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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Avec votre député, au coeur de l'E-G8

Publication : 30/05/2011  |  00:56  |  Auteur : Jean Dionis

J’ai eu la chance de faire partie des rares parlementaires invités au e-G8, c'est-à-dire le pré-sommet numérique du G8 de Deauville. Je le dois à quelques bons amis – je pense notamment à Laure de La raudière, ma collègue députée d’Eure et Loir et secrétaire Nationale de l’UMP pour le numérique – et aussi, au travail constant que je fais dans ce domaine législatif depuis 9 ans.

Ce e-G8 a pris la forme d’un méga-congrès sur l’évolution de l’Internet dans le jardin des Tuileries avec une logistique impressionnante (sécurité, nourriture, retransmission audiovisuelle des débats, etc.…). Le dîner de gala au Louvre dans la grande pyramide lors d’une merveilleuse soirée de Mai à Paris, c’était un peu…. « midnight in Paris » ! (voir la photo)

Les conférences sont toutes en Anglais, avec pour les « indigènes » des casques de traduction pour le français. Symbole ravageur..et/où vestige du 20ième siécle ?

Alors, en final, intéressante cette participation ?

Non, clairement non, en ce qui concerne le côté web2.0 de nos travaux: trop de monde, pas assez de temps pour débattre, des panels de participants trop homogènes (un défaut dénoncé à juste titre par Jérémie Zimmermann de la quadrature du Net)…..et au final une polémique lancée par le NewYork Times, selon laquelle le communiqué final de l'eG8 aurait été écrit à l'avance.

Et pourtant, au final, je suis heureux d’y avoir été invité…..principalement pour avoir entendu la vision de l’Internet de demain par différents responsables mondiaux politiques ou économiques.

Ce fut d’abord le Mardi matin, le Président de la République. Ce n’était pas gagné d’avance pour lui. N.Sarkozy a une véritable et ancienne proximité avec les milieux culturels de notre pays. Il répète - d’ailleurs justement sans doute – que l’on ne peut pas devenir Président de la République Française sans cette proximité. Il a par ailleurs construit sa carrière politique sur une compétence et une communication forte sur les enjeux sécuritaires. Fort bien, sauf que ces aspects de sa personnalité l’ont amené à prendre ou à soutenir des choix contestables dans sa politique du numérique. Rappelons-nous les lois Hadopi et Lopsi que j’ai combattues.

Et pourtant, ce Mardi 24 Mai au matin N.Sarkozy est en forme et clairement « dans le coup ». Il plaide pour un Internet responsable à la charge conjointe des Etats nationaux et des entreprises de l'internet. Le discours est de bon niveau. Il reprend le thème désormais connu de l’Internet civilisé en lançant à l’auditoire :"Ne laissez pas la révolution que vous avez lancée véhiculer tout le mal du monde". Franchement, ça a de la gueule, ...

Il plaide ensuite de manière prévisible pour le e-droit d'auteur. Mais prudent, la Hadopi ne sera pas citée.

Il prend ensuite le risque des questions/réponses avec le public. Et je le trouve crédible lorsqu’il affirme "qu’il n’est pas simple de faire une place dans le G8 pour internet alors qu'il y a, à l’ordre du jour, le Japon après Fukushima, les révolutions arabes, la croissance", intéressant lorsqu’il dit à propos des révolutions arabes: « Nous avons choisi la liberté par rapport à la stabilité » ….et convaincant, lorsqu’interrogé sur la légitimité du G8 sur Internet, il répond qu'il n'y a de e-gouvernance que mondiale.

Sarkozy aurait-il enfin compris Internet, ses formidables enjeux, ses ressorts ? Pas sûr, mais ce qui est sûr, c’est que le Président affirme maintenant que "son équipe passe plus de temps à savoir ce qui se dit sur le net que dans la presse". Sarkozy n’est pas encore un geek, mais il a compris que l’élection présidentielle de 2012 se fera autant sur le Net que sur la radio ou à la Télé.

J’ai bien aimé ensuite la plénière "Internet et société" censée nous éclairer sur les tendances de l’Internet du futur: S.Richard, PDG de France Télécom nous alerta sur les tendances exponentielles du trafic Internet mobile à Paris (tablettes, smartphones,…) multiplié par 12 chaque année ! Et un intervenant américain que je ne connaissais pas, affirma avec autorité: «Internet va s'effondrer ( terrorisme, pic de trafic) et nous n'avons pas préparé la société à la 1ère e-panne". Peut-être un peu parano, mais soulevant quand même un vrai problème …..Internet a pris un tel rôle dans nos vies quotidiennes que nous avons un impératif urgent de préparer ce futur jour noir de notre réseau mondial.

Ceo Louro, la PDG de Facebook, insiste, quant à elle, sur l’évènement de l’année 2010 : Pour la première fois, en terme de trafic sur Internet, les réseaux sociaux dépassent les moteurs de recherche. Ainsi, la priorité est clairement donnée par les gens à l'avis de leur communauté d’appartenance par rapport à la recherche de l'information objective. Même tonalité dans sa réponse à une question de la salle:" Combien d'heures maximum sur Facebook pour un enfant de 13 ans?" réponse de la PDG de Facebook:"c'est aux communautés auxquelles appartient cet enfant de répondre à cette question ». Circulez, l’information objective a été jetée aux poubelles de l’histoire….

