Cette fois, c’est grave.
Le rendez-vous à seize chefs d’Etat européens, ce Dimanche à Bruxelles, devait renouer les fils de l’Union Européenne. Raté. Il n'a fait que confirmer les déchirements profonds de la famille Européenne sur la question migratoire. Malgré l'urgence et les bonnes intentions, il n'y a pas de «solution européenne» en gestation, face à un engrenage politique qui menace la liberté de mouvement et, à terme, l'intégrité de l'Union Européenne.
Dans ce contexte, le conseil Européen des 28 et 29 Juin sera dominé par cette question migratoire et se soldera selon toute vraisemblance par un constat d’échec pour l’élaboration d’une solution complète en matière de gestion des migrants. A court terme, il faut s’attendre à un morcellement des positions et, au mieux, à des accords bilatéraux et trilatéraux sans toujours attendre le reste des 28 États.
Les lignes de fractures sont connues. À l'intérieur de l'espace Schengen, elles portent sur le contrôle des frontières nationales et sur la répartition des demandeurs d'asile. En effet, au cœur du projet Européen, il y a la libre circulation des personnes. Revenir sur ce principe fondateur à cause de la question migratoire, c’est toucher au cœur la construction Européenne.
A bien y réfléchir depuis au moins 2015, cette question migratoire est devenue la question politique n°1 dans la plupart des pays Européens. Si on prend un peu de recul, on s’aperçoit avec netteté que le Brexit Britannique s’est joué sur l’immigration, que l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite en Italie, en Autriche, en Pologne et en Hongrie n’a été rendue possible qu’après des campagnes très agressives sur ce sujet et que là où les souverainistes et l’extrême droite ne sont pas (encore ?) au pouvoir comme en Allemagne ou en France, ils progressent dangereusement élection après élection.
Donc, c’est grave. Donc, on ne joue plus…….
Dans ce débat, je sais où j’habite. Je suis pro-européen depuis toujours. La liberté de circuler dans l’Union Européenne est, pour moi, un progrès fondamental et le passeport de l’union européenne est pour moi une vraie fierté. Le retour au contrôle des frontières nationales serait non seulement une régression majeure, mais une belle escroquerie politique. Je laisse les nationalistes de tout poil aller expliquer sans rire que l’on n’a pas pu ou voulu contrôler l’immigration illégale avec la Méditerranée au milieu, mais que par contre – promis , juré la frontière sera étanche sur les 400 km de frontière pyrénéenne Franco-Espagnole ou les 300 km de frontière Alpine Franco-Italienne……
Par conviction, par raison, je veux dépasser la crise migratoire par plus d’Europe, et non par un retour parfaitement illusoire aux frontières nationales……et d’ailleurs, dans ce domaine, il y a quelques bonnes nouvelles. En effet, après six mois de négociations, le Parlement européen a voté le 6 juillet la création de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes.
Elle reprendra et amplifiera les missions de contrôle aux frontières du dispositif Frontex.
Après douze ans d’existence, Frontex opère sa mue. Le dispositif, qui coordonne depuis 2004 la coopération opérationnelle des États membres sur le contrôle des flux migratoires aux frontières extérieures de l’Union européenne (UE), sera bientôt être remplacé par l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes avec un triplement de ses moyens en personnel et en effectifs…
Je suis en effet de ceux qui pensent que l’afflux de réfugiés doit être maîtrisé aux frontières de l’Europe. Et dans mon propre camp des pro-européens, je mets en garde toutes celles et ceux qui veulent, parfois avec générosité, ouvrir largement, voir totalement les frontières de l’Europe aux immigrés. Je leur demande de faire preuve de responsabilité. Que cela plaise ou non, la société française reste toujours précisément fracturée sur ce sujet. Une enquête Ipsos publiée en juillet 2017 par Le Monde révèle que les crispations envers l'immigration demeurent élevées. 65% des sondés jugent ainsi qu'il "y a trop d'étrangers en France", alors que 35% ne le pensent pas. Nier cet état de l’opinion publique française, c’est faire un déni grave de réalité. Et en démocratie, cela ne pardonne pas.
On peut lutter contre cette réalité, travailler en profondeur pour la faire reculer. Mais la nier, non. Je ne supporte plus les larmes de crocodile de celles et ceux qui se désolent devant la progression des extrêmes et qui, en même temps, par leur prise de position irresponsable créent les conditions de leur succès demain – y compris en France.
Alors, dans ces temps dangereux ou encore une fois, on ne joue plus, qu’est ce j’attends de notre Président de la République au Conseil Européen de jeudi prochain ?
D’abord qu’il tienne bon sur les fondamentaux Européens, et notamment sur la liberté de circuler des personnes à l’intérieur de l’Union.
Ensuite, qu’il obtienne que soit précisée la part de chaque pays Européen dans l’accueil des réfugiés et là, il faudra bien faire la différence entre les demandeurs d’asile que nous avons vocation à accueillir et les réfugiés économiques que nous ne pourrons pas – pour la plupart d’entre eux – accueillir. Pour cela, la mise en place rapide des centres d’accueil des réfugiés coordonnée avec le démarrage de la nouvelle Agence Européenne de garde-frontières et garde-côtes doit être une absolue priorité.
