TAPIE : le contresens

J'ai tenu à laisser passer une semaine entre le conseil municipal de la ville d'Agen du lundi 23 avril et aujourd'hui.

Une semaine pour laisser passer la colère qui s'est emparée de moi à la lecture du compte-rendu fait par la presse, en l'occurrence fait de manière très professionnelle.

Une semaine après, restent les faits. C'est d'abord l'attitude inqualifiable du Maire d'Agen : reprocher à une personne aussi respectable que Marie-Françoise MASSALAZ des comportements racistes, je m'excuse mais c'est bête et méchant. Traiter le président de la Communauté d'agglomération dans la même séance de Tartuffe, mettre en doute, contre toute évidence, qu'il est un homme de culture, c'est aussi bête et méchant.

D'une bêtise rare tellement c'est faux et d'une méchanceté insupportable car fait pour blesser. Après les six démissions d'adjoints et de conseillers municipaux, après la désespérante "guéguerre" entre la CAA et la ville d'Agen, le maire isolé comme jamais s'en trouve réduit aux insultes et à l'agressivité.

Mais le plus grave est le fond car il concerne un de nos quartiers, celui de Tapie-Mondésir où vivent quelques 270 familles agenaises. Ce quartier a une histoire. Elle fut d'abord heureuse dans les années 60-70 puis comme beaucoup de quartiers en France, celui-ci s'est dégradé.

L'équipe du Dr Chollet à l'époque réagit en démolissant le bâtiment B, en le remplaçant par des maisons individuelles mais surtout en créant une animation socioculturelle avec la construction maison de quartier, avec surtout une politique centrée sur l'emploi par le biais de la création de la régie de quartiers.

Bref, un mouvement est créé même s’il est vrai qu’il reste beaucoup à faire.

Là-dessus arrive le projet municipal. N'ayons pas peur des mots, ce projet est un véritable contresens, un condensé de ce qu'il ne faut pas faire.

D'abord sur le contenu. Pourquoi démolir 272 logements alors que certains d'entre eux -aux dires mêmes des habitants - vivent "très bien" ?

Pourquoi surtout se relancer dans une opération de restructuration complète du quartier alors que celui-ci est bien branché sur le reste de la ville grâce à la rue Edouard Herriot ?

En fait, avec plus de 25 ans de retard, Alain Veyret et son équipe se relancent dans une procédure de développement social de quartier donnant contre toute logique la priorité au béton au détriment de l'éducation, l'animation socio-culturelle, l'emploi. Bref, contre tout ce qui fait consensus aujourd'hui en termes de politique publique à mener dans les quartiers défavorisés.

Les habitants de Tapie le disent aujourd’hui : encore aurait-il fallu les écouter. Or, cela n’a pas été fait : aucune consultation, aucune information, aucun dialogue organisés ou si peu !

Contresens ensuite sur l'effort financier. Avons-nous seulement l'idée de ce que représente 44 millions d'euros soit environ 3 fois plus que l'effort consenti en son temps sur le quartier de Montanou deux fois plus peuplé.

Cette somme en soi est la marque d'un projet ni fait ni à faire sans même évoquer un plan de financement des plus hasardeux où la ville d'Agen et Agen Habitat risquent de se retrouver bien seuls. Dans un tel contexte, les contribuables agenais et les locataires d'Agen Habitat auront à payer seuls la plus lourde facture. Rendez-vous sur les feuilles d’impôts et les quittances de loyers !

Contre sens sur le calendrier de ce projet dont les études ont débuté en 2003 et la réalisation annoncée en 2012, excusez du peu...

Que dire encore du sérieux d'une équipe municipale qui n'a pas réalisé un seul projet significatif en 5 ans de mandats, en maîtrise d'ouvrage municipale et qui, aux innocents les mains pleines, propose de faire le premier sur une durée de 9 ans...

Cette durée est elle aussi ridicule en soi. Ou bien le maire d'Agen croit en ce projet et il aurait du le faire en trois-quatre ans, ou bien tout ceci n'est qu'illusion et alors qu'il nous en fasse grâce !

Tout ceci est bien désolant alors que bien évidemment il y a des tas de choses urgentes à faire à Tapie comme dans les autres quartiers d'Agen. Mais c'est une autre histoire. Nous commencerons à l'écrire avec les habitants de ces quartiers dans les prochaines semaines.