La semaine dernière, par l’intermédiaire de la chronique de mon blog, j’ai exprimé le souhait de donner une prolongation collective au refus de François Bayrou de rentrer au Gouvernement et de saisir l’opportunité de notre Congrès de Blois pour adopter, ensemble, le projet politique de notre famille politique pour l’horizon 2027.
Sur le fond, un congrès, cela doit servir d’abord à cela et même l’élection du Président de notre famille politique, si importante soit-elle, doit être une conséquence de ce débat premier.
J’entends encore François Bayrou me dire « Être candidat à l’élection à la Présidence de la République, c’est proposer une ligne politique claire au pays » … et bien trois ans avant 2027, nous sommes juste dans les temps pour affirmer, en temps voulu, une offre politique à la hauteur de l’échéance cruciale de cette élection présidentielle là.
Nous connaissons, tous, les enjeux et le risque de 2027. Il est possible que cette année-là, l’extrême droite soit en situation de gagner cette élection. Ce qui était inimaginable pendant les 80 années de l’après-guerre, sera un risque élevé cette année-là.
L’extrême-droite mettra sur la table une offre politique autoritaire, populiste, souverainiste et nationaliste. Elle le fera avec suffisamment d’habileté pour cacher ses penchants xénophobes et les aspects les plus fragiles de son programme (retraite à quel âge ?). Nous savons, et je sais particulièrement chez moi en Lot-et-Garonne, que cette offre politique parle à un nombre croissant de citoyens.
Et nous, face à ce risque ? Quelle est l’offre politique faite par le MoDem à la nation ? Nous savons qu’en 2027, compter sur le front du refus républicain serait une erreur grave. Parce qu’une partie de la gauche, la plus extrême, choisira l’abstention plutôt que le soutien républicain au candidat s’opposant à l’extrême droite.
Nous sommes donc dos au mur, avec l’obligation de proposer une offre politique à la fois d’avenir et de combat face à l’extrême droite. Et le MoDem de François Bayrou a la responsabilité de porter le drapeau de ce combat.
Face à la tentation de l’autoritarisme, plus que jamais nous devons être les promoteurs de la démocratie. Aujourd’hui, en 2024, en France. Et cela passe par des propositions offensives :
- Pour des lois électorales respectant la proportionnelle et ainsi respectant chacune des familles politiques du pays
- Pour un nouvel élan de décentralisation et de déconcentration, pour donner plus de pouvoir au terrain par rapport au sommet
- Et surtout par une projet de révision constitutionnelle rééquilibrant les pouvoirs en faveur du Parlement (Je vous invite à relire les deux chroniques que j’ai écrites à ce sujet ( http://jeandionis.com/blog/changerconstitution et http://jeandionis.com/blog/changerconstitution-partie-ii)
Face à la tentation populiste, nous devons porter une véritable ambition sociale qui passe d’abord par la qualité de nos services publics (l’Education nationale, notre service de santé et la Sécurité sociale, etc.) et pour cela nous devons avoir des propositions audacieuses notamment pour le financement de ces services publics, par une fiscalité qui soit plus exigeante pour les plus riches d’entre nous et tant pis si cela nous démarque du reste de la majorité présidentielle et de son dogme de la baisse des impôts.
Face à la tentation souverainiste et nationaliste, plus que jamais nous devons porter ensemble le drapeau français, à ne surtout pas laisser dans seules mains de l’extrême droite, et le drapeau européen. Ils sont les deux étendards d’une même Histoire, d’un même projet et d’un même combat. Mais là encore, le temps des discours eurobéats est fini.
Il nous faut dire à nos concitoyens, ce que le MoDem porte comme projet Européen :
- Refonte de la Politique Agricole Commune pour concilier revenus des agriculteurs et transition climatique.
- Protection des frontières de l’Europe contre l’immigration illégale et accords de développement avec les pays du Sud, départs de cette immigration.
- Mobilisation européenne face aux en jeux climatiques, numériques et de défense.
- Modification des institutions Européennes vers plus de démocratie.
Voilà ce dont je rêve : un Modem à la fois fidèle à ses racines centenaires démocratiques, sociales, européennes – nous allons fêter les 100 ans de la famille démocrate cette année à Blois – déterminé à répondre aux défis de la modernité (écologie, numérique) et au combat contre l’extrême-droite.
Voilà ce dont j’espère débattre au Congrès national du MoDem les 23 et les 24 mars. J’en appelle à notre Président, François Bayrou et à notre direction pour qu’ils proposent un texte porteur de notre projet 2024-2027 et qu’ils organisent, à partir de ce texte, le débat démocratique dans notre parti.
Alors, le « non » de François Bayrou aura été, une nouvelle fois, fécond et fondateur …
Nous ne pouvons pas nous payer le luxe d’un congrès inutile ou ennuyeux, sauf à prendre le risque grave d’être marginalisé par nos concitoyens eux-mêmes.
J’ai confiance.
Blois sera le départ d’une belle aventure pour les démocrates et pour la France.
@+
Jean Dionis, Maire d’Agen