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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Aquitaine 2020 : l'atout agricole

Publication : 16/03/2006  |  11:29  |  Auteur : Jean Dionis

« Que voulez-vous faire de nous ? » Cette question, lourde d’angoisse, les agriculteurs la posent de manière récurrente à leurs élus. Eh bien ! Engageons avec eux le débat sur le fond. L’occasion est bonne : la loi fait obligation aux Régions d’élaborer leur schéma de développement à l’horizon 2020.

Faisons un rêve : et si, plutôt que de vivre ce travail de prospective comme une corvée, nous en profitions pour trancher quelques unes des questions centrales de notre avenir collectif, au premier rang desquelles l’avenir de notre agriculture. Avec un préalable : sortir du faux débat entre le discours passéiste, teinté de nostalgie mauriacienne, d’une économie fondée sur « le pin, le vin et le bassin » et le discours, faussement moderniste mais vraiment technocratique, hérité des vieux schémas de la DATAR des années 70, d’une stratégie de développement exclusivement industrielle et tertiaire.

Ces deux discours sont aussi convenus qu’illusoires. Conjugués à la perspective de la fin de la PAC en 2013, certes réelle mais allègrement confondue – à tort – avec la fin de toute politique agricole européenne, ils s’accommodent fort bien d’une certaine marginalisation de l’agriculture. Hélas, notre Conseil Régional n’y échappe pas, ses nombreux trous de mémoire et contre-sens dans ce domaine étant là pour le prouver.

Erreur tragique ! L’agriculture peut être une carte maîtresse de l’Aquitaine 2020. Encore faut-il y croire, faire les bons choix et relever les défis qui nous attendent. Ils sont au moins au nombre de trois.

1°) Maitriser le risque commercial.
C’est devenu l’aléa majeur pour nos agriculteurs. Pour y faire face, ils n’ont pas d’autre choix que de s’engager massivement dans la transformation de leurs produits : politique de qualité sanitaire et gustative, traçabilité, regroupement de l’offre, investissements agroalimentaires et commerciaux. Aux pouvoirs publics d’accompagner cette plongée dans l’aval de notre agriculture, à l’image des réussites du pruneau d’Agen et du foie gras. Bref, c’est à une véritable politique de consolidation de notre agriculture et de notre industrie agroalimentaire que la Région doit s’atteler, au lieu de mesures soit essentiellement conjoncturelles (viticulture), soit insuffisantes et tardives (fruits et légumes).

2°) Maîtriser le risque météorologique.
Nous devons impérativement protéger nos récoltes contre les trois grands aléas météorologiques : grêle, gel, sécheresse. Notre climat change. Avons-nous pris conscience, par exemple, des conséquences d’une probable troisième année de sécheresse qui se profile pour l’été 2006, après 2003 et 2005 ? Il s’agit donc de sécuriser d’abord nos productions et ensuite les revenus des agriculteurs. Pas d’agriculture forte sans une véritable révolution dans ce domaine : filets anti-grêle, aspersion anti-gel, économie et constitution de nouvelles réserves en eau, mais aussi engagement majeur dans les dispositifs d’assurance récolte, comme le font les régions espagnoles. Voilà le chemin… le contraire de la misérable réduction (- 500 000 euros) des crédits de l’irrigation décidée par la majorité régionale en 2006 !

3°) S’investir pleinement dans les nouveaux débouchés.
Prenons, là aussi, la mesure de la révolution qui se déroule sous nos yeux. L’agriculture, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, va produire, à grande échelle, autre chose que de l’alimentaire : agrochimie et surtout biocarburants. Il ne s’agit plus d’hypothèses de science-fiction mais de politiques à mettre en œuvre. L’Aquitaine a de formidables atouts dans ce domaine, à condition de ne pas ne pas jouer « petits bras » en se contentant de mesurettes. La bataille des biocarburants mérite une mobilisation générale d’une toute autre ampleur par un soutien aux trois filières (bio-éthanol, diester et huiles végétales pures), à la recherche et aux agriculteurs qui vont faire ce pari.

L’Aquitaine n’est pas une région comme les autres. Au premier rang national, en termes d’exportations et de valeur ajoutée agricoles, elle n’aura jamais d’avenir prospère en considérant son agriculture comme une variable d’ajustement. Il est temps, avec la profession, avec les femmes et les hommes qui la font vivre, de construire des politiques publiques ambitieuses et modernes. Dans le paysage institutionnel qui émerge, il revient à la Région, qui a la responsabilité du développement économique, d’impulser ce mouvement. C’est gentil de dire que nous en sommes loin.

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