18/07 : Arad, le choc d’une ville au cœur du désert
Après une première nuit israélienne, je me réveille, tire les rideaux de ma chambre et… je suis brutalement plongé dans ce désert, plus exactement dans cette zone frontière de deux déserts, le désert de Judée et le désert du Néguev.
De mon balcon, la vision est grandiose mais, elle est, au sens littéral du terme, désertique ; pas un arbre, pas un brin d’herbe, exclusivement minérale.
Bienvenue à Arad, la ville jumelle de notre ville jumelle allemande, Dinslaken. Arad a été fondée en 1962. Elle compte en 2023 plus de 30 000 habitants de toutes origines : Juifs Sépharades, Juifs Ashkénazes, Beta Israël (juifs d'Éthiopie) Bédouins, et une petite communauté African Hebrew Israelites, plus communément appelée « Hébreux noirs ».
Pourquoi une ville nouvelle, en plein désert et en 1962 ? Arad est clairement le fruit d’une volonté extrêmement forte, celle des fondateurs du nouvel État-Nation d’Israël, celle de David Ben Gourion, Premier ministre des premiers jours de l’État d’Israël. Ces pionniers s’étaient promis de faire revivre le désert et ils l’ont fait.
Notre matinée fut consacrée à l’urbanisme de cette ville extraordinaire. Nous avions un guide passionnant, Myriam, architecte et directeur des services techniques de la ville d’Arad. De culture française, parlant couramment notre langue, Myriam nous fit vivre les défis du vivre ensemble dans une ville où la température monte fréquemment au-delà des 40°C et où le ciel ne verse que 150mm d’eau par an, soit environ à peine le quart de ce qui tombe sur notre village d’Agen. Les subtils équilibres entre la volonté de végétalisation et celle d’économiser l’eau, l’ombre créée par des jeux de toile habiles, la circulation de l’air favorisée à chaque fois que c’est possible, les panneaux solaires omniprésents… Oui nous avons pris une sacrée leçon d’adaptation aux changements climatiques.
Après l’urbanisme, le protocole… Enfin, si l’on peut dire, tellement en Israël, les choses sont simples, « casual » comme nous répète Nisan, le Maire, pour nous mettre à l’aise. Nos amis Israéliens nous ont reçus pour cela dans leur Conservatoire municipal de musique. Après un buffet simple, les discours. Le temps de rappeler que nous étions là, grâce et par nos amis allemands, grâce et par leur volonté de tisser au plus profond, au plus obscur de nos nations, des liens d’amitié et de paix pour pardonner et se faire pardonner. L’histoire encore, l’histoire omniprésente en Israël. Et la musique aussi avec les élèves du conservatoire qui avaient imaginé un très beau concert d’accueil. Belle leçon de ce que nous devons faire plus souvent à Agen.
Notre après-midi commença par la visite d’une des usines d’Arad, spécialisée dans les jeux de société et produisant notamment le fameux Rummikub. Nous sommes accueillis par le père du fondateur de cette formidable start-up Israélienne. Je découvre avec plaisir le fameux humour juif lorsque cette personne félicite les Français parce que, eux, ils savent manifester « en cassant et en pillant les magasins » alors que les Israéliens manifestent depuis cinq mois uniquement avec leurs banderoles et leurs gentils chants « We Shall Overcome ». Plus sérieusement, toujours en plein milieu du désert, nous avons trouvé une PME avec un très haut niveau d’automatisation et pleinement concentrée sur sa concurrence-partenariat avec… la Chine.
Nous enchaînons pour la visite du centre culturel de la ville. La municipalité d’Arad mène une politique culturelle très ambitieuse : conservatoire musical, centre culturel ouvert aux résidences d’artiste et aux Art modernes, théâtre de 300 places avec une saison culturelle où l’humour a une place de choix.
Pour le dîner, nous expérimentons une table d’hôte spécialisée dans la cuisine de Tripoli et nous mesurons à quel point Israël mais aussi Arad est un melting-pot forcément ouvert sur le monde comme tous les pays d’immigrants.
Le concept est intéressant et à mon avis transférable à Agen.
Il suppose une famille et une maison qui se consacrent à recevoir des groupes privés d’une dizaine de personnes et à leur ergot un repas d’une cuisine très spécialisée. A réfléchir.
Le soir, nous prîmes la route pour la forteresse de Masada et pour y assister à un spectacle grandiose en plein air relatant l’histoire de la résistance juive lors de la grande révolte des juifs contre l’empire romain en 70. Cet épisode tragique de l’histoire juive est devenu clairement un mythe fondateur. J’y reviendrai demain, car nous avons la visite en détail de la forteresse au programme.
Amitiés,
Jean Dionis