Enfin, puisque nous ne pouvons pas accueillir sur notre sol une partie importante des réfugiés économiques, il faudra avoir l’audace de rouvrir le dossier de l’aide au développement de ces pays chez eux. Nous, Français, consacrons 11 Mds € soit environ 38% de notre Revenu National Brut…..Je sais que cela ne va pas me rendre populaire. Mais, c’est notoirement insuffisant. La cohérence politique dans ce dossier explosif doit nous faire accroitre notre effort jusqu’à autour de 20 Mds €.
J’entends déjà les célèbres : « la Corrèze avant le Zambèze ! », « mes frères avant mes cousins, etc….. » .Une dernière fois, maintenant on ne joue plus……cet enjeu a un potentiel tragique énorme. On l’a dit avec raison, un vent mauvais se lève sur l’Europe ces jours-ci.
A nous d’y répondre, par le souffle fort de la responsabilité et du projet Européen !
En 2015 le RNB était de 2216 milliards...11 mds sont bien loin de faire 38%, heureusement car ce seraiit délirant
Pour stopper les migrants, il faut arrêter de les chasser par les armes, le terrorisme et la famine.
Ci-dessus il manque le facteur le plus important qui consiste à leur permettre de rester chez eux. En effet, il ne résout pas une partie importante du problème qui est la politique agressive des Occidentaux qui utilisent l'Afrique en y installant des dictateurs qui lui en ont donné les ressources, affamant ainsi les populations africaines ; ils ont fait de même avec les pays du Moyen-Orient, conquis sur l'Empire ottoman, pour ensuite installer en Palestine des Européens, quoique juifs, et y créer des guerres et du terrorisme qui n'en finissent plus de tout tuer et tout détruire, en en chassant les vrais propriétaires qui sont aussi forcés d’émigrer vers des cieux plus cléments.
Quoi de plus explicite que la création des guerres du Liban pour y installer les Palestiniens et prouver que les musulmans ne peuvent pas vivre en démocratie avec d'autres religions, pour prouver qu’Israël doit chasser tout ce qui n’est pas juif ; et quoi de plus explicite que tous ces printemps arabes pour se débarrasser de la résistance libanaise surnommée "terroriste", parce qu’elle a combattu et libéré le Liban de votre allié israélien ? Elle est de plus qualifiée encore plus de terroriste parce qu'elle combat les vrais terroristes envoyés par l'Occident en Irak, en Syrie, cet Occident qui utilise les milliards des potentats du Golfe pour promouvoir la plus fanatique des hérésies musulmanes, la wahhabite, à l’origine aussi des Frères musulmans et autres organisations jihadistes enflammant les pays d’Afrique et meme d’Europe ; L’Europe responsable de l'attaque contre la Libye et du renversement et meurtre de son Président, parce que Kadhafi a voulu créer une banque africaine qui libèrerait l’Afrique des banques mondiales à la merci des grands requins comme Soros et Rothschild et des grands groupes (comme Monsanto qui rend les cultivateurs africains, esclaves et affamés) ?
Maintenant, on se plaint que les nouvelles forces, installées en Libye par ce même Occident, ne veulent pas stopper les migrants. Mais réveillez-vous! Après le Liban, l'Afrique et le Moyen-Orient, c'est l'Europe qui est le nouveau but visé par vos alliés israélo-américains et du gouvernement financier global, car l'Europe est la rivale économique jumelle de l’Amérique et que tout ce qui unit dans le continent Eurasie-Afrique doit être détruit, à commencer par le rapprochement avec la Russie, les religions, y compris la juive, les familles... L'Europe est donc planifiée pour le chaos entre ”souchiens” et migrants, comme le Liban qui n'a pas le droit de s'entendre avec la Syrie pour y ramener les deux millions de Syriens, deux fois le million qui fait désespérer madame Merkel, sans oublier les 500.000 Palestiniens que Trump voudrait forcer le Liban à garder dans son grand plan de "solution pour le Moyen-Orient".
Mais réveillez-vous donc et commencez par savoir qui sont vos ennemis, qui sont les terroristes, qui les soutient, dont vos propres alliés, car amis avec les potentats du Golfe qu'ils continuent à armer et même aider à détruire le Yémen "heureux", comme disaient les Arabes, dans un lointain passé. Qu’est-ce qui fait, croyez-vous, cette complicité entre Israël et les deux rivaux wahhabites qui se chamaillent, le Qatar, appui des (Frères musulmans, comme la Turquie) et l’Arabie saoudite et les Emirats, leurs rivaux ennemis ?
Faire des plans pour stopper les migrants à vos frontières terrestres et/ou maritimes en continuant les mêmes politiques précitées, en Eurasie, c’est comme compter, au football, sur le gardien de but pour stopper les tirs de l’équipe adverse, alors qu’elle est aidée par votre propre équipe.
Roger Akl
Bonjour Jean,
Remarquable article dont je partage la plupart de tes points de vue. Sauf pour ce qui concerne le RNB dans le cadre de l'aide au développement des pays en voie de développement. Ces 11 milliards d'€ ne représentent heureusement que 0, 38%!!! Manquait la virgule. C'est vrai que l'on pourrait faire mieux mais au détriment de qui ou de quoi? Amitiés à Toi. Jean-Alain
Je crois qu’il s’agit plutôt de 3,8 % actuellement. Bien cordialement
Très bonne chronique, je partage ton analyse sur l’aide au développement... n’oublions pas que le Président s’est engagé devant la communauté internationale à augmenter l’Aide Publique au Développement à 0,55% du PIB d’ici 2022!
Et n’oublions pas non plus qu’un Pacte mondial pour les migrations est en cours de négociation à l’ONU!