Discours prononcé par Jean Dionis
Mesdames et Messieurs,
Le cœur de la Ville d’Agen bat, il bat au rythme des évènements culturels que nous accueillons au théâtre, au Musée, aux Jacobins ou ailleurs, il bat au rythme des fêtes populaires et des manifestations sportives qui rassemblent ses habitants.
Depuis 1920, le Jasmin d’Argent est devenu un repère pour notre ville, un fil conducteur. Il incarne un de ces moments privilégiés, confidentiels, qui contrastent avec le tumulte de la vie quotidienne et ses tourments.
En faisant entrer la poésie dans cette salle des Illustres, vous contribuez, Monsieur le Président, vous aussi à faire battre le cœur de notre ville un peu plus fort. J’ai en mémoire cette phrase du créateur du Jasmin d’Argent, Jacques Amblard, qui traduit bien à mon sens notre attachement indéfectible et un peu irrationnel au concours du Jasmin d’Argent : « Même en admettant que notre geste fût vain, futile, illusoire, qu’importe, s’il est beau…et je prétends qu’il est beau d’encourager la poésie ! Notre but aura été atteint si nous avons élevé les cœurs vers la beauté, vers la bonté, vers l’idéal ».
C’est au nom de cette beauté et de cette futilité que nous sommes fiers, chaque année, de vous accueillir dans cette Salle des Illustres agenais parmi lesquels figure notre poète occitan Jasmin. Jasmin qui baptisa Agen « la perle du Midi » peut-être d’ailleurs dans un excès de patriotisme agenais, Jasmin qui trône magnifiquement sur l’une des places les plus animées de la Ville. Et puis Jasmin, poète occitan, langue à laquelle il donna à travers ses petits poèmes une nouvelle impulsion.
Notre attachement à Jasmin est lui aussi irrationnel. Nous nous reconnaissons dans ce poète gascon, fabuleux conteur, qui jouait avec les sonorités occitanes et qui fût un merveilleux ambassadeur de notre culture dans tout le midi de la France. Même à Paris, il se fit un nom malgré les sarcasmes de certains de ses contemporains dont Honoré de Balzac qui le baptisa le « poète perruquier ».
Alors bien sûr l’occitan est en passe de devenir une langue oubliée. Je crois qu’il faut être lucide à ce sujet mais je crois aussi qu’il faut se garder de toute position définitive par rapport à cette langue. Lorsque l’on observe le renouveau des langues régionales en Espagne et même dans certaines régions françaises, il nous continuer à défendre et à revendiquer nos racines et notre culture occitane. La Ville d’Agen va d’ailleurs disposer dès la rentrée 2014 d’une école Calandrette à l’image des initiatives qui ont été mises en place dans un grand nombre de villes du Midi de la France.
Un mot sur la poésie pour terminer cette intervention. Je n’ignore pas les difficultés économiques de ce type de littérature. La diffusion en librairie est restreinte et les maisons d’édition qui soutiennent la poésie sont souvent minuscules. Face à une société qui se mondialise, la difficulté de traduction des poèmes est sûrement un frein à sa diffusion. Et pourtant, seule la poésie nous permet réellement de prendre conscience de la beauté et de la richesse de la langue. Elle bénéficie en outre de cette fameuse tradition orale qui permet à chacun de nous, selon sa sensibilité, de citer quelques vers d’un poète qui nous est cher.
Au fil de l’histoire, la poésie, cette alchimie des mots, a toujours su se frayer un passage. Il y a d’ailleurs une journée mondiale de la poésie chaque 21 mars sans oublier le Printemps des Poètes qui fédère toutes les initiatives autour de la poésie dans notre pays. Cette économie souterraine de la poésie prouve qu’elle a encore sa vraie raison d’être au 21ème siècle. Récemment à Agen, un Festival de Poésie amateur a vu le jour à l’initiative du Quartier Jasmin.
Voilà pourquoi nous sommes tellement fiers, Monsieur le Président, d’organiser une réception pour le Jasmin d’Argent chaque année. Ce palmarès nous offre en plus l’opportunité de recevoir des personnalités reconnues au plus haut niveau dans leur domaine et, c’est toujours un honneur pour nous d’accueillir un Illustre Français dans notre Ville d’Agen.
Jean CORTOT, Académicien des Beaux-Arts nous fait l’amitié cette année de présider ce Palmarès du Jasmin d’Argent. Je connaissais le peintre, et notamment vos œuvres de jeunesse. J’ignorais en revanche votre passion pour les lettres et la philosophie et l’étonnante symbiose que vous cherchez à créer entre l’écriture et la littérature. Au nom de la Ville d’Agen, je veux vous remercier d’avoir pris de votre temps précieux pour présider cette cérémonie du Jasmin d’Argent, c’est un honneur que vous nous faîtes Monsieur l’Académicien.
Ayant pris d’autres engagements, je ne pourrai malheureusement pas être des vôtres tout à l’heure pour la remise des prix et je vous prie de bien vouloir m’en excuser. J’ai demandé à Corinne GRIFFOND, adjointe de la Ville d’Agen, de me représenter. En revanche, comme chaque année, c’est avec beaucoup de plaisir que je découvrirai les œuvres des 3 poètes que vous aurez choisi de récompenser.
Je vous remercie