Monsieur le Premier Ministre,
Agen est une agglomération du Sud-Ouest de la France qui s’approche des 100 000 habitants et qui est fier d’avoir comme premier employeur privé, les laboratoires BMS-UPSA. Ceux-ci font, en effet, travailler 1400 personnes de notre agglomération.
Premier employeur privé du Lot-et-Garonne, 2ième d’Aquitaine , BMS-UPSA est une entreprise prospère, spécialisée dans la fabrication de médicaments à base de Paracétamol (Efferalgan, Dafalgan,…) qui a investi 230 millions € pendant les dix dernières années sur son outil industriel, un des plus automatisés et productifs d’Europe. Ces investissements ont permis un doublement de sa capacité de production et de ses emplois, notamment à Agen.
Or Agen est inquiet. Alors que nous n’avons aucune culture de manifestation, plus de 2000 d’entre nous ont manifesté, Samedi à Agen, leur incompréhension totale que leur emploi puisse être menacé par une des décisions du gouvernement que vous dirigez.
Car, il s’agit bien de cela. Le 6 décembre 2013, BMS a reçu une lettre de l’ANSM – agence Nationale de sécurité du Médicament - informant de l’intention de l’Agence de créer un groupe générique sans référence pour le paracétamol et donnant au Groupe jusqu’au 6 février pour présenter ses observations réglementaires sur cette décision.
Or cette éventuelle décision comporte des conséquences industrielles et économiques qui dépassent largement la nature administrative des observations demandées.
Si vous – car en final, c’est vous, Monsieur le Premier Ministre, qui allez arbitrer entre vos ministres des Affaires sociales et du redressement productif – décidez de mettre en œuvre cette décision, l’enchaînement mécanique des conséquences est connu.
Aujourd’hui, la situation actuelle de régulation du paracétamol se traduit par deux éléments :
- les remises pour les pharmaciens sont plafonnées pour tous les acteurs à 2,5%.
- la substitution par le pharmacien de la marque prescrite par le médecin n’est pas permise.
Demain, votre décision entraînera :
1 - Le droit de substitution acquis par les pharmaciens qui, intéressés financièrement par un système de remises administratives très efficaces, choisiront les génériques les moins chers. Il en résultera une baisse massive des volumes de vente des médicaments BMS-UPSA en France
2. Une baisse significative des prix nets perçus par les fabricants (prix de vente après déduction des remises consenties aux pharmaciens) et donc BMS-UPSA. C’est d’ailleurs l’objectif même de ce projet de décision : Faire faire des économies à la Sécurité Sociale puisque le prix net perçu par les fabricants est l’assiette sur laquelle se fait le remboursement (65% du prix net Fabricant) lorsque le médicament est acheté sur prescription médicale (80 % des ventes actuelles)
Ces deux conséquences mécaniques de votre décision déstabiliseraient gravement la production des médicaments à base de paracétamol sur le sol français (à Agen, mais aussi à Lisieux pour le Doliprane).
Si le marché du paracétamol en France devait être modifié tel qu’annoncé à ce jour, la production pour la France pourrait s’avérer financièrement injustifiable, avec un risque évident sur l’ensemble des 1400 employés de l’usine d’Agen ; en effet, plus de 550 personnes sont directement liées à la production de paracétamol pour la France et seraient concernées en premier lieu (en plus de 120 emplois au siège de Rueil-Malmaison) ; en outre, en cas de chute des volumes français, l’absorption des coûts industriels sur l’ensemble des autres produits (France et export) augmenterait mécaniquement leurs prix de revient de 30%-80% ; cette augmentation induirait une perte totale de compétitivité à l’export, mettant ainsi à risque l’ensemble de l’usine. Ceci ne prend pas en compte l’impact de la mesure sur les emplois indirects, notamment de sous-traitants (à ce jour, 3 600 emplois induits sont liés à l’usine d’Agen), et ne concerne évidemment que BMS et Agen.
Monsieur le Premier Ministre, avant le 6 Février, vous allez devoir choisir :
- Entre l’emploi de milliers de travailleurs français à Agen, à Lisieux, à Rueil-Malmaison..
