Après-demain, mardi 12 mai, les 19 écoles publiques agenaises rouvriront leurs portes. C’est une décision partagée des autorités départementales académiques du ministère de l’Education nationale, au premier rang du quel se trouve notre Directeur départemental des services académiques et de moi-même en tant que Maire d’Agen, assumant la compétence scolaire pour les écoles maternelles et élémentaires.
J’assume donc pleinement cette décision et cette responsabilité partagées.
Comme je le disais dans ma dernière chronique « avancer prudemment sur un chemin de crête », cet état d’esprit fait de prudence et de détermination nous a habités tout au long de la préparation de cette rentrée et il me semble utile de rappeler à tous quelle a été notre démarche pour construire cette rentrée scolaire inédite.
Tout commence avec les décisions prises par le gouvernement. On peut les résumer en quatre principes :
- Volontariat laissé aux familles quant à la décision de remettre ou non son enfant à l’école à partir du mardi 12 mai.
- Adaptation de nos écoles pour accueillir les écoliers dans de bonnes conditions de santé publique détaillées dans un protocole d’accueil national (4 m² par enfant, maximum de 15 personnes par salle de classe, mesures renforcées d’hygiène pour tous les locaux, etc…).
- Progressivité de la rentrée scolaire étalée sur deux semaines du mardi 12 mai au lundi 25 mai.
- Spécificité de la mise en œuvre dans chaque école laissée à l’appréciation et à la responsabilité des directeurs et directrices d’école, d’une part et des maires, d’autre part.
Comme tous les citoyens, j’ai un avis sur cet ensemble de décisions. J’estime notamment que l’abandon du caractère obligatoire de l’école de la République et le transfert de la décision du retour à l’école à chacun des parents n’a pas été un bon signal notamment pour les familles les plus éloignées de l’institution scolaire, même si je reconnais que la mise en œuvre de cette obligation aurait été sensible et difficile.
Mais, dans son ensemble, oui, j’ai été convaincu par Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale lorsqu’il a déclaré : « C'est forcément imparfait. C'est forcément incomplet. Nous l'assumons, évidemment, mais je crois que chacun peut comprendre que ce qui est important, c'est l'amorce du retour à l'école ».
Sur la base de ce cadre, notre Inspecteur d’académie, Dominique Poggioli et moi-même avons envoyé dès le lundi 4 mai un premier courrier à tous les parents des 2 500 enfants agenais concernés dans lequel nous annoncions le cadre global des décisions arrêtées par l’Etat ainsi que le début d’un travail d’adaptation de ce cadre national à chaque école agenaise.
S’en est suivi un travail de dentelle et de romain ! Fait école par école par la directrice ou le directeur de chaque école en tandem avec la direction enfance, jeunesse et sports de la ville d’Agen. C’est bien, au niveau de chaque école et de ses spécificités (bâtiments, nombre de salles de classe, cantines, et bien entendu du nombre d’élèves par classe) qu’a pu être construite la rentrée scolaire du 12 mai. Et bien entendu, le résultat est très éloigné de la situation scolaire d’avant le COVID. Deux chiffres illustrent cette distance. Le mardi 12 mai, 85 % des écoles françaises devraient rouvrir, mais seulement 1 million d’enfants y sont attendus pour un effectif global en maternelle et élémentaire de 6, 5 millions, soit environ 15 % de l’effectif total…
Comment est-on arrivé à ce chiffre de 15% ? D’abord de fait en dédoublant toutes les classes qui ne l’étaient pas déjà (comme celles de CP dans nos réseaux d’école prioritaire…). Et ceci est une réalité forte et concrète de l’effort d’adaptation fait par chacune de nos écoles pour s’adapter à la situation sanitaire et pouvoir mettre en œuvre les fameuses mesures de distanciation sociales. Pour cela, l’Ecole de la République, au moins, jusqu’à la sortie des classes prévue début juillet, passera brutalement de la semaine de quatre jours…à la semaine de deux jours.
La somme des changements imposés au personnel enseignant et municipal est impressionnant : port du masque, suppression du self à la cantine et retour au repas servi par du personnel municipal pour éviter les contacts répétés d’objets de cantine, efforts d’hygiène et de ménage multipliés par deux, etc…
Une fois fait cet énorme travail par nos enseignants et nos cadres municipaux, chacune des directrices d’école, chacun des directeurs a pu envoyer à chaque famille un courrier cosigné par eux et par moi, en tant que Maire d’Agen, présentant, aux parents, les conditions d’accueil de leur enfant dans son école habituelle. Et sur la base de cette présentation, il reviendra, aux parents, de décider de mettre leur enfant à l’école ou de le garder à domicile.
Effort extraordinaire fait par la communauté enseignante et par les municipaux à Agen comme (presque) partout en France. Ce soir, je veux, au nom de tous les Agenais et de leur conseil municipal, saluer nos professeurs des écoles et nos municipaux. Eux aussi, en acceptant positivement une telle remise en cause de leurs habitudes de travail pour permettre le redémarrage de nos écoles, sont notre fierté.
Avancer prudemment sur un chemin de crête, en évitant à la fois le redémarrage de l’épidémie et l’effondrement social et économique.
Nos professeurs des écoles et nos territoriaux se sont préparés ensemble à faire leur part de l’effort national.
Pour cet acte éminemment citoyen, merci et bonne rentrée !