A l’heure où j’écris cette chronique, Dimanche soir, nous sentons tous que l’on approche du point de dénouement…….et de l’heure de vérité. (Depuis, nous avons appris l'annonce d'un accord à l'unanimité ce Lundi matin. Nous le recevons avec un bonheur mesuré car il ne change pas en profondeur les données de la crise grecque).
L’heure de vérité d’abord pour la Grèce ….cette fois, les postures, les jeux de rôle, voir même les stratégies politiques pour renforcer la position du Premier Ministre Tsipras (Référendum, vote solennel au Parlement Grec…) cèdent le pas à une négociation dure, âpre entre une nation souveraine, mais en faillite et ses créanciers (BCE, FMI, Union Européenne….)
L’opinion publique, nous tous, découvrons avec stupeur combien ces négociations sont incertaines et tendues comme elles le sont classiquement entre une banque et un mauvais payeur. La confiance, valeur clé de tout accord entre personnes ou entre états, n’y est pas, n’y est plus. Dès lors, la parole des uns et des autres est suspectée de duplicité et pour couvrir ce risque de duplicité, des mesures de plus en plus dures sont clairement envisagées…..
Essayons d’y voir clair dans ce qui s'est joué, cette nuit, à Bruxelles et ensuite de construire une position politique centriste en fonction de nos valeurs fondatrices :
1 – A Bruxelles, il s’agit d’abord de négocier un nouveau plan d'aide financier pour la Grèce pour lui permettre de payer ses prochaines échéances
L’Eurogroupe s’est accordé pour estimer qu’un troisième plan d’aide à la Grèce devrait peser entre 82 et 86 milliards d’euros.
2 - Pas de rééchelonnement de la dette dans l'immédiat, mais possibilité dans le cadre d’un accord global
En revanche, ce soir, il n’y a pas encore de consensus sur l’épineuse question de la soutenabilité de la dette Grecque et d’une éventuelle restructuration de la dette grecque, la proposition de l’Eurogroupe peut se résumer de la manière suivante: « Dans le contexte d’un éventuel programme (…), l’Eurogroupe se tient prêt à envisager de possibles mesures additionnelles pour adoucir le service de la dette grecque, si nécessaire » par un rééchelonnement. En revanche, une réduction pure et simple de la dette est exclue.
3- En contre partie, l’Etat Grec se voit imposer des mesures urgentes
L’Eurogroupe demande à Athènes de légiférer d’urgence sur certains dossiers chauds, d’ici mercredi, pour « reconstruire la confiance », entre les créanciers et Athènes. Il s’agit notamment de légiférer sur la TVA, les retraites, la procédure civile, l’indépendance de l’Office grec des statistiques. Ces nouvelles lois seront un préalable à la reprise des discussions pour un plan d’aide.
4- Des abandons de souveraineté nationale imposés en cas de situation de faillite d’un Etat-membre
L’Eurogroupe exige d’Athènes des abandons de souveraineté et demande à la Grèce de soumettre aux institutions créancières certains projets de loi avant de les passer au Parlement. « Le gouvernement doit consulter et obtenir l’accord des institutions sur tout projet de loi dans certains domaines importants (…) avant de le soumettre à une consultation publique ou au Parlement », selon le texte de l’Eurogroupe.
Voilà donc l’enjeu du compromis adopté,
C’est clairement l’heure de vérité pour la Grèce. Elle ne peut pas à la fois demander à nouveau l’argent de l’Europe et ne pas se doter d’un véritable Etat capable de lever l’impôt équitablement, de lutter contre la corruption ainsi que d’une politique budgétaire respectant les règles communes européennes.
Et voila bien le nœud gordien de ce qu’il faut bien appeler le drame grec : d’un côté, une nation démocratique souveraine, Etat-membre de l’Union Européenne, de l’autre, l’Euro, monnaie commune de 19 Etat-membres. L’Euro est de fait la copropriété de ces 19 Etats-membres et le règlement intérieur de cette copropriété est le fameux traité de Maastricht de 1992 qui fixe les règles budgétaires à respecter par chaque membre…. Plusieurs membres - dont la France - ne les respectent pas. La Grèce est clairement le plus mauvais élève de la classe…..
