Discours de David Djaiz :
Très heureux d’être ici,
Quand Jean Dionis m’a proposé, je n’ai pas hésité longtemps car pour moi c’était il y a dix ans, un beau jour d’été de 2008. Du temps a passé mais j’ai l’impression que c’était hier, je me remets à votre place et je ne minore pas du tout cette année 2008 car c’est là que tout a commencé, une histoire encore en train de s’écrire…
Mais nous sommes ici pour parler de vous, ce qui vous réunit c’est une première réussite dans la vie, attestée par cette mention TB au BAC. Bien sûr, pour vous aussi ce n’est qu’un début, le premier acte d’une réussite républicaine qui est appelée à se prolonger. Vous allez désormais prendre le chemin des études supérieures, certains pour devenir médecin, d’autres pour devenir avocats, d’autres pour devenir enseignants - chercheurs, d’autres pour devenir artistes ou écrivains, d’autres pour devenir homme ou femme d’affaires, d’autres comme moi choisiront de servir l’Etat. Certains se lanceront peut-être en Science Politique. Il y a peut-être le futur Président, le(la) futur(e) Emmanuel(le) MACRON ici.
Votre route ne sera pas un lit de rose car il faudra continuer à travailler dur et vous l’avez été jusqu’à présent, à démontrer votre valeur mais au fond je ne m’inquiète pas beaucoup. Je voudrais plutôt insister sur vos responsabilités car quand on fait partie de l’élite, on a aussi des responsabilités et c’est quand les élites oublient leurs responsabilités que les sociétés se délitent. Rassurez-vous, je vais être bref ! Il y 3 responsabilités.
Tout d’abord, le sens du collectif ou la responsabilité sociale. On a entendu parler récemment de premiers de cordée. On a beaucoup critiqué cette expression au motif qu’elle faisait l’éloge de la société individualiste. Je crois que ceux qui l’ont critiquée n’ont jamais fait d’alpinisme. Quand on gravit une montagne on est encordé, on est tous lié les uns aux autres. Notre sors dépend de celui des autres et inversement. La montagne apprend l’humilité et la responsabilité. On n’agit jamais seul en société. Tous les actes que l’on produit sont un impact sur le collectif. Par conséquent, la responsabilité d’un premier de cordée est immense : il doit faire deux fois plus attention. C’est lui qui détecte les points d’appui. La moindre erreur aura des répercussions sur le groupe. C’est comme le meneur de jeu au football. Regardez cette belle équipe de France que l’on va tous soutenir Dimanche. Vous avez presque leur âge ! C’est l’équipe la plus forte du tournoi. Mais qu’est-ce qui fait leur force ? C’est leur collectif, on préfère faire la passe plutôt que tenter l’exploit. Les défenseurs marquent et les attaquants défendent jusqu’à plus soif : Donc le sens du collectif.
La responsabilité : le souci de l’autre. Ce n’est pas la même chose que l’esprit d’équipe. Celle-ci est plus éthique et interpersonnelle. Vous avez réussi grâce à votre talent et vos mérites mais n’oubliez jamais qu’il y a des gens qui ont eu moins de chance dans la vie que vous. Ne les laissez jamais sur le bord du chemin. Je veux vous le dire : quand la vie nous sourit, quand toutes les portes s’ouvrent très jeune, c’est votre cas, ça été le mien, il peut y avoir la tentation de la griserie, la tentation de penser qu’on est là que grâce à son mérite, son ambition, sa volonté. C’est en partie vrai mais il y a aussi des choses que l’on ne maîtrise pas dans la vie. Ayez par conséquence toujours le souci de l’autre, celui ou celle qui a eu un accident de la vie, qui n’a pas eu toutes les opportunités ou tout simplement celui qui est en situation de fragilité. La réussite uniquement pour soi à quoi ça sert ? Quelle satisfaction on en tire ?
Troisième et dernière responsabilité, la meilleure pour la fin. Vous êtes des bacheliers agenais. Vous allez commencer des études supérieures. Certains restent à Agen pour les deux premières années, mais la plupart partent à Toulouse, à Bordeaux, à Paris ou à l’étranger. Vous allez découvrir des grandes métropoles, puissantes, insérées dans l’économie internationale. Agen risque de vous paraître un peu petite au début. Là encore, je veux vous mettre en garde contre une forme de griserie. On ne devient quelqu’un que parce qu’on a un chez soi, que parce que l’on sait d’où l’on vient. Croyez-moi ! J’ai vécu à Casablanca, Paris, New-York mais ma patrie intérieure ça reste Agen, la Garonne dont Michel Serres a si bien parlé de son arrière-pays qui ressemble à la Toscane, ses vergers, ses fermes hors du temps. Ces images sont en nous et lorsque j’ai un coup de fatigue, je saute dans un TGV.
N’oubliez jamais d’où vous venez, cultivez cela comme une fierté et bien sûr ces villes moyennes sont à la fois la force et l’ombre de la France. Ayez l’audace une fois les études terminées de vous réinstaller. Ayez l’audace de créer des entreprises, de vous y installer comme médecins au service du bien social dont je parlais plus haut. Que deviendrait une ville qui perdrait tous ses talents entre 20 et 40 ans ? Je ne vous embête pas plus, très heureux de voir tous ces beaux succès et cette diversité.
Je vous souhaite de profiter de l’été qui s’annonce en espérant que Dimanche on aura une bonne nouvelle !