Démission de Benoît XVI : Au-delà du choc

J’assistais à une de nos nombreuses réunions de travail municipales quand une alerte du site du Monde.fr en une phrase laconique m’apprit la nouvelle : « Le Pape Benoit XVI annonce sa démission pour le jeudi 28 Février »….

Comme des millions de catholiques, j’ai été saisi de stupéfaction. Agé de 56 ans, j’ai en mémoire, les morts de Jean XXIII, Paul VI, Jean-Paul I et Jean-Paul II….toujours la même séquence avec une période de grande faiblesse du Pape en exercice, l’annonce de sa mort, le choc qui s’en suit, les cérémonies des obsèques pontificales, les discussions sur les Papabili, le Conclave et l’élection d’un nouveau Pape…. Et là, en une phrase, l’annonce d’un geste nouveau, d’un geste de rupture….Très vite, j’ai compris que l’annonce était fiable. Oui, Le 11 février 2013, le pape a bien annoncé sa renonciation pour le 28 février 2013 à 20 heures. Oui, Il se retirera, à partir de cette date, dans un monastère.

Sa renonciation est certes conforme au Code de droit canonique régissant les activités du Saint-Siège : « S'il arrive que le Pontife romain renonce à sa charge, il est requis pour la validité que la renonciation soit faite librement et qu'elle soit dûment manifestée, mais non pas qu'elle soit acceptée par qui que ce soit. »

Il n’en est, pas moins, le premier pape à renoncer à la poursuite de son mandat depuis Grégoire XII1, contraint à la démission en 1415 …….Pourquoi a-t-il fait cela ? Sa santé et ses forces chancelantes, certes. Mais, pourquoi Benoît XVI ne s’est il pas inscrit dans la tradition catholique qui fait que le Pape va jusqu’au bout de sa mission, en mourant à la tâche, même si la fin d’un Pape est toujours, comme celle de tous les hommes, « un naufrage », laissant à Dieu, le choix de l’heure et de la date ?

Comme tous les catholiques, je n’ai pas la réponse à cette question lancinante….la mise en avant des sa santé fragile et de ses forces chancelantes sonne vrai. Mais, elle n’épuise pas les questions. Y-a-t-il une telle urgence à avoir un nouveau Pape, en évitant la période de flottement inévitable précédant le décès d’un souverain Pontife et si oui, pour répondre à quel défi, à quels dangers ? Mystère, au moins pour le moment…

J’ai ensuite pensé à la relation très personnelle que j’ai eue avec ce pape, plus exactement avec le Cardinal Josef Ratzinger, une relation d’élève à professeur. J’ai lu trois de ses livres :
• Le Sel de la terre. Le christianisme et l'Église catholique au seuil du troisième millénaire entretiens avec Peter Seewald, Flammarion, 1997
• Voici quel est notre Dieu, entretiens avec Peter Seewald, Mame,
• Jésus de Nazareth, Flammarion, 2007

J’ai été formé par l’enseignement de ce théologien d’exception notamment sur la nécessité pour chacun de nous de faire vivre ensemble foi et raison. Il m’a aidé à être un chrétien minoritaire dans une société sécularisée et largement indifférente à la question religieuse sans pour cela céder à la tentation du repli identitaire.

Je tiens à partager avec vous dans mon blog ces quelques phrases de Benoît XVI extraites du « Sel de la Terre » : « J’avais prévu que l’Eglise deviendrait petite, que ce serait un jour une Eglise des minorités, qu’ensuite elle ne pourrait plus subsister dans ses grands espaces, ses vastes organisations, mais devrait s’organiser de manière plus modeste(…) Elle se perpétuera dans de petits cercles vivants où des gens convaincus et croyants agiront selon leur foi. Mais, c’est précisément ainsi qu’elle redeviendra le sel de la Terre. L’Eglise peut précisément être moderne en étant antimoderne, en s’opposant à l’opinion commune. A l’Eglise incombe un rôle de contradiction prophétique et elle doit en avoir le courage »

Cette vision de l’Eglise, minoritaire et en même temps ardente, « sel de la Terre » ne me quitte jamais. Elle m’a littéralement aidé à vivre heureux dans notre Sud-ouest de la France ….où l’Eglise catholique est …ultra-minoritaire.

Pour ces leçons de vie et ces fulgurances sur notre avenir, Très saint Père, merci ….et à la Grâce de Dieu.

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