Tous derrière le Sporting à Chaban Samedi pour notre « finale » Agen-Bordeaux !

Nous y sommes ! A ce moment précis où se dénoue le scénario, la tragédie …..Lequel ? Celui du maintien ou non de notre club de rugby, le Sporting Union Agenais en Top 14. Les faits sont là, Agen (12ième , 27 points à 7 matchs de la fin du championnat) et Bordeaux (13ième, 25 points) sont opposés dans un sprint, un mano à mano, au bout duquel, il n’y aura qu’un seul des deux clubs qui se maintiendra en Top 14, l’autre redescendra en pro D2 et, pour une grande partie, ce duel s’arbitrera Samedi prochain, 2 Mars, à 18h30 au Stade Chaban-Delmas de Bordeaux….

Ce match a tout d’un parfum de match de phase « Finale » pour nous….D’abord, il sera décisif. Si Agen réalise l’exploit de gagner à Bordeaux, il fait le break (+5 points ou +6 points), Si Bordeaux gagne, l’UBB aura 1 ou 2 points d’avance…et un tableau plus facile pour finir la saison, difficile pour Agen de nourrir l’espoir de gagner sur le fil. Enfin, Agen-Bordeaux, c’est un des derbys de Garonne. J’imagine, en ce début de chronique, la perplexité des fidèles lecteurs de ce blog, habitant au Nord de la Loire, habitués à trouver dans cet espace un lieu d’échanges sur les enjeux nationaux …et soudainement une chronique sur Agen-Bordeaux ? Que diable nous ennuie-t-il avec cette galère ? Je vous dois à tous quelques explications culturelles…..

Agen, depuis des siècles, ne se pense que dans sa relation à Bordeaux et à Toulouse. Agen, depuis des siècles, n’a, en fait, qu’une seule ambition : être La ville, libre, entre Bordeaux et Toulouse. C’était déjà le cas au temps de Jules César où Aginum existait fièrement entre Burdigala et Tolosa…..et bon an, mal an, Agen est resté, pendant deux millénaires, la capitale de cette moyenne Garonne entre Gironde et Haute Garonne, mettant tout son génie à choisir pour suzerain la plus faible de nos deux capitales régionales pour …être la plus libre possible. Bref, Bordeaux-Agen, ça résonne, comme dirait l’autre…..Bordeaux, notre capitale régionale, nous est 10 fois supérieure à peu près en tout (démographie, économie, etc…)…en tout,…. sauf en rugby où nous sommes …égaux.

Faut-il alors se résigner à la métropolisation de ce rugby professionnel et accepter que Bordeaux, potentiellement 10 fois plus riche que nous, s’installe à notre place en Top 14 ? Je ne pense pas. Bordeaux, ville superbe, à la notoriété mondiale avec ses vins comme agents de communication, présent dans l’élite de nombreuses disciplines sportives à commencer par le football avec les girondins de Bordeaux n’a pas vraiment besoin d’un club de rugby en Top 14 pour « exister »….

Agen, c’est une autre histoire….. C’est d’abord et avant tout une histoire de culture. Allez savoir pourquoi ce jeu d’anglais prit racine en Agenais et y fit immédiatement des étincelles…mais les faits sont là, notre club est plus que centenaire et le premier des huit titres de champion de France dont nous nous enorgueillissons date de…..1930. Depuis plus de 100 ans, le rugby occupe une place incompréhensible pour des estrangers dans nos débats, nos passions…et nos emplois du temps. Ayant le bonheur d’être le maire de ma ville natale, je sais mieux que quiconque que ma ville de cœur est diverse et un peu schizophrène lorsqu’il s’agit du rugby….mais, parfois en râlant, celles et ceux qui à Agen, n’aiment pas le rugby – et il y en a et c’est leur droit le plus strict - prennent leur mal en patience car, au fond d’eux-mêmes, ils savent bien que le rugby fait partie du « culte » agenais et qu’ici avoir de la culture générale, c’est aussi « jouer » ou « avoir joué » ou – à minima « aimer »…… le rugby bien sûr.

Balivernes nostalgiques. …répondent avec assurance tous les « sachant » du rugby. Le rugby, comme le reste, devra plier le genou devant les réalités économiques.... Et bien, Oui.... c’est justement aussi au nom de ces réalités économiques, qu’il faut qu’Agen se batte pour rester en Top14. Nous sommes au 21 ième siècle. C’est celui d’une économie mondialisée, où la publicité, la communication, le marketing territorial jouent un rôle décisif. Agen, présent dans le championnat national (le Top 14) le plus médiatisé du monde dans un des sports les plus « regardés » au monde…..quel atout pour le projet de territoire de notre nouvelle agglomération de près de 100 000 habitants ! Quelle chance pour s’extraire de l’anonymat dans lequel sont plongées les centaines de villes moyennes, qui, par ailleurs, nous ressemblent.

J’entends des voix qui disent qu’il faudrait mieux se résigner et admettre tout de suite que notre place est en Pro D2. Je connais ce discours par cœur. Il est parfois tenu par des personnes que j’aime bien. Mais, c’est le discours d’une certaine médiocrité Agenaise à laquelle je ne me rendrai jamais. Oui, Agen est une ville moyenne de 35 000 habitants, au cœur d’une agglomération de 94 000 habitants et nous assumons raisonnablement ce statut. Mais nos pères nous ont légué une identité, une signature : Le Pruneau, L’aspirine effervescente, …et le rugby. Cette signature a ses trésors d’excellence. A nous de les défendre jusqu’au bout….

Alors, comme Moustaki dans sa chanson-poème, en tant que Maire, sans plus d’illusions que lui sur l’efficacité de cet appel, je déclare, en tant que Maire d’Agen, la mobilisation générale…. Je pavoiserai la Mairie et notre Boulevard de la République en soutien à notre club. J’en appelle à tous les jeunes et à tous les bénévoles du SUA rugby, à tous les licenciés de toutes les autres sections sportives du SUA omnisport (foot, natation, Pelote, Ping-pong, tennis, Athlétisme), à nos quatre clubs de supporters, et plus largement à toutes les agenaises et les agenais : Tous derrière le Sporting, Samedi prochain, à Chaban où il faut qu’il y ait beaucoup, beaucoup de bleu et blanc…..

Récemment, j’ai fait un rêve – certes rien à voir avec les sommets humanistes du « I have a dream » de Martin Luther King, chacun a les rêves qu’il peut - : Nous étions à la 80ième minute du match de Samedi prochain. L’arbitre siffla la fin du match. J’étais à côté d’Alain Juppé, très grand maire de Bordeaux pour qui j’ai une réelle admiration. Agen venait de battre Bordeaux. …Alors Je serrai la main d’Alain Juppé en lui disant en Anglais – les Bordelais sont toujours restés un peu Anglais - : « Good Game, Dear Alain ». Chiche ? A samedi !, A Chaban !