Toute personne qui s’intéresse à l’écologie, sait à quel point la problématique des déchets de notre société, que ce soit leur collecte ou leur traitement, est au centre de toute politique publique forte dans ce domaine.
L’Agglomération d’Agen et la Ville d’Agen viennent de prendre un ensemble de décisions fortes pour dire que l’année 2023 sera la première année de cette longue marche que va être la transition énergétique et climatique. Il était donc logique que la Ville et l’Agglomération, fortes de leurs volontés dans ce domaine, évaluent en profondeur leurs pratiques pour cet ensemble de services publics.
Or cet examen n’est pas aujourd’hui à notre avantage. Pour ne citer qu’un chiffre : nous, agenaises et agenais, trions beaucoup moins que la moyenne nationale des français. En moyenne, un Agenais produit 263kg d’ordures ménagères résiduelles (non-triées) contre 241kg en moyenne pour un français.
C’est grave docteur ? Voilà en clair la question que j’ai posé aux personnes qui maîtrisent ce sujet. Leur réponse a été « Oui, c’est grave, sauf si vous changez beaucoup de choses … ». Et, compte tenu des enjeux écologiques, fiscaux et de qualité de vie (notamment en terme de propreté), nous avons été plusieurs à être vite convaincus qu’Agen devait changer en profondeur dans ce domaine.
Un changement en profondeur, cela mérite le nom de « révolution ». Et pour bien comprendre que cela aller impacter nos vies quotidiennes, nous avons opté pour le nom de « révolution des poubelles » tant la poubelle est un objet emblématique et permanent de notre vie concrète, pratique et quotidienne.
Aussi, cette révolution des poubelles fait suite aux délibérations prises en Conseils d’Agglomération le 08 décembre 2021 et le 22 septembre 2022 et elle poursuit trois principaux objectifs :
1. Le premier d’entre eux est lié à la transition écologique qu’il nous est interdit de manquer avec un effort important à accomplir en matière d’amélioration et d’optimisation du tri (des biodéchets, en déchèteries) avec la volonté de diminuer le tonnage d’ordures ménagère incinérées, les apports de déchets verts à la plateforme de compostage et, au final, les émissions de CO² de notre agglomération (diminution de l’incinération, rationalisation des tournées, diminution du parc de bennes à ordures). Le tonnage d’ordures ménagères résiduelles incinéré en 2022 s’est élevé à 26 000 tonnes et notre objectif de réduction du tonnage incinéré est de 5 300 tonnes d’ici à 2030.
2. Le deuxième objectif est de nature fiscale : la « révolution des poubelles » est nécessaire à la maîtrise des dépenses afférentes à la collecte et au traitement des déchets et donc, in fine, à la maîtrise de la fiscalité qui finance ces dépenses, la Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères (TEOM). En effet, l’Etat, par le biais de la fiscalité environnementale et plus spécialement, par le mécanisme de la Taxe Générale des Activités Polluantes (TGAP), a mis en place un dispositif d’une efficacité redoutable pour placer les collectivités locales devant leurs responsabilités : en augmentant année après année et fortement la taxe due pour chaque tonne incinérée ou enfouie. L’Etat a mis les collectivités locales dos au mur : soit elles deviennent vertueuses et elles incinèrent ou enfouissent moins, soit elles devront augmenter fortement leur fiscalité affectée à ce service public.
Nous devons, coûte que coûte, fournir ces efforts de réduction des tonnages de déchets incinérés, faute de quoi nous pourrions assister à une explosion de la TEOM de l’Agglomération, phénomène déjà constaté dans de nombreuses intercommunalités en charge de ce service. Actuellement, le taux de notre TEOM est de 11% et notre deuxième objectif est clairement de ne pas augmenter ce dernier.
3. Le troisième objectif de notre « révolution des poubelles » est attaché à la propreté de nos villes et de nos bourgs : cette bataille ne pourra être gagnée qu’à la condition d’une disparition totale de la collecte en sacs et en porte-à-porte, avec la généralisation du déploiement des points d’apports volontaires (PAV) et leur bon entretien.
Notre révolution des poubelles sera mise en œuvre par le déploiement de 7 transformations en profondeur du service public apporté aux citoyens de notre Agglomération. A chacune de ces transformations, s’attache un plan d’actions opérationnel détaillé, chiffré et planifié. Ces transformations sont les suivantes :
- La suppression de la collecte des déchets verts en porte-à-porte ;
- L’instauration d’une collecte des biodéchets ;
- Le déploiement des PAV et la suppression de la collecte en sacs ;
- L’extension des heures d’ouverture hebdomadaires des déchèteries et la modernisation de leurs équipements ;
- L’instauration de la TEOMi ;
- La modification de la fréquence de ramassage et la rationalisation du calendrier de collecte ;
- La création d'un Réseau de Chaleur Urbain (RCU).
Le calendrier de mise en œuvre de ce plan d’ensemble a démarré par la transformation du service public de collecte et de traitement des déchets verts, à partir du 1er Janvier 2023.
Le mécontentement d’une partie de nos citoyens concernés par la transformation du service de collecte et de transformation des déchets verts est compréhensible. Je l’entends et je voulais encore une fois en expliquer les raisons profondes car dans le cadre de la révolution des poubelles :
Ce service a été modifié parce qu’il était INEQUITABLE
Cette collecte avait lieu chaque semaine sur les zones résidentielles peu denses (hors centre-ville) de 8 des 44 communes que compte l’Agglomération (Agen, Boé, Bon-Encontre, Colayrac, Foulayronnes, Layrac, Le Passage et Pont-du-Casse). Elle n’était pas étendue à tous les habitants de l’Agglomération.
Ce service a été modifié parce qu’il était INEFFICACE
Cette collecte en porte-à-porte était particulièrement inefficace. Elle représentait 1,3kg de déchets verts en moyenne par habitant concerné en hiver et 2,5kg au printemps au plus fort de la saison. Ces volumes extrêmement réduits ne justifiaient pas une collecte hebdomadaire en porte-à-porte sur le territoire.
Ce service a été modifié parce que son coût était EXORBITANT
En 2023, la collecte en porte-à-porte aurait représenté un budget de 900 000 €, en augmentation de 23% par rapport à l’année précédente ! Les charges liées à ce service augmentent de manière exponentielle (coût des carburants, taxes, etc.) ainsi, le maintenir aurait été synonyme d’augmentation de la TEOM, alors que nous nous sommes engagés à ne pas augmenter les impôts durant ce mandat.
Mais ce service doit être remplacé à la fois par la modification de nos comportements (être plus écologistes en ne ramassant pas la pelouse coupée, en composant les feuilles tombées) et, à la fois par l'utilisation des possibilités du service public transformé : l’accueil facilité dans nos déchèteries, la location de bennes pour les volumes importants, la mise à disposition de broyeurs, etc.
A nous de mettre au point ce nouveau service public des déchets verts. A nous surtout de nous mettre en marche pour atteindre les objectifs écologiques, fiscaux et de propreté de la « révolution des poubelles ».
Soit Agen reste dans l’immobilisme et nous le payerons très cher dans les 3 domaines cités ci-dessus, soit nous nous mettons en mouvement, dans le cadre de cette transition écologique dont personne ne conteste l’urgence. Le temps est maintenant à l’action et donc aux actes citoyens !
@+
Jean Dionis
Maire d’Agen