- Et une économie de quelques dizaines de millions d’euros (40 ?) pour la Sécurité sociale.
La diminution des déficits de la Sécurité Sociale est un objectif national majeur. Mais, il doit rester à sa place : derrière l’emploi.
Monsieur le Premier Ministre, l’arbitrage, que vous avez à rendre, n’est pas nouveau. Tous vos prédécesseurs depuis plus de 15 ans ont arbitré en faveur de l’emploi.
Parlementaire pendant 10 ans, j’ai notamment participé à convaincre P.Douste-Blazy, alors Ministre de la Santé en 2002-2003, d’une double ligne de conduite :
- D’abord promouvoir l’industrie pharmaceutique Française et ses emplois en refusant d’ouvrir la porte à des génériques du paracétamol fabriqués à l’étranger sans contrôle de bon niveau de cette fabrication.
- Ensuite, obtenir des fabricants français qu’ils partagent les gains de productivité industrielle qu’ils réalisent entre l’entreprise et la Sécurité Sociale, participant ainsi à l’objectif national de baisse du déficit de la Sécurité Sociale. BMS en a toujours accepté le principe et encore récemment, BMS vient d’accepter en 2013 une baisse de 6,7% du prix pour l’année 2014.
Rien ne justifie que vous changiez de ligne politique aujourd’hui alors que le chômage atteint des niveaux « record » dans notre pays et que l’emploi est – à juste titre – l’objectif prioritaire fixé par le Président de la République à la politique gouvernementale.
Sur certains dossiers économiques, le gouvernement n’a pas tous les leviers d’action en main. Pas sur celui-ci. Vous avez tous les leviers en main. Vous déciderez seul après avoir probablement reçu logiquement des avis contraires de vos ministres des affaires sociales et du redressement productif.
A Agen, nous attendons avec inquiétude votre décision, car nous connaissons la puissance des groupes de pression qui plaideront contre l’emploi Français.
Mais, nous avons confiance en vous. Car, nous prenons au sérieux le discours gouvernemental sur l’emploi. Ne nous trahissez pas !
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de notre haute considération.
Jean Dionis du Séjour,
Maire d’Agen
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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire
UPSA-BMS
Avis de décès U.P.S.A. -B.M.S
Jeune ouvrier à l’Electromontage j’ai participé à l’éclosion , la montée en puissance de U.P.S.A. rue de la manutention à Agen sous la haute direction du maestro le docteur monsieur Camille BRU, bâtisseur de ce q’est devenu ce magnifique site de production entre Guyenne et gascogne. A cette époque on parlait Normo-Gastril, Hépax.
La disparition des effervescents entraînerait dans son sillage du chômage, puis dans la continuité la fermeture de ce magnifique outil de travail. Qui se cache derrière ces magouillages politicards?
Que l’on nous parle surtout pas perte de la sécurité Sociale, de ce faux social pour nos vieillards et nos malades.
Aujourd’hui nous allons mesurer le poids de la politique envers les entreprises productrices de vie sociale. Depuis quelques années en France, les usines, les outils de production ferment, la pompe à fabriquer le chômage fonctionne à plein rendement, actionnée par des illuminés répartissant les ténèbres sur la France.
Halte à la distribution des « bons cadeaux »
Le site U.P.S.A. - B.M.S respire la forme, rayonne de dynamisme, pourquoi euthanasie la bonne santé.
R.G
le bénéfice réel de la création d'un groupe générique pour le paraphétamol
D'un premier coup d'oeil, je vois que la Sécurité sociale bénéfécierait de 40M€ de charges en moins de frais de médicaments.
Mais quel est le coût pour tous, et en particulier pour la SS, d'un milier de chômeurs de plus ?
C'est la même imbécilité qui a voulu que Madame Bru vende son entreprise pour payer ses droits de succession .
Le trésor public a été heureux de récupérer cet impôt dans son bilan propre, mais quel est le coût de la perte du contrôle national de cette entreprise à l'origine 100% française ( de plus agenaise ).
Je ne pense pas que cette entreprise - là se serait départie de son unité de recherches.