Qui commande en cas de conflit entre un Etat-membre souverain et l’Eurogroupe ? Qui sanctionne ? quelles sont les sanctions ? voila les très lourdes questions posées par la crise grecque….
Pour la Construction Européenne, aussi, le drame grec sonne l’heure de vérité.
Ou bien , comme souvent dans sa tumultueuse histoire, l’Union Européenne rebondit sur cette crise pour prendre la main et poser les fondations d’une gouvernance monétaire et budgétaire fédérale commune. Elle devra impérativement veiller à la légitimité démocratique de cette gouvernance (responsabilité devant le Parlement Européen).
Ou bien, l'Europe se montrera incapable de relever ce défi d'une gouvernance monétaire et budgétaire, partagée et démocratique. Alors, irrémédiablement, la zone Euro d'abord, l'Union Européenne ensuite, se déferont.
Oui le drame grec sonne bien l'heure de vérité pour l'Euro et pour l'Europe.
Amitiés
Merci Jean de cette analyse claire des conséquences de la crise grecque qui renvoie actuellement aux exigences à avoir à l'egard d'un débiteur devant gérer avec beaucoup plus de rigueur mais aussi à une opportunité à terme -et que je partage- d'aller progressivement vers une Europe plus intégrée, plus politique.
En analyse des causes de cette situation, il reste que l'on doit aussi s'interroger, en circonstances atténuantes pour le peuple grec et qui lui les mérite , sur le laxisme qui en son temps a conduit les dirigeants européens à intégrer trop vite la Grèce dans la zone Euro avec peu d'exigences sur les critères de convergence. On doit se questionner aussi sur l'abandon un certain temps de tout contrôle par l'Eurogroup de la réalité de l'économie grecque et de la solidité des institutions de ce pays conduit à une telle faillite.
L'Europe ambitieuse à la Jacques Delors c'est bien , une Europe politiquement intégrée et raisonnable c'est mieux !
Votre analyse est claire et vous êtes cohérent.
En ce qui me concerne, je suis consterné, nous assistons tout simplement à un Munich économique et monétaire, à la soumission à la politique allemande.
C'est terrible pour le peuple grec !
C'est cela que vous souhaitez pour la France ?
Parce qu'un jour ce sera notre tour, et je pense que les résistants à ce nouveau Saint-Empire Romain Germanique ne seront peut être pas très nombreux au début mais leur nombre grossira à mesure de la prise de conscience populaire.
C'est un jour noir pour l'Europe.
Beaucoup poussent un soulagement à la suite de "l'accord" (diktat serait plus juste) imposé au Premier Ministre Grec qui (ho ! Mais quelle surprise !) doit maintenant courir, en plus du risque financier, une crise politique qui réjouira sans doute le Président du P.E, mais sans doute pas très longtemps car "grâce" à cette intransigeance dont se flatte certains, il y a tout lieu de croire que les Grecs iront voter (à moins bien sur que la zone euro aille jusqu'à priver ces derniers de toute élection au titre de "l'accord" voté qui exige la consultation des Institutions avant tout "projet de loi déterminant") pour Aube Dorée ou pour le nouvel héros Grec...A savoir l'ex Ministre des Finances, qui lui va sans doute préférer (et on le comprend) sortir son pays de la zone euro (et de l'UE) au titre de l'article 50 du TFUE, dans les plus mauvaises conditions cela va de soi, plutôt que de chercher à (re)discuter avec des personnes qui lui ont (jusqu'à maintenant) seulement présenté leur morgue la plus totale ! Je ne doute pas un instant que les politiques actuels trouveront toutes sortes d'argument pour expliquer, ensuite, pourquoi la Grèce aura été contrainte à un tel "choix'. Quelle importance ? Tant qu'il est possible de se décharger de la moindre responsabilité, tout va bien n'est-ce pas...?
