Jean DIONIS du SEJOUR, député-maire Nouveau Centre d’Agen et Frédérique DUMAS en charge du secteur Culture et Médias dans la campagne d'Hervé MORIN, se félicitent de la décision de la justice américaine cette nuit de fermer la plateforme de streaming Megaupload.com, qui porte un coup dur à l’activité illégale de streaming et de téléchargement porté à un niveau industriel par Megaupload.com.
C’est un signal fort qui marque la fin de l’impunité pour de nombreux sites internet, établis souvent dans plusieurs pays, et qui déstabilisent par leurs activités dont il faut rappeler le caractère illégal, toute l’industrie de la culture.
Pourtant, alors que notre société se numérise chaque jour davantage, avec une rapidité d’évolution croissante, il faut saisir l’occasion du débat présidentiel pour engager une réflexion sans tabou sur le modèle nouveau de financement de la culture à mettre en place dans cette ère de la culture numérique. Nous ne pourrons faire l’économie d’une mise à plat de la loi Hadopi, de la chronologie des médias et de la qualité d'offre légale en ligne, qui ont toutes été pensées avec des réponses d’un monde ancien aux problématiques d’un monde nouveau.
Le piratage, un acte militant ?
Mr Dionis du Séjour,
Je me permets de vous transmettre un billet de mon blog, en réaction à la fermeture de Megaupload. J'aimerais vous sensibiliser sur le fait que les alternatives légales au téléchargement ne sont pas justes et équitables, et qu'il serait temps que chacun prenne part au débat, et que nos politiciens soient en mesure de comprendre ce qu'il se passe.
Cordialement,
Olivier Paniagua
Animateur Multimédia (ADEM Florida / Agen)
Le début d'année 2012 est marqué par la fin de "Megaupload". Ce service permettait aux utilisateurs de mettre à disposition des autres des fichiers de natures diverses. Car si à la base il était (hypocritement) prédestiné au partage de données "personnelles", Megaupload est devenu le plus gros hébergeur de contenu pirate faisant de l'internaute moyen un délinquant en puissance. Et des délinquants il y en a beaucoup. Des millions !
Ce qui a profondément choqué l'Amérique est le fait qu'un excentrique mégalomaniaque s'est fait beaucoup d'argent sur le dos des artistes et autres producteurs. Compréhensible. Terminé (enfin presque), le bon vieux temps où tata Simone téléchargeait tranquillement ses feux de l'amour sur Megaupload, car Tata Simone, où va-t-elle trouver ses épisodes ?
Sur des plates-formes légales biensûr ! Plates-formes garantes d'une juste rétribution entre auteurs, interprètes, producteurs etc. Prenons un des services emblématiques de la vente dématérialisée, et réfléchissons 5 minutes.
Pour vous, j'ai acheté un film sur Itunes.
J'ai tenté l'expérience avec le dernier Almodovar "La piel que habito". 17 euros ! Aussi cher que le dvd avec une boite, un feuillet, un disque. Qu'est-ce qui justifie une prix aussi prohibitif pour un support dématérialisé ? Les marges hallucinantes des distributeurs ! Et dans le cas présent, c'est Apple (ce ne sont pas les seuls, facebook proposera son service de VOD sur un fonctionnement similaire). Non content de stocker et de faire un peu ce dont ils ont envie de la totalité de vos coordonnées et données personnelles, Apple vous martèle dans les conditions générales d'utilisation, que de toute façon le fichier ne vous appartient pas vraiment. Car d'une part, il est vérouillé (les fameux drm), qu'il vous faudra un périphérique compatible pour pouvoir espérer le lire (ça tombe bien on a des macs, des ipods, ipad et iphone sous le bras), et qu'il est impossible de transférer le film d'un ordinateur à un autre. Ce n'est pas vraiment ce que j'appelle la liberté. Peuvent il faire plus fort ? Oui ! Lisez les petites lignes...lisez, lisez, oui il y en a beaucoup mais ça vaut le coup d'oeil : iTunes ne garantit pas que le service sera à l’abri de pertes, corruption, attaques, virus, dérangements, piratages ou autres atteintes à la sécurité, et iTunes décline toute responsabilité à cet égard. Ah. Mais c'est pas grave, continuons à acheter en croisant les doigts et en espérant que tout se passe bien. Les marges d'apple ? Environ 30% du prix d'achat ! Pas mal ! Vous trouvez ça juste et équitable ? De toute façon gardez en tête que d'une façon générale, Apple gagne plus d'argent en vendant un seul mac que HP qui vend 7 pc ! Méditez les amis, car les consommateurs et les créateurs sont les grands perdants de cette mascarade.
Quant aux séries US, ne vous inquiétez pas ! Le piratage ne nuit pas à la création des grosses séries US que nous aimons tant. Comment gagnent-ils de l'argent pour financer la production d'une série ? Je vous le donne en mille : la publicité. L'avenir d'une série télé se joue le soir même de sa diffusion aux états-unis, car les plages de publicités pour les séries à succès se vendent à des chiffres qui parlent d'eux mêmes, des exemples : Grey’s Anatomy - 240 462 $, Desperate Housewives 228 851 $ ou encore Mon Oncle Charlie - 226 635 $ .
Je précise que c'est par SPOT ! A coup d'une diffusion de 3 épisodes avec en en moyenne 5 coupures pub', on peut estimer pour l'exemple de Grey's anatomy ce sont des millions de dollars par diffusion ! Et il y a une vingtaine d'épisodes...et autant de saisons !Tout le reste, les producteurs l'avouent à demi mot, c'est du bonus. Les ventes de dvd, la V.O.D, les soundtracks, qui ne vont plus dans les poches des acteurs et scénaristes mais directement dans celles des producteurs. Alors est-ce juste et équitable de payer 3 euros pour deux épisodes déjà diffusés à la télévision, que nous finançons à travers la redevance, où d'utiliser itunes et des prix aussi prohibitifs alors qu'ils ne financent même pas le cinéma directement ou indirectement : NON ! Et pour moi ces pratiques commerciales sont presque illégales et peu encadrées à cause d'une méconnaissance du dossier digital par nos politiciens. Il faut se battre contre ça, car faire passer des millions et des millions de personnes pour des délinquants en puissance alors que tant se gavent sur le dos des créateurs et des consommateurs, ce n'est pas normal.
Petite parenthèse.
Saviez-vous que sur un disque dur, une clé usb, un cd vierge nous payons encore une "taxe copie privée", nous permettant de copier à titre personnelle un média ? Elle date de 1985. Deux choses : il est maintenant parfaitement illégal de copier un dvd (car il faut obligatoirement passer outre une protection), près de 80 % de l'argent récolté à travers cette taxe, s'évade dans la nature. Tiens donc. Pirater deviendrait presque un acte militant...