Agen, ville verte : du bon usage des arbres…

C’est un ami de longue date, Jean-Michel Delmas, arboriculteur et ancien Président de la Chambre d’Agriculture du Lot-et-Garonne, qui m’a offert ce petit bouquin vert, qui ne paye pas de mine.

 « Toi, fils d’arboriculteur, ….tu verras, il va te parler ». Ce livre, c’est le petit opuscule de Francis Hallé : « Du bon usage des arbres », un plaidoyer à l’attention des élus et des énarques (Domaine du possible, Actes Sud).

J’ai suivi le conseil de Jean-Michel. J’ai lu et le petit livre vert m’a plu.

Parce que j’y ai retrouvé tous les arguments à charge et à décharge concernant les arbres entendus dans ma déjà longue carrière d’élu local.

A charge, contre les arbres, « on leur reproche d’obstruer les caniveaux avec leurs feuilles mortes, de faire de l’ombre aux étages inférieurs des immeubles, de nuire aux lignes électriques et aux caténaires, d’emplir l’air de pollen allergène, d’héberger une faune nuisible (ex : étourneaux bruyants…, c’est moi qui le rajoute), de soulever les trottoirs, de percer les murs avec leurs racines, d’endommager les toitures avec leurs branches mortes et, pire que tout, de tomber sur les piétons et les voitures à la moindre rafale » (page 35). N’en jetez plus…Mais, un maire ne fait pas d’angélisme. Tous ces problèmes existent et doivent être pris en compte.

A décharge, pour les arbres, la plaidoirie se structure autour de trois arguments :

1-  Grâce à leur ombre, les arbres rafraîchissent l’ambiance estivale de nos cités. Un peu de fraîcheur pour les piétons, c’est agréable (page 40).

2- Les arbres partagent avec les autres plantes vertes la capacité admirable de purifier l’air que nous respirons en absorbant le CO2, ce gaz qui pollue notre atmosphère et joue le rôle dominant dans le réchauffement climatique  par « effet de serre » (page 41).

3- Les arbres, c’est tellement beau. C’est beau à la floraison, c’est beau en pleine frondaison, c’est beau à la fin de cette frondaison. Ecoutons Abel Hermant, architecte : « Avec plus de force et de pureté que le plus bel édifice humain, l’arbre nous donne un exemple d’équilibre parfait entre la fonction, la structure, la forme et l’action : exactitude et harmonie qui se nomme beauté » (page 71).

Je vous laisse juge. Mais moi, j’arbitre pour les arbres en ville, chez moi à Agen, en connaissance de cause.

Et bonne nouvelle, à Agen et un peu partout en France ! le retour en force de l’arbre est bien engagé.

A Agen, nous avons à la fois ramené les arbres au cœur du cœur de notre Centre-ville (sur notre boulevard de la République piéton, mais aussi boulevard Carnot, boulevard Scaliger, boulevard de la Liberté, etc…). Mais nous avons aussi planté des centaines d’arbres dans nos parcs urbains et notamment à Passeligne. A Agen, elle nous semble bien loin la chanson de Maxime le Forestier « Comme un arbre dans la ville » (Ecoutez à https://www.youtube.com/watch?v=clDxk0Wh--4)

En France, notre forêt est en croissance constante et a retrouvé, puis dépassé la superficie qu’elle occupait à la fin du Moyen Âge. En métropole, la superficie forestière progresse de 0,7 % par an, depuis 1980. Aujourd’hui, la forêt en France métropolitaine couvre 16,9 millions d’hectares, soit 31 % du territoire. C’est l’occupation du sol la plus importante après l’agriculture qui couvre plus de la moitié de la France métropolitaine.

Alors, tout est bien dans le meilleur des mondes ?...certainement pas.

Nous devons continuer à verdir nos villes avec enthousiasme et à planter des arbres en priorité là où il y a besoin de fraicheur en été, d’une plus grande pureté de l’air respiré …et de beauté.

A Agen, c’est d’abord dans notre cœur de ville, dont nous sommes si fiers, mais que nos anciens nous ont transmis si dense et minéral qu’il y fait l’été une chaleur étouffante. Je crois sincèrement qu’il nous faut mettre le verdissement de notre cœur de ville comme une des priorités de notre programme municipal 2020-2026.

Pour la qualité de notre air et la beauté de notre ville, il m’est venu une idée que je soumets par ce blog au débat public. Un des rares espaces de taille significative non construit de la Ville d’Agen est le plateau de l’Ermitage. (80 ha, actuellement possédés par des propriétaires privés pour l’essentiel, certains d’entre eux étant exploitants agricoles).

C’est un lieu magnifique qui surplombe la vallée de Garonne et qui ouvre vers le Sud et les Pyrénées un point de vue à 180° sur une centaine de kilomètres.

C’est aussi un lieu d’histoire, plus précisément, c’est le lieu de naissance de notre ville, de l’oppidum Celte, Agin (la montagne en Celte) qui donna naissance à l’Aginum Latin, puis à notre Agen contemporain.

Pour tout un ensemble de raisons (contraintes archéologiques, coût exorbitant de la viabilisation d’un tel lieu, …) nous ne construirons pas sur le plateau de l’Ermitage.

Et si patiemment, en respectant toutes les parties concernées, la Ville prenait l’initiative d’y développer un parc forestier urbain, qui répondrait au Nord de la Ville, au parc fluvial urbain que nous avons fait avec Passeligne ?

J’entends déjà l’immense armée de celles et ceux qui vont me dire et essayer de me prouver que :     « Monsieur le Maire, je crois que cela ne va pas être possible…. » et je me vois déjà leur répondre, non sans un malin plaisir : «  Et Pourquoi Pas ? »

Allez, lisez ce petit livre vert  et on en débat ensemble…