"L'accord" dont tant semble se réjouir (au niveau ds Gouvernements... Économistes, intellectuels, et jusqu'au FMI, et les peuples bien sur) ne mérite pourtant pas de louanges. Non seulement il ne règle rien, mais en plus il souligne d'une manière éblouissante, l'aveuglement (pour ne pas dire autre chose) des gouvernants, parlementaires en tête !
On notera ainsi que, en dépit de l'avis défavorable, unanime, (étrangement ?) de toute personne un tant soi peu insérée dans l'économie...On exige ds Grecs qu'ils l'appliquent ! Un peu comme si - ha ! Mais c'est vrai, c'est précisément ce qu'ils firent ! - les médecins à l'époque de la peste noire, avaient trouvé logique et de bon sens, de recommander à leur patient de surtout ne pas porter de masque et de continuer à partager le même lit ! Une hécatombe ? Qu'importe...On n'a pas mis en défaut le médecin ! Qu'importe... M. Hollande peut se congratuler, ouf ! Qu'importe si cet acte d'autosuffisance s'accompagne d'une réelle problématique humanitaire !
On notera aussi que, alors que là encore tout le monde s'accorde sur le fait que la Grèce ne peut pas rembourser sa dette et qu'il faut donc la restructurer - même le Ministre Allemand le reconnaît - les gouvernants voguent sûrement vers l’abime en croyant plus habile de s'endetter à croire qu'un radeau survit à une chute alors même qu'il est de bon sens de penser que le rameur s'en sortira mieux avec un bateau solide ou en s'écartant de ces lieux hostiles!
Pour moi, cette attitude n'est guère surprenante, car on la retrouve à chaque signature d'un traité. Le texte présente (systématiquement) d'énormes lacunes...Mais il faut le voter quand même. Résultat ? On finit par le violer, avec l'assentiment de la Commission Européenne...Sauf si évidemment on est pas un "bon client". Que l'Allemagne viole Maastricht, peu importe...Mais que l'Italie le fasse, et là on sort l'artillerie lourde ! Je ne parle même pas de la Grèce qui a eu une attaque en règle de la part de la BCE qui, comme par hasard, minimisait ses apports ou lançait des conneries aux médias, juste avant une élection ou évidemment à l'occasion du référendum. Car bien sur, qui peut croire que les banques grecques, solvables le lundi (d'où le maintien de l'ELA) deviendraient soudain insolvables le mercredi (baisse drastique de l'ELA)
Le pire, dans cet accord, tient surtout - pour moi - au rôle qu'on fait tenir au Parlement. Qu'il soit grec ou français du reste. Car quelle importance y a t-il à faire entériner un accord aux deux assemblées françaises...Qui n'ont (à ce jour, à ma connaissance) AUCUN droit de regard sur l'aide que le MES peut apporter à la Grèce (ou pas) ? Et pourquoi faire entériner dans une loi (ordinaire) en Grèce, un accord qui n'a aucune validité juridique (c'est la Commission Européenne qui a la personne juridique, pas l'eurogroupe) mais qui s'emploie à modifier la nature même des Institutions en privant (de fait) une Institution (en l'espèce le Gouvernement) de toute initiative en matière de loi ?
A titre de comparaison, les Révolutionnaires Français, eux, ont fait avalisé par Louis XVI un réel transfert de souveraineté, via la DDHC de 1789, qui elle avait une réelle valeur constitutionnelle. Ils étaient moins hypocrites il est vrai que les actuels rédacteurs de l'accord qui croient sans doute qu'on gobera que la Grèce reste "indépendante" dans ses conditions. Autant prétendre que la France l'était au moment de la signature du traité de Troyes ! Charles VI avait lui (au moins) l'excuse d'être fou. Quel est celle des parlementaires qui semblent s'abuser eux-mêmes ? Notons à ce titre la superbe solidarité entre Parlement... ! Cela ne gène pas tellement les élus Français de voter la dépossession d'un mandat légitime au profit de la troika, qui n'en a reçu aucun !
