Florange, à la frontière luxembourgeoise, est bien loin d'Agen et de notre vallée de la Garonne. Et pourtant, je crois qu'il nous faut aller jusqu'au bout du débat dont cette ville a été le sujet, débat devenu national et symbolique.
Fidèles à notre méthode, avant de débattre par ce blog, rappelons, en les résumant les faits.
Florange est située dans la vallée de la Fensch (Lorraine) et fait partie du "pays des trois frontières" des pays voisins à savoir l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg..La commune bénéficie d’une situation exceptionnelle quant à son accessibilité par les autoroutes A30 et l’A31 à ces trois pays!
Les villes les plus importantes qui l’entourent sont Thionville, Metz et Luxembourg dans le sillon mosellan.
L'histoire de Florange, comme celle de la Lorraine, est intimement liée à celle de la sidérurgie présente depuis le XIXième siècle grâce aux mines de fer et au charbon tout proche.Des maîtres de forge (de Wendel, ....) à Arcelor-Mittal, en passant par Usinor, la sidérurgie n'a pas cessé de se moderniser. Cette histoire est d'abord l'histoire d'une véritable prospérité. Dès les années 1950, de grands chantiers de génie civil proposent l’implantation des aciéries, des laminoirs à chaud et à froid et d’une cokerie. Il a fallu faire appel à une nombreuse main d’œuvre extérieure à la région de la Moselle. C’est ainsi que sont venus, de tous les départements de France et de l’étranger, des ouvriers qu’il a fallu loger rapidement.Florange, de petit bourg de 3 000 habitants devient une ville de 14 000 habitants.
Pourtant dès les années 80, le vent tourne et la Lorraine rentre dans une récession dure qui se termine actuellement sous nos yeux. La demande en acier faiblit comme la croissance européenne et les secteurs fortement consommateurs que sont le bâtiment et l'automobile.De plus, l'acier Lorrain est battu en coût de revient par celui de Fos ou de Dunkerque, avec leurs installations sidérurgiques portuaires permettant de travailler avec des minerais de fer et de charbon d'importation moins chers. Pourtant comment rester insensible à la souffrance et à la colère ouvrière qui voient basculer, avec la disparition progressive de la sidérurgie, à la fois leur travail et leur culture?
En effet, les installations sidérurgiques se réduisent comme peau de chagrin au point de ne plus représenter aujourd'hui "que 2700 p dont 634 p aux hauts- fourneaux où se produit l'acier brut". C'est autour de ces 634 emplois que s'est déroulé le dernier bras de fer entre Arcelor-Mittal et le gouvernement Français.
* Mittal annonce fin Septembre que si aucun repreneur n'est trouvé pour les hauts fourneaux, il les fermera fin Novembre
* Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, annonce que l'on ne veut plus de Mittal en France (20 000 emplois en jeu quand même....), propos adoucis ensuite en "méthodes de Mittal en France"
* Arnaud Montebourg élabore ensuite une solution de nationalisation provisoire, reprise par le Président de la République lorsqu'il reçoit à l'Elysée M.Mittal
* Vendredi 30 Novembre dernier, épilogue: pas de nationalisation provisoire, pas de licenciement sec, poursuite de l'activité des hauts fourneaux soumise à des conditions très aléatoires, engagement de Mittal d'investir dans ses autres activités sidérurgiques 180 millions € en 5ans! Baissez le rideau.....
Et maintenant, essayons d'analyser tout cela.
Le gouvernement en élaborant sa solution de nationalisation provisoire a menti trois fois aux métallurgistes d'Arcelor Mittal et aux français :
1er mensonge: la nationalisation est possible! Faux! Elle serait immédiatement disqualifiée comme aide d'Etat par l'Union Européenne qui ne pourrait pas ne pas l'interdire.
2 ième mensonge : Nous avons un repreneur, un sidérurgiste, un industriel, déclarait M.Montebourg. Encore Faux! il est où l'industriel qui aurait accepté, tel le prince charmant, de reprendre définitivement un secteur industriel qui perd de l'argent structurellement?.....Il n'existait pas. Le bluff, le poker menteur, méthodes de gouvernement?
3ième mensonge : La possibilité de nationaliser existe encore, ont affirmé hier encore et en choeur MM.Montebourg et Ayrault. Toujours Faux. La France croule sous les dettes et est sous la surveillance permanente des marchés financiers et on veut nous faire croire que le gouvernement est prêt à envoyer à tous les secteurs en difficulté et aux marchés le signal que la France est prête à s'endetter en nationalisant ces secteurs! Mittal ne l'a pas cru. Il a eu raison. Les ouvriers ont parlé de trahison. Ils ont raison. Avec ce triple mensonge d'Etat, le gouvernement a joué avec leur espérance. C'est méprisable et nous devons le condamner.