Puis, j’écoute avec fascination, R.Murdoch,vrai dinosaure, vrai génie (Il est l'actionnaire majoritaire de News Corporation, l'un des plus grands groupes médiatiques du monde. En 2010, il est classé 13e personnalité la plus puissante du monde et 117e fortune mondiale par la revue Forbes1) s’exclamer : "notre monde est de plus en plus un monde de mérite où Internet a tout changé, sauf ….nos écoles ! »
Incroyable! Ce vieil homme (80 ans) nous bouscule et nous somme de nous poser en urgence cette question simple : « Pourquoi l'école est-elle restée – quasiment seule- largement en dehors de la e-révolution? »

La révolution numérique passe, selon lui, par la priorité donnée aux logiciels qui stimulent l’imagination des enfants, à l'enseignement personnalisé grâce aux TIC et à la mobilisation des "parents"

Alors, rien que du bon dans ce e-G8 ?…..certainement pas. Les ateliers du mercredi furent inégaux, voir médiocres. J’ai même assisté à un atelier sur le partage de la valeur sur Internet qui a pataugé longtemps, se cherchant entre interventions philosophiques d’A.Minc et les questions très prosaïques du genre « qui doit payer le développement de l’Internet Mobile ? » à laquelle seule G.GAUTHEY(Alcatel-Lucent, CNN) apporta une triple réponse intéressante :1-les abonnés (30€/mois, c’est trop bas), 2-les producteurs de contenu pour les interconnexions qu’ils utilisent 3- l'Etat doit forcer à la mutualisation des infrastructures pour faire baisser le coût du déploiement du haut débit mobile……

Mercredi soir, je quittai ce e-G8 avec, en tête, tous ces témoignages portés par des personnalités fortes à qui leurs succès professionnels donnent crédibilité…..Il en restera forcément quelque chose dans ma façon de vivre….et de légiférer sur Internet.

Alors, oui, malgré tous ses défauts, ce e-G8 était une belle initiative française.

@+

Les réactions

Internet et pornographie

A quand une non-accessibilité d'images pornographiques sur internet? Sans péage, paiement préalable donnant un accès, il n'y aura jamais d'inaccessibilité totale, je ne rêve pas mais quand prendrons nous conscience que véhiculer ces images influencent directement le comportement sexuel de nos jeunes, voire des enfants dans certains cas. Ces images véhiculent une image dégradante des rapports hommes-femmes en particulier. A un moment où les médias nous abreuvent de scandales sexuels, ne pourrions nous pas nous poser une question de fond et ouvrir les yeux sur les schémas que nos enfants et ou nos élèves, nos jeunes reçoivent sans censure. Des relations saines naissent d'un respect réciproque dans une relation!!!
Où en est la France par rapport à ce sujet, vous qui êtes si impliqué dans l'évolution de l'internet, qu'en savez-vous d'avance merci de votre réponse et merci pour votre blog.

e G8

Cher Mr Dionis,
Sans entrer dans les enjeux Internet dont les dangers des "réseaux sociaux" qui nous captent pour des fins non avouées donnent le frisson, je ne m'en tiendrai qu'au fait de la conférence e G8 qui s'est déroulée naturellement en anglais.
Sachant que dans toutes les grandes entreprises, sans parler des multinationales, dans de nombreux postes de tous niveaux il est absolument nécessare de pratiquer l'anglais et que les oreillettes avec une traduction simultanée n'existent tout simplement pas ou rarement; je suis depuis toujours consterné par le fait que chez nos gouvernants et nos politiques, à commencer par nos élus européens, l'anglais de niveau 4 ou 3 minimum ne soit pas exigé ainsi que une ou deux autres langues.
Dans l'entreprise où j'ètais même les mécaniciens parlaient anglais, plus deux ou trois autres langues. Pour les cadres il en était de même avec un niveau naturellement plus élevé.
Et que dire des mécaniciens et des conducteurs d'engins dans les campagnes (du nord de l'Europe , pas chez nous !) que je rencontrais et qui m'exprimaient très bien les problèmes de nos machines en anglais. Quelle leçon pour nous petits français bien retranchés derrière notre suffisance archi dépassée.
Alors oui, Mr Dionis, vous l'avez bien dit nous sommes réellement des indigènes et c'est pathétique au point que l'anglais enseigné dans nos écoles primaires et supérieures, en est l'archétype, questionnez un élève de 10 ans en anglais ou un lycéen et voyez la grimace qu'il va vous faire, la même que celle que font nombre de nos commerçants ou prestataires de services lorsque des résidents anglais leurs parlent !
Ensuite, posez les mêmes questions à un petit élève nord européen, il vous répondra en bon anglais de niveau 1ou 2, voire même en français !
Conclusion, au moins pour les députés européens, anglais niveau 4 plus une ou deux autres langues obligatoires et arrêt des ruineuses traductions simultanées d'ici à cinq ans maximum sans quoi candidature non acceptée. Après tout, comparé aux entreprises, ce ne serait qu'un minimum.
Bien cordialement,
Michel SANTIN

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