Symphonie fiscale en couac majeur

Ainsi donc, nous aurons assisté cette fin de semaine au nième couac de ce gouvernement qui fait de son niveau d’émission de ce genre de bruit une véritable signature politique : le gouvernement avait fait voter lors du débat sur la loi de Finances 2014 un amendement taxant d’un prélèvement libératoire de 15% tous les revenus des placements d’épargne (PEL, Contrat d’assurance-vie….etc) estimant que sa mise en service pourrait rapporter plus de 600 millions d’euros bien utiles à l’Etat…Mais, patatras, ce gouvernement avait tout simplement que les Français sont tout simplement champions du monde de l’épargne ! Et oui, lorsqu’un Français gagne 100€, il en épargne en moyenne 15€, ce qui est clairement une spécificité culturelle nationale plongeant ses racines dans l’histoire nationale du peuple d’agriculteurs prudents que nous fumes pendant des siècles…..A titre de comparaison, l’américain moyen consomme plus que ce qu’il ne gagne et a donc une épargne négative…

Bref, tout cela pour dire que sans surprise, la France des profondeurs , qu’elle soit d’ailleurs de droite, de gauche ou du centre, toussa très fort cette semaine et tous les candidats socialistes qui faisaient leur campagne sur le marché Samedi ou Dimanche en ont pris pour leur grade, ont immédiatement averti leurs petits camarades d’en haut que « là, ça gueulait vraiment très fort »….jusqu’à ce que notre brave grand Argentier, M.Cazeneuve, après avoir – et c’est désagréable - « manger son chapeau », nous annonça tristement que pour paraphraser Coluche « s’il avait fait voter un amendement taxant les revenus de l’épargne, c’était pour rire….sauf pour les contrats assurance-vie, où là c’était pour de vrai ». Fin du couac….pour le moment.

Le problème pour ce gouvernement, c’est que les couacs en matière de fiscalité : Il les a multipliés.

Petit florilège des couacs fiscaux socialistes :

* couac sur la suppression de la TVA sociale votée ( !!!),

*couac sur l’affaire des pigeons et la fameuse taxe sur la plus-value des cessions d’entreprise,

*couac sur la taxe de 75 % sur les revenus supérieurs à 1million d’euros, invalidée par le conseil constitutionnel, puis transformée en taxe payée par les entreprises employeurs de ces fameux salariés à plus d’1 million par mois débouchant sur la première grève en 41 ans des clubs de football

*couac sur l’augmentation du taux de TVA pour le secteur du bâtiment qui passe de 7% à 10% sauf pour les travaux d’économie d’énergie où cela reste à 5% alors que l’on passe la TVA pour le ticket de cinéma à 5%

* couac sur la fiscalité des auto-entrepreneurs…où on ne sait plus du tout où le gouvernement veut nous amener

*et maintenant couac sur l’épargne, finalement « épargnée »….sauf les fameux contrats d’assurance vie.

Bref, Hollande est le vrai chef d’orchestre de cette symphonie fiscale en Couac majeur. Rajoutez à cela l’ineffaçable image de Jérôme Cahuzac intervenant à l’Assemblée Nationale sur la fraude fiscale (http://www.francetvinfo.fr/politique/affaire/cahuzac/video-quand-cahuzac...) et vous aurez l’étendue du désastre actuel. Sur la fiscalité, ce gouvernement est sonné, déboussolé….et tout simplement paumé.

Comment en est-on arrivé là, alors que le PS ne manque pas d’experts de très hauts niveaux dans ce domaine ? La recette est simple : mélanger promesses présidentielles hasardeuses ou démagogiques, un mauvais dosage entre hausse d’impôts et baisse des dépenses publiques pour lutter contre les déficits publics (sur la 1ère année socialiste, 36 milliards de nouveaux impôts pour 6 milliards de réduction de dépenses publiques), avec une fiscalité du ressentiment (recherche sans fin du bouc émissaire fiscal parfait, le riche)….et vous avez La recette de ce désastre !

Mais me direz-vous : Puisque vous êtes si fort, dites-nous vos solutions centristes en la matière. Et bien, je vais vous surprendre, je ne crois pas qu’une vraie réforme fiscale soit hors de portée. Pour moi, elle doit s’appuyer sur quelques convictions fortes :

1 – l’essentiel de l’effort pour réduire nos déficits publics doit être un effort de réduction de dépenses et non plus de hausse des prélèvements obligatoires

2 – la bataille de l’emploi et donc de la compétitivité française interdit d’augmenter sauf marginalement les charges fiscales des entreprises. C’est donc effectivement aux ménages qu’il faut faire porter l’effort fiscal et résister à la tentation d’alourdir les charges de nos entreprises et le coût du travail français

3 – Dans un monde de mobilité et de compétition internationale, la recherche des riches boucs-émissaires que l’on va « faire payer », voir que « l’on va saigner fiscalement » est parfaitement illusoire. Il n’y pas d’autre chemin que celui de l’effort juste où la Nation demande un effort à tous ses enfants proportionnel à leurs revenus. Les riches devront faire un effort important, les classes moyennes – celles des contrat assurance-vie , contentes ce soir..- un effort raisonnable et les familles aux revenus modestes, un effort modeste. Et pour cela, les outils sont clairement les trois grands impôts des ménages : TVA, IRPP et CSG/CRDS…..et non pas encore et toujours de nouvelles taxes sectorielles (boissons énergisantes, etc…)

Franchement, je ne crois plus ce gouvernement capable de mettre en œuvre ce redressement de cap fiscal….Usé jusqu’à la corde, le gouvernement actuel pilote à vue de couac en couac. En attendant mieux en 2017 ou avant, à nous, les citoyens de crier assez fort pour limiter la casse.

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