Jean Dionis du Séjour, député Nouveau Centre du Lot-et-Garonne, maire d'Agen, s’inquiète de la surenchère sécuritaire lors des débats sur le projet de loi immigration, intégration et nationalité à l’Assemblée nationale.
Nous centristes, affirmons la nécessité de réguler efficacement les flux migratoires croissants, nous réclamons une réaction ferme de l'Etat adaptée à l'accentuation des phénomènes de violence. Pour autant, les débats auxquels nous assistons dans l’hémicycle prennent parfois une tournure inquiétante. Nous dénonçons notamment deux dispositions adoptées par l’Assemblée nationale, qui heurtent notre sensibilité humaniste.
Le premier amendement dit "Mariani", adopté en commission des lois, restreint considérablement la délivrance de cartes de séjour temporaires pour les étrangers en situation irrégulière atteints de maladies graves. L'honneur de la France, c’est de soigner les personnes atteintes de maladies graves, même si elles sont en situation irrégulière.
Les étrangers bénéficiant aujourd'hui de l'accès au système de soins en France en raison d'un état de santé critique (environ 28 000) risquent désormais d'être renvoyés dans leur pays d'origine pour des soins très aléatoires, ou de rester sans soins voire de mourir dans la clandestinité en France. Cela contrevient à la tradition universaliste, d’accueil et de générosité française.
Le deuxième amendement préoccupant adopté crée une sanction pénale spécifique pour les mariages dits «gris », c'est à dire les mariages mixtes où la bonne foi du conjoint est trompée par un étranger. Le texte prévoit de punir très sévèrement celui qui contracte un mariage sans véritable intention matrimoniale. Comment vérifier les intentions des conjoints ? Les maires vont-ils devoir faire passer un « love test » pour s’assurer de la bonne foi des époux avant de les marier?
Je ne m'associerai pas à un texte multipliant des mesures qui contreviennent aux valeurs d'humanisme que défendent les centristes.
Si la France doit s'adapter aux enjeux et aux défiis accentués par des flux migratoire croissants, elle doit en priorité veiller à rester fidèle à sa tradition d'accueil et au respect des valeurs universalistes.
De la grandeur de la France... et de la misère du
Cher Jean,
Même si je n'ai pas forcément d'idées arrêtées entièrement dans ton sens sur ce débat, je souhaitais réagir.
D'abord merci.
Bien que n'étant pas un "aficionado" des joutes parlementaires, je doute que, dans ce temple de "la laïcité et de la raison" triomphantes, un député ou membre du gouvernement n'ai cité depuis bien longtemps pour réveiller les consciences une phrase de l'évangile et la parabole du bon samaritain.
N'en déplaise à certains l'élan du coeur ne s'arrête pas à la porte des églises, temples et autres lieux de culte. Ce n'est pas du prosélytisme comme on veut nous le faire croire!
C'est vrai que pour un chrétien français dans le débat politique, sur ce problème il se déchire entre:
- cet absolu fou auquel le Christ appelle chaque personne à lacher ses peurs, son argent et à tourner son regard vers la personne qu'il cötoie et qui est dans la misère physique, matérielle ou morale.
- et le responsable et réaliste "n'accueillons pas toute la misère du monde" de peur qu'elle ne nous coute très chère et ne nous envahisse.
Ensuite bravo.
C'est courageux comme un autre Jean d'oser "crier dans le désert" pas au nom de la raison mais bien du coeur...et puis comme tu le sais tu vas en récolter quelques "épines".
NB: j'aurai pu aussi faire alusion à un autre Jean, moins biblique et plus contemporrain, qui ne crie pas mais chante dans l'hémicycle...
Il est dommage que dans ce débat les médias n'aient pas interpellé quelques médecins sur ce sujet. Sauf erreur de ma part, il y en a quelques uns députés et certains très engagés à procurer des soins gratuitement dans des hopitaux à l'étranger. L'opinion publique aurait aimé avoir leur avis.
Vont-ils laisser les hôpitaux français gouverner leur "liberté de pratique et de conscience" par la seule fin de l'exercice budgétaire?
Après la dérive sécuritaire que tu dénonces...la dérive budgétaire est là aussi.
Il y a un juste équilibre à trouver entre gabegies et dépenses nécessaires.
A très bientôt
Nicolas MESNARD