A l’occasion du congrès de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde vient d’en être élu Président pour 3 ans, une très large majorité des adhérents s’étant exprimée en sa faveur (90,4%).
La Fédération du Lot-et-Garonne dont je suis le Président lui transmet donc par ma voix ses félicitations.
Je partage une grande partie du constat de la situation politique française telle que nous l’a présentée Jean-Christophe Lagarde : fin de la construction « UMP 2012 » avec la reconstruction des LR, à droite et sans les Centristes, partage avec le Président de la République des mêmes convictions libérales et pro-européennes, divergences avec celui-ci sur des thèmes allant de la fiscalité locale (taxe d’habitation), en passant par la future réforme constitutionnelle (quel cumul des mandats dans le temps ? quelle dose de proportionnelle ? )…
Mais au final, au sortir de notre congrès, la ligne politique retenue risque de tomber dans la confusion et je crains que ce manque de lisibilité ne la condamne à l’inefficacité.
Soyons clairs, la ligne proposée par Jean-Christophe Lagarde est, pour l’instant, au sortir de ce congrès, une ligne politique du Ni-Ni comme Ni-Wauquiez, Ni- Macron. Mais l’histoire de la Vème République, c’est d’abord celle du positionnement par rapport au Président de la République, seul élu au suffrage universel à l’échelle de la Nation.
De dire, pour justifier ce ni-ni, que nos parlementaires ne doivent leurs sièges parlementaires qu’à eux-mêmes n’est qu’une belle formule qui ne résiste pas à l’analyse. Certes nos députés ont pour la plupart été élus contre le vent de l’élection présidentielle. A ce titre, ils doivent être salués pour leur ancrage personnel. Mais, cela ne doit pas faire oublier que la très grande majorité de nos parlementaires ont été élus dans le cadre de l’alliance LR-UDI.
Etre ni Macron, Président de la République et ni Wauquiez, leader de fait de la principale force d’opposition, c’est se condamner à un très jobertiste « Ailleurs »… souvent synonyme d’insignifiance au pire, au mieux d’inefficacité. Sur la base du trépied, pro-européen, libéral, réformiste, il y avait vraiment, il y a toujours de la place pour un positionnement certes différent d’En Marche, sur les questions territoriales, fiscales, sociales mais clairement au sein de la nouvelle majorité présidentielle.
Choisir de se positionner clairement dans la majorité présidentielle aurait eu un autre avantage majeur : il aurait permis d’être enfin en situation de refaire l’unité des centristes UDI-MODEM et d’effacer la fracture de 2007. Car, s’il y a bien eu un non-dit regrettable au Congrès de l’UDI 2018, c’est bien de refuser le constat qui éclate au grand jour : la parenthèse politique, ayant amené à la fracture des centristes français en 2007 en Modem d’une part et UDI d’autre part, s’est refermée avec l’élection présidentielle de 2017. La preuve ? Plus question pour le Modem de François Bayrou de regarder à gauche, plus question non plus pour l’UDI de Jean-Christophe Lagarde d’une alliance automatique avec LR.
J’ai beau chercher. Pour reprendre l’expression de mon ami le Député Maurice Leroy, Porte-Parole de l’UDI, « je ne vois pas l’épaisseur d’un papier à cigarettes » sur la plupart des questions politiques majeures entre l’UDI et le Modem actuels. »
Les semaines qui vont suivre ce congrès de l’UDI vont être décisives:
- ou bien, l’UDI prend le double risque de la majorité présidentielle et d’un rapprochement avec le Modem, et un élan fort peut naitre de ce congrès. Car il y a sur ces bases idéologiques une attente dans notre pays pour un parti centriste fort, moderne, avec un fonds doctrinal stable, distinct de l’outil présidentiel qu’est En Marche.
- ou bien, pour des raisons de contrôle d’appareil politique irrecevables pour nos concitoyens, l’UDI se condamne à être ailleurs dans « un splendide isolement » où je crains qu’elle ne dépérisse très vite.
En tout cas, en ce qui me concerne, et à mon modeste niveau d’influence personnelle (Région Nouvelle-Aquitaine, Agen, …), je ferai tout ce que je pourrai pour rassembler la famille Centriste.
A chacun nous de créer l’élan dont je parlais ci-dessus.
L’Unité du Centre doit être notre grand chantier partagé.