cette nouvelle Libye.
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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire
OUI !!!
Mais Monsieur DIONIS , il faut se poser la question de savoir comment et avec quoi on nettoie et on éradique toutes formes de dictatures sur cette planète . La Syrie avec son dictateur et l'Afganistan avec ses poches rebelles , fanatiques , quelles sont à ce jour les stratèges capables de nettoyer ces 2 contrées ?. La Lybie est un désert c'était donc "facile" pour l'OTAN, l'Afganistan est géologiquement et géographiquement imprenable .Pour preuve , tous ces militaires et civils tués pour pour un résultat 0 .Bon , on dit on se retire progressivement de telle sorte qu'un gouvernement Afgan devra à terme prendre en charge et instituer une démocratie légitime . Ensuite , reste le problème de tous les affamés et celles et ceux qui ne le seront plus jamais puisque décédés dans des souffrances atroces .Mais pour Total , bouygues etc ...etc , il n'y a pas dans ces contrées d'argent à prendre.Quelle différence donc entre aujourd'hui et les horreurs commises par les nazis , SS , si ce n'est que maintenant tout est instillé à différents peuples à dose homéopathiques ?. Voilà c'est mon coup de Gu..le . Excusez ma réthorique , mais j'ai une formation technique et je reconnais il est vrai que la littérature et moi ne faisons pas bon ménage .Je vous remercie d'avoir écrit cette chronique , laquelle a suscité toute mon attention et m'a fait réagir. A bientôt et allez AGEN et Monsieur Dionis !!!!!.
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Bonjour.
Je ne sais pas pourquoi, je reçois la lettre mail de Michel Collon, comme je reçois la vôtre. La vôtre, je sais pourquoi je la reçois. Dans les deux cas, je n'ai pas le temps de vous lire, mais j'y regarde un peu.
D'après Michel Collon, la révolution lybienne est tout autre chose que ce que raconte la grande presse. Pas sûr que les massacres attribués aux khadafistes soient de leur fait... etc... Anne Roumanov clame "on ne nous dit pas tout". Les grands médias nous mentent.
Salutations.