Redonner des couleurs à la démocratie municipale : Vivent les conseils de quartier !

J’ai échangé avec vous dans les colonnes de ce blog sur les difficultés de la démocratie représentative (Voir mes dernières chroniques « lettre ouverte d’un élu à tous ceux qui pensent que nous sommes tous pourris » http://www.jeandionis.com/blog.asp?id=18934 et «de l’affaire Cahuzac au Roi Lear : Réflexions sur le pouvoir» http://www.jeandionis.com/blog.asp?id=18951 ).

Il est habituel de nuancer ce propos par l’affirmation que l’image des maires n’est pas atteinte par ce discrédit général de la classe politique. Et bien, c’est fini… Les dernières enquêtes d’opinion montrent le contraire. La crédibilité des maires est, elle aussi, touchée.

Une enquête, faite en 2011, du centre d’études de la vie politique française sur la confiance accordée par les Français à la Classe politique montrait au contraire que : « Même les élus locaux, qui pouvaient se targuer d'une image positive auprès des Français, sont entrainés dans cette défiance collective. Par rapport au précédent baromètre, les maires perdent 13 points, même s'ils restent les élus en qui les Français ont le plus confiance » En effet seuls 52% des Français disent avoir une opinion favorable de leur maire (- 13%)……

Quelles sont les causes de cette érosion de la confiance de nos concitoyens dans leurs maires ? Elles sont nombreuses et les maires payent très certainement de manière injuste ce qui se passe au niveau national. Mais j’aimerai échanger avec vous sur deux causes propres aux difficultés rencontrées par les Maires. Les maires avaient l’habitude d’être plébiscités par leurs concitoyens pour leur accessibilité, leur capacité d’écoute et leur réactivité pour améliorer la vie quotidienne de leurs concitoyens…..Ce sont sur ces exigences que s’est dégradée l’image des Maires…..et ce n’est pas étonnant.

Le corps social a profondément changé. La population de nos villes est plus mobile et plus hétérogène qu’auparavant. Les maires la connaissent moins bien qu’auparavant. ….et pendant ce temps, les mairies et les intercommunalités n’ont pas cessé de voir croître leurs responsabilités d’aménageur. Conséquence mécanique : les élus, scotchés sur leurs grands projets municipaux et intercommunaux, ou tout simplement par la charge de leur délégation (sports, social, scolaire, etc..) désertent le terrain, le domaine public, la rue et ses mille et un problèmes : sécurité, circulation, stationnement, propreté, éclairage public, eaux pluviales, eaux usées, fleurissement, etc.….Or les habitants, les électeurs les attendent d’abord là avant d’avoir des exigences plus complexes (emploi, développement économique, culture, etc.….). Que faire pour réduire ce divorce grandissant entre élus municipaux et citoyens sur la façon dont est tenu le terrain ?

La réponse apportée par la municipalité agenaise à cette question centrale pour refonder la démocratie locale est intéressante. Nous sommes partis de la conviction qu’il n’y avait pas de stratégie globale de réussite urbaine qui ne comporte pas trois dimensions : Une dimension d’agglomération (et cela nous a conduit à mener et à réussir notre projet d’unité Agenaise sur les 29 communes de notre bassin de vie), Une dimension Municipale avec le retour de projets forts pour améliorer l’attractivité du centre Ville (le Boul’ Piéton, la Gare, Le quartier des cinémas…), ….et enfin une dimension « Terrain » avec une projet radicalement innovant de réactivation des quartiers historiques de la ville d’Agen.

Le projet « quartiers » de la Ville d’Agen est pensé à l’Automne 2007. Il se nourrit des limites et de l’échec de la tentative de la municipalité précédente (Quartiers trop grands, pas de légitimité des conseils de quartiers, pas de mobilisation municipale pour faire vivre les quartiers…) Il se nourrit surtout du diagnostic posé ci-dessus : une majorité municipale de 30 membres (dans le cas de la Ville d'Agen), dont 20 courent toute la journée après leurs projets et responsabilités intercommunales et communales et 10 sont sans affectation précise ne peut s’occuper correctement du terrain, de la vie quotidienne même avec l’aide d’une administration municipale compétente mais qui gère avec une vision strictement patrimoniale (remplacement des équipements défectueux, etc.…). Il nous fallait absolument innover en matière de gouvernance municipale….

Et ce fut notre aventure « quartiers » dont nous fîmes notre engagement électoral n°1 en mars 2008 : « Nous définirons une vingtaine de quartiers-villages. Nous faciliterons la création d’associations de quartier légitimes. Avec elles, nous élaborerons chaque année un contrat de quartier définissant l’action municipale pour la durée du mandat. Ce contrat sera actualisé chaque année et sa mise en oeuvre évaluée annuellement. »

Tout était dit….et le plus formidable, c’est que nous l’avons fait et que ça marche….
Après de passionnants et d’interminables débats, Agen se dotait de 23 quartiers villages – en moyenne de 1500 habitants – qui reprenaient les limites de nos bureaux de vote. 1500 habitants, c’est effectivement la taille d’un gros village dans le Sud-Ouest, la bonne taille pour se connaitre, se rendre service si on a envie.. …..Reprendre les limites des bureaux de vote nous a permis de prendre une décision audacieuse, un peu folle pensaient certains : faire élire les conseillers de quartier au suffrage universel de habitants du quartier…..Le 15 mars 2009, Agen organisait une première en France avec cette élection des conseillers de quartier et près d’un Agenais sur 4 (23,4%) y participait dotant chaque quartier d’un conseil de quartier légitime de 9 personnes dirigé par un Président (ou une présidente) élu(e) par ses pairs. Enfin, le 12 Avril 2010, la signature de 23 contrats entre les conseils de quartier et la ville d’Agen était officialisée avec une dotation de 500 000 € sur la période 2010-2014 identique pour chaque quartier et une évaluation annuelle des contrats.

Hier, Samedi 27 Avril, nous avons signé la 3 ième réactualisation de ces contrats de quartiers cogérés par les Conseils de quartiers et la Ville d’Agen….l’occasion nous était ainsi donnée de commencer à évaluer la nouvelle gouvernance municipale ainsi créée. Premier constat : Elle marche, …95% des actions prévues dans ces 3 ans ont été réalisées. Deuxième constat : elle a fait générer une génération de projets radicalement différents de celle qu’aurait produit la gestion par l’administration municipale (plus d’espaces verts, par exemple, moins de renouvellement de voirie, etc…) troisième constat : les 207 conseillères et conseillers de quartiers se sont dans l’ensemble passionnés pour leur mandat de terrain, nous ont apporté toute leur connaissance très fine de celuiè-ci….et nous ont donné en surcroit une animation de leur quartier que nous n’avions jamais imaginé, même dans nos rêves les plus fous (expositions de peinture, soirée poésie, repas et bals de quartier, …..). Il sont pour nous devenus des membres indispensables et à part entière de l’équipe municipale d’Agen.

Alors, quartiers, remède miracle pour redonner des couleurs à la démocratie municipale ? Non, notre évaluation montre aussi bien des lacunes de notre initiative : pas de participation des jeunes, démarche plus compliquée dans les quartiers sensibles, usure sur la durée d’un mandat…..

Mais la direction est bonne, indiscutablement. Allez faire un tour sur l’espace «quartiers » de la Ville d’Agen ( http://www.agen.fr/actualite-des-conseils), contactez-nous et venez en discuter avec nous…..Ensemble, avec les beaux outils du 21 ième siècle, et notamment ces fameuses nouvelles technologies, nous allons « rabibocher» élus et citoyens !!

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