Au delà de l'aspect juridique - depuis quand une simple loi ordinaire prévaut-elle sur la Constitution ? Depuis quand l'eurogroupe est-il doté de la personnalité juridique ? - on pourra noter que les "européens" sont d'une solidarité à toute épreuve puisque, pour humilier un peuple, on n'hésite pas à bafouer la plus petite des règles des régimes dits démocratiques ! Poutine doit bien se marrer, superbe exemple ! Ha oui... Parlons en quand même. Pas un seul dirigeant n'a pensé que les Grecs, légèrement "vexés" pourraient tout bonnement se jeter dans les bras de toute personne intéressée par les secrets de l'OTAN ou de la politique de défense européenne ? Ou mieux, que en mettant en difficulté un pays qui, au delà de l'aspect financier, va mal, on risquait fort de permettre à des personnes déterminées de s'emparer du pouvoir (laissé vacant donc...) ? Juste au cas où on l'ignorerait "en haut" c'est précisément en se fondant sur le ressentiment, qu'une certaine organisation terroriste a réussi à tailler de sérieuses croupières en Syrie et en Irak !
Comment l'accord, même légiféré, peut-il être "constitutionnelle" ?
3. Tous les pouvoirs émanent du peuple, existent pour lui et la nation, et ils sont exercés ainsi qu'il est prescrit par la Constitution.
La troika "émane du peuple" ?
Bref, même juridiquement, cet "accord" ne vaut pas tripette. Il vaut autant que la promesse de l'eurogroupe (faites en 2014) de restructurer la dette grecque.
Votre analyse est la même que celle de tous les médias français monsieur Dionis, à croire que vous mangez à tous les râteliers comme l'ensemble de vos confrères politiques. Soyons clair : Lors de la crise de 2008 une commission d’enquête bipartite du Sénat américain a rendu un verdict sans appel pointant du doigt les coupables de cette crise et tout particulièrement la banque d’affaires Goldman Sachs et sa consœur allemande la Deutsche Bank. Cette commission a notamment souligné l’échec des régulateurs et des agences de notation restés silencieux face aux activités mondialement nocives du système de l’économie spéculative des usuriers ! Elle a rappelé que « la crise n’était pas une catastrophe naturelle, mais le résultat de produits financiers complexes et à haut risque », « de conflits d’intérêts tenus secrets et de l’échec des régulateurs, des agences de notation et du marché lui-même à brider les excès de Wall Street ». C’est ce même usurier Goldman Sachs qui a été conseiller financier du gouvernement grec lorsque la Grèce a décidé de rejoindre la zone euro ! Il est à l’origine de l’effondrement de l’économie de ce pays à cause des méthodes dissimulatrices et spéculatives employées. Mais il est tellement plus facile d'accuser la mauvaise gestion Grecque... De plus Panagiotis Lafazanis, le ministre de l’énergie grec, et son homologue russe, Alexandre Novak, ont signé vendredi 19 juin un accord qui prévoit la construction d’un gazoduc russe en Grèce entre 2016 et 2019. Ce protocole prévoit aussi la création d’une coentreprise, South European Gas Pipeline, détenue à parts égales grecques et russes et à financement russe. Vous comprenez ou pas ??? Ces derniers mois, les relations entre la Russie et la Grèce n’ont cessé de s’intensifier, alors qu’Athènes peine à trouver un accord avec ses créanciers et que des sanctions sans précédent de l’Union européenne visent l’économie de Moscou. De son côté, Washington s’oppose à la Russie dans le cadre de la crise ukrainienne et voit d’un mauvais œil Moscou envisager de renforcer sa capacité de livraison de gaz au marché européen. L'’Union européenne ne veut pas des Russes, et elle a décidé de saigner à blanc la Grèce pour ses prises de position !!! Cet accord est une mascarade pour éviter de sanctionner une fois de plus les VRAIS responsables : Les banques et les privatisations ! De plus on nous cache des intérêts militaires évidents visant à satisfaire Israël (Le responsable du l’agence pour la privatisation, Costas Mitropoulos, s’est rendu récemment en Israël pour faire la promotion des biens publics grecs à vendre) et les Etats-unis (contrôle commercial de la mer noire). Il y aurait tant à dire mais je n'ai pas le temps pour ça... Renseignez-vous monsieur Dionis, ce qu'on raconte dans les médias est à côté de la vérité.