15/05/08 - Discours de Jean Dionis précédant la représentation de "Voltaire - Rousseau", pièce jouée au Cinéma le Carnot à Agen

Mesdames,
Messieurs,
Chers Amis,

Je suis très heureux d’être parmi vous pour cette soirée de première, et très fier d’être le parrain de « Voltaire-Rousseau », nouvelle création de la Troupe Michel Populaire.

Je souhaite tout d’abord remercier très chaleureusement et très sincèrement FREDERIC WALLER.

Merci à nouveau de m’avoir fait découvrir le monde de la culture, du théâtre. Un jour, j’ai vu arriver M. Waller, qui m’a exposé avec beaucoup d’honnêteté et d’émotion les difficultés que rencontraient les intermittents du spectacle avec l’Administration. A force de cheminement sur ce dossier, j’ai compris l’utilité du régime intermittent.

Je suis et resterai un ardent promoteur de la culture française du 21ème siècle ! Vous pouvez compter sur moi pour, une fois encore, monter au créneau non seulement devant l’administration mais aussi devant mes pairs, à l’Assemblée, comme j’ai pu le faire sur le projet de loi Droits d’auteurs et société de l’information.

Merci aussi, Fred, pour m’avoir consacré parrain de cette création.

Elle est d’autant plus marquante que je ne t’ai vu jouer que dans des pièces que tu avais écrites et d’un genre très différent. Mais les réponses que tu m’as données quand j’ai voulu connaître ce choix de pièce m’ont toutes donné envie d’être là ce soir :
- une pièce dans laquelle on réfléchit d’abord et on rigole ensuite… ça change !
- innover en donnant la réplique à un homme
- exposer l’affrontement célèbre de deux philosophes qui ont marqué l’histoire de notre pays

« Voltaire-Rousseau »… 2 monstres sacrés du siècle des lumières, qui est le siècle sacré par excellence ! Siècle de la raison, des questionnements, de l’encyclopédie, de la déclaration d’indépendance aux Etats-Unis ! Siècle de Montesquieu, Diderot, Kant, Voltaire et Rousseau !

Ces derniers appartiennent au même mouvement, tous deux philosophes et penseurs précurseurs de la Révolution Française, ils sont pourtant radicalement opposés.

Rousseau, pense que l’Homme est coupable, mais aussi innocent, étant soumis à l’organisation sociale qui le fait tel qu’il est.

Ce à quoi répondait Voltaire, « avant d’être coupable ou innocent, l’homme est responsable », ami Jean-Jacques.

Je citerai, pour vous donner le ton de la pièce, une réplique savoureuse :
"ROUSSEAU / Voyez-vous! Ce qui me chagrine, c'est que vous m'ayiez toujours tenu pour un parfait imbécile!...
VOLTAIRE / Oh! Je n'ai jamais prétendu que vous soyiez parfait!..."

Mais je dois avouer que j’ai quand même une grande affection pour Voltaire… puisque une petite histoire, vraie, est transmise de génération en génération dans ma famille et nous a révélé qu’ont eu le philosophe et mon ancêtre… Achille Dionis du Séjour.

Ce dernier, né en 1734, était astronome et mathématicien français. Achille Dionis du Séjour, qui étudiait les phénomènes célestes, faisait des travaux sur les comètes et les orbites planétaires, a découvert l’équation des planètes… En Novembre 1755, un grand tremblement de Terre ravagea Lisbonne et la population craignait la chute d’un astéroïde. Or, Achille Dionis, par l’application de son calcul, démentait fortement cette probabilité en expliquant son infime possibilité.

Néanmoins, la notoriété lui manquait cruellement et malgré les appels qu’il passait, Achille Dionis avait beaucoup de mal à se faire entendre et à apaiser l’ensemble de la population.

C’est à ce moment là qu’une idée lui traversa l’esprit : confier cette équation à Voltaire, qui était un phare de l’humanité et qui s’appropriant ses dires, serait entendu. C’est donc ce qu’il entreprit de faire. Il se rendit en Suisse et transmis son courrier à Voltaire.

Ce dernier lui répondit, il lui envoya une délicieuse lettre que ma sœur possède encore. Celle-ci expliquait à peu près dans ces termes qu’il ne comprenait absolument rien aux calculs qui lui étaient exposés mais qu’il avait bien compris l’infime probabilité de la percussion d’un astéroïde sur notre planète. Mais il terminait en posant une question hautement philosophique : « malgré tout, l’humanité vaut-elle la peine de continuer à vivre ? ».

Je voulais ce soir également remercier très chaleureusement M. Marcel Philippot ! Merci d’avoir, à nouveau, fait le voyage de Paris, je suis certain que votre agenda est très chargé et cela nous touche beaucoup que vous soyez parmi nous pour soutenir notre ami Frederic Waller.

Merci également à Johann Mougenot, M. le sous-Préfet, dernière recrue des parrains de la Troupe, de nous rejoindre dans ce clan si privilégié et méritoire.

Je voulais enfin remercier le quatrième parrain de la soirée, M. Bruno Rapin, Directeur du Théâtre Municipal, pour les efforts qui sont faits en matière théâtrale. Bruno est un ami, d’abord parce que nous partageons la même passion d’Agen et du pays de l’agenais, ensuite parce qu'il a su à nouveau faire aimer le théâtre aux agenais.

Enfin, je voulais adresser un clin d’œil particulier au Directeur du Cinéma, Yan Douady. Merci d’avoir accepté, pour cette deuxième édition, cette situation pas banale, très inhabituelle mais tellement agréable et innovante.

Je terminerai en souhaitant une longue vie à la Troupe Michel Populaire, nouvellement installée dans notre ville. Soyez assurés que je resterai à vos côtés pour la suite de vos aventures !


Bonne représentation,
Bonne soirée théâtrale,
Je vous remercie.