Donald Trump vient d'être élu 45ème président des Etats-Unis, démocratiquement (226 millions d'électeurs ont voté) et largement (290 grands électeurs contre 218 pour Hillary Clinton).
Donald Trump a aussi été élu alors que l'ensemble des instituts de sondages prévoyait la victoire certes serrée de sa concurrente démocrate.
Pourquoi le nier, ce matin nous sommes nombreux à être plus que surpris mais K.O, sonné par cette élection.
K.O, nous le sommes d'abord parce que nous étions nombreux à aimer Barack Obama, président digne et décent des États Unis pendant 8 ans ayant gardé une cote de popularité exceptionnelle - plus de 50% à l'issue de ces 2 mandats où il n'a pas été épargné.
Barack Obama laisse un bilan incontestable au niveau économique, le taux de chômage actuel aux Etats-Unis de 5% nous fait pâlir d'envie. Il laisse le même bilan incontestable en matière de justice sociale en ayant enfin réussi à élargir la couverture maladie des américains. Enfin, Obama restera le président qui a remis de la cohérence dans la politique étrangère des Etats-Unis (retrait des troupes d'Irak et d'Afghanistan, lutte implacable conte le terrorisme avec la mort de Ben Laden, accord sur le gel de l'armement nucléaire avec l'Irak, levée du blocus de plus de 50 ans avec Cuba).
Tout n'a pas été parfait : échec diplomatique et militaire en Syrie, violentes tensions raciales... mais encore une fois prenons le temps aujourd'hui en tant que démocrate de saluer un homme d'état, à la fois moderne, efficace et éminemment sympathique. Dans notre KO d'aujourd'hui, il y a la peine de prendre conscience que l'œuvre d'Obama ne sera pas prolongée comme elle aurait pu l'être et risque même d'être partialement défaite.
K.O, nous le sommes ensuite parce que Donald Trump a fait une campagne qui nous rappelle par bien des côtés le populisme démagogique du Front National que nous combattons maintenant depuis plus de 30 ans.
Même fonctionnement de désignation de bouc-émissaire : les musulmans, les mexicains, les chinois... et plus largement l'Etranger. Même pratique mensongère au niveau économique. Oui, Donald Trump fait bien partie de la vague populiste qui balaye l'Europe et les Etats-Unis.
Aujourd'hui plus que jamais, nous devons être fidèles à nos convictions et dire notre opposition absolue à ce discours politique.
Mais la tristesse et la déception, pour légitimes qu'elles soient, sont de mauvaises conseillères. Les démocrates français seraient bien inspirés de ne pas s'y laisser enfermer.
D'abord parce qu'il faut entendre les leçons positives et utiles que contient l'élection de Donald Trump. Les peuples modernes rejetteront de plus en plus violemment leurs élites tant que celles-ci auront un comportement égoïste et méprisant quant à la réalité quotidienne de la vie des citoyens.
Les peuples modernes ne toléreront plus les pratiques corrompues et mensongères d'une partie de leurs dirigeants. Et même si les américains risquent de s'apercevoir rapidement que la campagne de Donald Trump a été, à ce titre, une énorme mystification, il faut bien reconnaître que la candidate démocrate Hillary Clinton était une cible rêvée compte-tenu de son parcours personnel à l'intégrité et au respect de la vérité très contestable.
Il nous faut d'abord prendre acte démocratiquement du résultat d'une élection incontestable dans une des plus grandes démocraties du monde. Qui serions nous pour donner des leçons de lucidité de moralité au peuple américain ? Il a choisi de manière démocratique, de manière souveraine, nous devons non seulement en prendre acte mais profondément respecter ce choix souverain et démocratique.
Le peuple américain a choisi de se donner un dirigeant mais aussi une chambre des représentant un sénat plus motivé par la stricte défense des intérêts américains que par la responsabilité mondiale que confère aux USA leur rang de première puissance mondiale.
Nous devons en prendre acte lucidement et pragmatiquement. Il va nous falloir adapter très vite notre diplomatie économique et militaire à cette nouvelle donne : protectionnisme commercial américain et isolationnisme militaire. Nous aussi, nous devrons probablement nous recentrer sur une vision plus pragmatique et ayant clairement pour priorité la défense des intérêts de l'Europe et de la France.
Cette perspective n'est peut-être pas la plus exaltante des années à venir mais d'une part nous n'avons pas d'autre choix raisonnable que celui-là et d'autre part, cette élection de Donald Trump n'est pas la fin du monde, l'avenir n'est écrit nulle part.
À nous d'être à la fois fidèle à nos convictions et totalement ouvert aux événements.
OK avec deux observations:
1) On peut espérer qu'en France et ailleurs en Europe, le socle de culture et de conscience politique à la sortie d'un siècle suicidaire soit plus solide qu'aux USA. En outre, malgré nos ignorances géographique et économique sur le monde contemporain nous pressentons que désormais le monde (Amérique, Chine, Russie...) ne nous attend pas...;
2) Nous les centristes réellement démocrates devons trouver les mots et arguments pour convaincre ceux qui se sentent marginalisés et méprisés que ça vaut le coup d'affronter la réalité et donc de relever le défi de l'Europe et de la mondialisation.
Pour cela "les élites" doivent face aux démagogues assumer leur clairvoyance tout en respectant le peuple. A cet égard dire face à un ouvrier que "pour se payer un costard il faut travailler" est pour moi une évidence qui est une forme de respect.
Vous comprendrez que je me mets en marche avec Macron...
"sur le gel de l'armement nucléaire avec l'Irak" je pense que c'est plutôt que c'est l'IRAN