2 ans après la victoire de F.Hollande, les élections municipales – les élections au taux de participation le plus élevé à l’exception des présidentielles – étaient clairement un test de valeur nationale pour F.Hollande, malgré les réserves méthodologiques qu’il convient de faire : scrutin local et émietté en 36000 scrutins différents, élections intermédiaires toujours difficiles pour le pouvoir en place, etc…
Le résultat est sans appel. Ces élections ont été une déroute historique pour le PS. Plutôt que d’égrener fastidieusement les villes perdues par le PS, le décompte froid des villes de plus de 9000 habitants perdues par la gauche contre celles qu’elle a gagnées clôt brutalement le débat. 155 à 4 ! C’est beaucoup plus sévère qu’un All Blacks (Nouvelle Zélande) contre…le Portugal. C’est donc un désaveu violent adressé par les Français à F.Hollande ! La répartition – sur l’ensemble du territoire national – de ces nouveaux élus quelques soient les spécificités locales montre bien la portée politique nationale de ce scrutin. Le Président de la République ne s’y est pas trompé. Il a eu la bonne réaction en mettant en œuvre en trois jours le remaniement ministériel qui a fait de Manuel Valls, notre nouveau premier Ministre.
Dans la foulée de ces municipales, il est utile de s’inscrire dans le temps et de tirer les leçons politiques majeures de ces résultats électoraux et ceci à la double lumière des chiffres nationaux et de mon terrain Agenais.
1 ère leçon : l’abstention continue de progresser ( au 1 er tour 33, 5 % en 2008, 35% en 2014, …presque 40 % à Agen !) – Les municipales ne sont plus l’exception démocratique qu’elles étaient au début de la Vème république avec 25 % seulement d’abstention en 1959 ! Les maires, eux aussi, sont pris dans le mouvement général de discrédit et de méfiance vis-à-vis de l’action politique.
2ième leçon : Le Parti Socialiste connait une déroute historique. On peut rappeler ici le 155 à 4 national, mais on peut aussi regarder cela par le prisme d’une ville moyenne, Agen où le PS passe de 43% du vote en 2008 à 21 % en 2014 perdant au passage plus de 55% des voix de 2008. On ne peut avancer que des hypothèses d’explication à cette débâcle :
1- Les élections intermédiaires restent ravageuses pour tout pouvoir en place. Cela reste vrai, à plus forte raison en temps de crise. La crise économique, bien sûr et le chômage qui va avec , amplifient le mécanisme de bouc émissaire sur les candidats du pouvoir en place
2- La rupture du pacte présidentiel a pesé lourd. F.Hollande fait actuellement une politique de l’offre (pacte de compétitivité, baisse de la dépense publique, ….) sur laquelle il n’a pas été élu. Nombreux sont les électeurs de gauche à s’estimer trompés par le changement de ligne politique du Président. Cette fracture ne peut que s’amplifier (Front de gauche bien sûr, Verts, aile gauche du PS)
3- Les réformes sociétales du gouvernement – en premier lieu le mariage homosexuel – ont coûté très cher au Parti Socialiste. Il y avait sans doute un chemin à trouver qui aurait respecté ce symbole fort qu’est le mariage hétérosexuel pour tant de gens en France et aurait permis en même temps une avancée dans la lutte contre les discriminations dont sont victimes les homosexuels. Ce chemin n’a pas été pris en France. La loi Taubira a choqué dans les villages, dans les quartiers populaires….Les bobos ne sont qu’une petite minorité en France, sauf peut-être à Paris. Il est temps de s’en rappeler.
3ième leçon : Le Front National continue son enracinement. Non seulement il remporte une quinzaine de villes. Mais il progresse partout. A Agen, malgré une campagne locale et des candidats très discrets, il fait 16 % au 1 er tour soit près de 7 % de plus par rapport à son dernier score aux municipales en 2001 (9%). Auparavant, les électeurs frontistes ne se manifestaient que pour les élections présidentielles et législatives et votaient différemment pour les élections locales. C’est fini. Ils votent aussi pour le Front National dans ces scrutins. Une fois pour toutes, il faut donc prendre acte de l’émergence avec le Font National d’une troisième force politique pérenne en France. Les problèmes de fond (mondialisation, flux migratoires, insécurité, assistanat, et..) sur lesquels il prospère n’étant pas près de disparaitre, le Front National lui aussi est là pour longtemps. Cela impose à la Droite et au Centre, une ardente obligation d’union. Dans un contexte politique tripartite, (FN, UMP-UDI, Gauche), l’UMP et l’UDi n’ont plus le choix. Nous devons élever notre qualité d’union. Les primaires UMP, UDI – sauf aux européennes, seules élections à la proportionnelle intégrale – sont désormais un luxe que l’on ne peut plus s’offrir. Toute une architecture politique de la droite et du Centre est donc à rebâtir.
4ième leçon : L’UMP et l’UDi sont les vrais vainqueurs de ces élections. Pour les français, la vraie alternative au PS reste encore à ce jour l’alliance UMP-UDI-Modem, malgré la progression du FN et ceci malgré un mois préélectoral calamiteux en termes d’image à cause des différentes affaires ayant secoué l’UMP. La vraie leçon est que les français sont devenus beaucoup plus mobiles qu’auparavant dans leurs votes. Voir à Agen les quartiers populaires donner une majorité absolue à la liste UMP-UDI-Modem est un signe incontestable de cette nouvelle maturité politique des Français. Les appartenances collectives et communautaires, impliquant un positionnement automatique à droite ou à gauche, ont sans doute vécu leurs derniers jours en Mars 2014. Et à titre d’exemple, on peut citer la communauté musulmane de France qui avait voté à plus de 85% pour François Hollande en 2012 et qui a clairement pris ses distances avec lui lors des municipales 2014.
Ceci-dit, l’alliance UMP-UDI-Modem serait bien inspirée de ne pas s’endormir sur ses lauriers municipaux : Régler ses nombreux problèmes internes, faire une campagne européenne pédagogique et proche des gens, se remobiliser immédiatement pour les cantonales et les Régionales qui se tiendront dans à peine un an, préparer les primaires de 2016 pour l’élection présidentielle 2017, elle a du pain sur sa planche victorieuse de Mars 2014. Gare aux vents politiques, ils sont dans notre pays aussi changeants que ceux de la météo.
Finalement passionnantes, ces municipales …..
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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire
Municipale
Pourquoi dans ma ville de Nérac le maire sortant socialiste a t-il gagné ? Alors que le contexte national lui été défavorable. Le soir de sa victoire j'ai été dépité.
Soutien a Macky Axel
je vous rassure vous n' êtes pas le seul a vous poser la question pourquoi ? Les Néracais sont ils plus poète que d'autre peut être, retraité jeune pacifiste, avec beaucoup de personne qui travaille sur Agen,les industrie sont des maisons de semence qui appartiennes a des groupes internationaux qui font que.Alors que Condom, Lavardac,Francescas et Mézin ont tous compris. A plus tard M Macky.
Réponse à axel
A Nerac la politique sociale est tellement élevée que beaucoup ont eu peur de perdre ces aides.