La dernière conférence de presse du Président de la République a confirmé l’inflexion déjà amorcée le 31 Décembre lors de sa présentation des vœux aux Français. Je n’en avais, alors, pas pensé beaucoup de bien (lire ma chronique « Pourquoi je n’ai pas digéré les vœux de F.Hollande » http://www.jeandionis.com/blog.asp?id=19118 ) car elle maintenait l’illusion qu’une baisse de la dépense publique pourrait financer - à terme – une baisse des prélèvements obligatoires , ce qui bien sûr n’arrivera jamais…. Mais enfin, notre Président parlait de « faire mieux en dépensant moins ». Un bon vent se levait…..
"Je fixe un nouvel objectif : que d'ici 2017, pour les entreprises et les travailleurs indépendants, ce soit la fin des cotisations familiales, ce qui représente 30 milliards d'euros de charges", a annoncé le chef de l'Etat lors de sa dernière conférence de presse. "C'est la condition pour que les entreprises retrouvent de la marge – non pas pour leur faire plaisir, pour leur faire quelque cadeau."
Pour financer ce tournant radical, le niveau de la dépense publique devra baisser. Le chef de l’Etat a ainsi annoncé des économies d’ampleur : 50 milliards d’euros entre 2015 et 2017.
Pourquoi le cacher ? Ce programme - baisse des charges pesant sur les entreprises financée par une baisse de la dépense publique – c’est le programme des centristes depuis plus d’une décennie. La campagne de F.Bayrou en 2007 s’était notamment faite sur cette ligne politique construite par des gens aussi divers que J.Arthuis, C.de Courson, J.Peyrelevade. J’ai donc écouté le Président de la République avec le bonheur de celui à qui l’Histoire donne enfin raison matiné par une sérieuse dose d’incrédulité ….
Car, pour que mon bonheur soit complet, il reste à répondre à deux petits problèmes :
* Premier « petit » problème : le Président de la république a-t-il été élu sur ce programme-là ?
La réponse est clairement non. Rappelez-vous : les 60 promesses du candidat Hollande ou le discours de lancement de sa campagne au Bourget : l’ennemi, c’est la Finance, les 60 000 enseignants en plus, la retraite à 60 ans pour celles et ceux qui ont travaillé tôt, la taxation à 75 % pour ceux dont les revenus annuels dépasser 1 million € etc, etc...
Il y a donc clairement rupture du contrat démocratique établi, entre le peuple souverain et son représentant, le Président de la république. Alors, j’entends dire ou je lis à droite comme à gauche, que ce genre de virage sont « monnaie courante » en politique, qu’en 1983, F.Mitterrand avait bien lui aussi pris, avec J.Delors, le fameux virage de l’austérité de 1983. Mais, ceci ne change rien au fond du problème. Nous sommes même là au cœur du discrédit de la classe politique : Sa parole ne vaut rien, car elle n’est jamais respectée….Je vois déjà la ligne de défense du Président de la République : Après les élections municipales et Européennes, il y aura, en accord avec notre constitution, un nouveau gouvernement conduit par un nouveau premier ministre qui prononcera un discours de politique générale intégrant le Pacte de responsabilité et se soumettra à un vote de confiance au Parlement ….Fort bien, c’est sans doute comme cela que les choses vont se passer et les députés socialistes trop contents de ne pas retourner devant les électeurs accorderont leur confiance au nouveau gouvernement sans trop faire d’histoire même si eux aussi n’ont pas été du tout élus sur cette ligne politique. Mais le Président de la République élu directement au suffrage universel du peuple comment retrouve-t-il sa légitimité s’il applique un autre programme, un autre contrat que celui qu’il a défendu lors de son élection ? La réponse est claire, il ne la retrouve qu’en revenant d’une manière ou d’une autre devant le peuple….Ce n’est pas la voie choisie par le Président de la République. Il va payer le prix fort de cette rupture de contrat avec une partie importante de l’électorat de gauche. Je n’ai aucun atome crochu politique avec Jean-Luc Mélenchon. Mais je constate qu’un espace politique s’ouvre à lui : celui du rassemblement des électeurs de gauche qui s’estiment trahis par le virage politique du Président.
Cette affaire est d’autant plus grave que le Président ne peut pas évoquer « la force majeure » d’évènements non prévisibles au jour de son élection en Mai 2012, comme ce fut par exemple la cas pour la crise financière de 2008-2009 sous le mandat de son prédécesseur, N.Sarkozy.
* Deuxième petit problème : le Président est-il crédible ?
Car, une chose est d’annoncer devant des centaines de journalistes un objectif de 50 Mds de réduction de la dépense publique en 3 ans, une autre est d’atteindre cet objectif.
F.Fillon a raison de soutenir à priori la nouvelle ligne politique du Président, sous réserve…que les actes suivent.
Or, baisser la dépense publique n’est pas une partie de plaisir. Ce gouvernement a fait exactement l’inverse pendant les 18 mois où il a été aux affaires : Il a augmenté les impôts –beaucoup (50 Mds)- Il n’a pas baissé la dépense publique – ou à peine (5 Mds).
Ce n’est pas un hasard. « Dans chaque niche de dépense publique ou fiscale, il y a un chien » (Charles de Courson). Ces « chiens » vont aboyer et montrer des dents. La réduction de la dépense publique est donc un combat politique âpre et dur.
Et vous pensez vraiment que notre Président va gagner ce combat avec une majorité parlementaire qui n’a pas été élue pour cela et alors qu’il est dans un état de grande faiblesse politique (moins de 25% de personnes satisfaites de son action ) ?
Franchement, je suis sceptique.
Alors oui, le pari du Président est risqué. Il n’a jamais été aussi seul politiquement (F.Bayrou soutenu par l’UMP à Pau, rupture avec Mélenchon, etc….).
L’attelage gouvernemental n’a jamais été aussi instable. Le virage annoncée est..une épingle à cheveux. Attention, virage dangereux !
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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire
votre message du 20 janvier
Bonjour Jean ,
Que Hollande ait des "difficultés" avec sa majorité est très vraisemblable , mais cela ne doit pas être notre préoccupation ! Notre espoir , bien faible , est qu'il engage la politique annoncée . Naturellement, il faut le soutenir dans cette voie , car elle est la seule à aller dans la bonne direction . Nous savons tous qu'il n'a pas la compétence pour gérer la grave situation économique de notre PAYS mais il est encore là pour un peu plus de 3 ans !!!
Participons à limiter les dégâts de sa mandature et à préparer une alternance de DROITE FORTE , UNIE , qui cesse ses chicanes et mette au vestiaire les EGOS des grands et petits CHEFS .
AU BOULOT pour définir un PROGRAMME CONSISTANT du REDRESSEMENT de notre belle FRANCE très abîmée . BON COURAGE