C’est de notoriété publique : je ne suis pas toujours d’accord avec le Président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde disons-le avec une modération toute centriste.
Mais lorsque celui-ci a qualifié de « blague », le plan Banlieues de Manuel Valls, j’ai tout de suite senti qu’il avait trouvé la bonne expression pour dénoncer la supercherie socialiste dans ce domaine sensible.
Lisez ce qu’en disent, dans un entretien croisé exceptionnel, dans notre lettre du Nouveau centre de cette semaine, deux des nôtres, en première ligne pour évaluer la pertinence des annonces du Premier Ministre : Maurice Leroy, ancien ministre de la Ville et Brigitte Fouré, Maire d’Amiens, ville importante, avec des banlieues difficiles.
Je me permets de compléter leurs témoignages par mon expérience quotidienne de Maire d’Agen, ville préfecture elle aussi confrontée à cette question des banlieues.
J’ai connu la Politique de la Ville correctement dotée lors des choix budgétaires de la Nation. Développement Social des quartiers ou Contrats de Ville..., il y a toujours eu des financements à la hauteur de la priorité nationale que représente le développement harmonieux de nos banlieues.
C’est fini.
Les financements proposés sont juste dérisoires. Un exemple ? Pour l’ensemble du Lot-et Garonne (330 000 habitants, 7 quartiers en contrat de Ville)…..à peine 200 000 € pour 5 ans et pour l’ensemble du département…..Dérisoires, comme je vous l’avais dit.
Le plan Valls, pour l’essentiel :
- c’est d’abord un long catalogue de mesures qui vont du service civique à l’affirmation de la laïcité dans les services publics, du renforcement de la maîtrise de la langue française en maternelle et primaire à la diversification de l’accès à la fonction publique, de la création d’un label de « grande école du numérique » au lancement d’une Agence de développement économique des territoires ou au prolongement du dispositif des zones de sécurité prioritaires (ZSP), constamment annoncées et jamais suivies de beaucoup d’effet tout simplement par ce que les crédits ne suivent pas
- c’est, ensuite, quelques mesures gadget en matière de sécurité comme les caméras-piéton pour les policiers. Elles n’apporteront rien de décisif.
- c’est enfin le durcissement de la SRU avec une recentralisation de la construction des logements sociaux manquants dans les communes en retard, avec des pouvoirs redonnés au Préfet en matière d’urbanisme pour produire des projets nouveaux et en matière d’affectation de ces logements .
Disons le tout net. Cette recentralisation est vouée à l’échec. A Agen comme ailleurs, pour les 6 communes en retard par rapport à la loi SRU, la mauvaise volonté des élus, si elle peut exister, est un facteur secondaire de ce retard. L’essentiel de ce retard est du à des questions très complexes de disponibilité et de coût du foncier. Préfet ou pas préfet, les réalités immobilières sont là.
Même en temps de vaches maigres budgétaires, il y a de la place pour un vraie politique publique des banlieues en mobilisant de manière préférentielle et adaptée les crédits de droit commun de l’Etat dans quatre directions prioritaires :
- l’Ecole
- la Santé
- la Sécurité
- et l’emploi.
Ecoutez ce que vous disent Maurice et Brigitte de ce qu’i l faudra faire à partir de 2017, si les Français nous font confiance..., et vous aurez là la différence entre une mauvaise blague…et une belle histoire à construire ensemble.