Alors quelles sont les leçons nationales de de fiasco ?
A la suite des annonces successives de fermeture des usines d' Arcelor-Mittal et à l'approche de l'élection présidentielle de 2012, la commune est de nombreuses fois citée en exemple de la délocalisation et de la déindustrialisation à l'image de sa voisine Gandrange. Les candidats à la présidentielle s'y succèdent lors de leur campagne. Sarkozy y a sombré en ne tenant pas ses promesses lui non plus et on a vu si dessus ce que sont devenus les engagements d'Hollande en 2012.
La vérité est que la compétition internationale a ses règles et que l'on ne peut pas tricher impunément avec celles-ci. L'acier brut portuaire est moins cher que l'acier Lorrain....Il est donc probable que les hauts fourneaux de Florange ferment prochainement et définitivement.
La vérité est que la nationalisation de secteurs déficitaires est strictement impossible dans l'Europe de 2012, même si j'estime que les règles européennes d'aide d'Etat devront être modifiées pour pouvoir notamment baisser les charges sur le coût du travail.
Il nous faut donc impérativement travailler dans ce cadre dur, âpre :Celui de la compétition internationale, celui de la construction Européenne et de ses règles et traités.....Désespérant? Non, Dur ? Oui. Mais les Français, vieux peuple qui en a vu d'autres, peut affronter la dureté des temps. Mais on lui doit la vérité. En manquant à ce devoir sacré de vérité, le gouvernement doit se préparer à affronter dans les mois qui viennent la colère populaire, le jour où s'arrêteront les hauts-Fourneaux de Florange, comme c'est malheureusement probabble. Sur ce dossier, il l'aura mérité!
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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire
Trés bonne analyse
Bonne analyse c'est la vérité à dire au francais et à ces malheureux métallurgistes, c'est la que le Nouveau Centre au sein de l'UDI peux agir, comme celui de la construction européenne avec des règles et oui il ne faut pas mentir aux français, faire front à ces moments difficiles et seul l'unité des français et une Europe forte permettra de franchir ce cap.
@+
Bruno
Dommage
Vous avez habitué à mieux comme qualité de réflexion.
Que la nationalisation dans la sidérurgie soit une bêtise, je ne suis pas expert, mais beaucoup d'éléments le laisse penser.
D'ailleurs pour citer le figaro (comme ne pas critiquer d'amitié avec le gouvernement)
Le premier ministre a indiqué qu'une telle démarche pouvait se justifier «dans des circonstances historiques particulières ou pour sauvegarder les intérêts de la Nation» - faisant notamment référence à la nationalisation de Renault après guerre. Il a en revanche reconnu que ce n'est «pas efficace pour une entreprise en panne de débouchés ou en manque de compétitivité». Pour cela, il y a le pacte de compétitivité, a-t-il en substance rappelé. Ce faisant, Jean-Marc Ayrault prépare aussi la suite: pas question de ressortir le principe de la nationalisation à chaque fois qu'une entreprise se trouvera dans une situation périlleuse.
Que le repreneur n'existait pas, son nom vient d'être publier....
D'ailleurs je ne vous ai pas vu monter au créneau au moment de Gandranges (il faut attendre maintenant pour que vous en parliez) et on attend toujours le repreneur pour petroplus...
C'est sûr, vous opposez de manière quasi-systématique au PS, mais les mêmes idées par N. Sarkozy ne vous posaient pas de problèmes....
Nationalisation impossible. Alstom prouve le contraire.
Nationalisation négative pour les finances publiques. Alstom prouve encore le contraire.
Pour le surcout d'un site comme Floranges, actuellement très certainement, mais avec la prise en compte de l'écologie, cela pourrait changer.
Je suis extrêmement critique sur le gouvernement actuel et plus particulièrement sur A. Montebourg.
Cela n'interdit pas de construire une argumentation de qualité.
«Florange : Le grand mensonge»
Vous venez de décrire parfaitement la situation de l'acier en France. Cette vérité est cruelle, mais elle est la situation d'aujourd'hui celle de 2012. Je crois que le gouvernement ne respecte pas suffisamment les spécificités des entreprises. Et surtout manque de compétence dans ce domaine (entre autres), comment en quelques jours l'on peut décider de l'avenir d'une industrie qui n'est plus compétitive. Voyez plus près de nous à Fumel, la SMMP (Société Minière Métallurgique du Périgord) employée 3500 personnes en 1960 et aujourd'hui moins de 500 résistent après de multiples repreneurs. Pour moi le gouvernement est inquiétant pour les futur investisseurs, car avec l'exemple de Florange je ne pense pas qu'elles souhaitent s'implanter dans notre pays. Le gouvernement démontre un fois de plus ne pas être à la hauteur pour gérer les enjeux de notre pays.
Montebourg : sortez le clown.
Trés bonne analyse.
Les français ont voulu le changement, ils l'ont eu et ils vont découvrir de semaine en semaine qu'ils ont donné le pouvoir a des sortes de rigolos, de ces amateurs approximatifs qui se font laminer quand ils jouent dans un bac à sable avec des costauds.
Quand les caisses étaient renflouées (1981), se payer un numéro de cirque pour quelques temps n'était pas dramatique pour le pays.
Aujourd'hui c'est différent: les rodomontades nous font perdre un temps précieux et nous rapprochent d'une zone dangereuse où le manque de sérieux du pays finira pas être repéré de loin.
Et tout ceux qui nous observent et qui ont les idées un peu claires sur la direction à prendre voient bien où tout pourait bien mener le pays.
Pour ma part je trouve assez consternant d'avoir pris comme ministre de l'industrie ("redressement productif" c'est une phrasologie qui déjà donne le ton) un avocat pourfendeur de l'économie de marché.
Nous regorgeons de personnes qui ont la formation et les compétences pour parler de l'industrie en connaissance de causes. Nous avons des chefs d'entreprise et des ingénieurs de gros calibre pour faire les choix nationaux en la matière et impulser une dynamique qui fait tant défaut.
Non Mr Hollande va choisir une personne qui n'entend rien à tout çà.
Vous vous révoltez du mensonge comme méthode de gouvernement et vous avez entièrement raison.
Mais tout le monde n'a pas les couilles de Churchill pour promettre au pays le remède de cheval qu'il lui faut.
De plus soyent indulgents en rappellant qu'il y a quelque chose d'assez déformant dans la formation des avocats pour peu qu'ils aient le goût de la mise en scène comme semble l'avoir beaucoup trop Mr Montebourg : le fait de croire que les boniments et les salades utilisés dans les plédoieries ne sortiront pas de la salle d'audience.
Mais quand on est Ministre, la salle d'audience - malheureusement pour nous-c'est la planète toute entière.
Quand va sortir le clown ?
Mais bon une partie des Français ont joué au poker et découvrent maintenant le programme.
Je fais partie de ceux qui avaient lu le programme avant et du coup n'avaient pas acheté le ticket...
Mais le ticket est payé alors autant en avoir pour leur argent. Ils ne vont pas être décus.
Laissons Mr Montebourg finir son numéro.
En espérant que le spectacle ne dure pas 5 ans.
Ca ferait long !
JP Chabaud
la désillusion continue
Je dirais tout simplement que nous sommes dans la continuité du doux rêve que nous as monté la Gauche avec milles promesses qui ne se tiendront jamais à cause de caisses vides,d'impératifs économiques,de réformes qui trainent qu'elles soient structurelles comme conjoncturelles car oui il faut le dire la France est sur la corde raide,un pas de trop et c'est le grand vide.
Je pense à ces salariés qui finalement se sentent trahis et qui n'auront qu'une solution aller au Pôle emploi du coin et qui une fois de plus comme tant d'autres iront gonflés des chiffres du chômage toujours en hausse depuis 18 mois consécutifs.
Nous le voyons aussi pour l'automobile avec l'annonce de la fermeture d'Aulnay et je me dis qu'un jour viendra aussi une crise dans l'aéronautique et malgré que pour l'instant nous soyons champion avec Airbus on peut se demander si une ville comme Toulouse ne subira t-elle pas ce que traverse Florange avec l'acier pour en venir au Sud-Ouest.
yYhyooDzJcUpgl
MALLET dit :C'est une preuve supple9mentaire du mqnuae de courage de certains socialistes.Montebourg ne peut raisonnablement tenir ses promesses donc courage, Fuyons! pour ne pas e0 avoir affronter la cole8re populaire.C'est la meame chose quend les jocrisse du de9partement du Nord pousse e0 la mise8re un agent cumulant 10 ans d'expe9rience sans proble8mes et bien note9 en le re9voquant car il a de9nonce9 le management sectaire du directeur juridique.Le tout sur un coup monte9 sans preuves mate9rielles et pour des faits futiles (tracts satiriques) mis e0 charge me9ritant au pis quelques jours de suspension.Bien sfbr, e9trangement, le juge administratif suit.Pendant ce temps, dans la fonction publique territoriale, des agents experts des marche9s truque9s prospe8rent et s'enrichissent.Voile0 la triste re9alite9.