Dans le calme de l’été, il n’est pas besoin d’être grand clerc pour repérer la future réforme des retraites comme l’épreuve la plus difficile attendue par le gouvernement à la rentrée de l’automne 2013.
Les 16,4 millions de retraités seront bien évidemment attentifs au sort que lui réservera le gouvernement, mais chacun des actifs se sent, aussi et à juste titre concerné, à plus ou moins brève échéance et a encore en mémoire la dernière réforme de 2010 Woerth-Fillon avec ses deux mesures-phare :
• Le relèvement progressif en six ans, à raison de quatre mois par an, de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans, à partir de 2011.
• Le relèvement progressif de 65 à 67 ans, à partir de 2016, de l'âge à partir duquel ne s'applique plus le mécanisme de décote (dans le cas où le salarié n'a pas cotisé le nombre de trimestres requis pour obtenir une retraite à taux plein). Un salarié du privé de 65 ans à qui il manque quatre années, car il n'a cotisé que 37 ans et demi, devra travailler deux ans de plus, jusqu'à 67 ans, ou subir une décote de 10 %.
Cette réforme a été vécue à juste titre par l’ensemble des salariés comme un effort très important. Présent dans l’hémicycle lors de ces débats, j’ai parfaitement en mémoire la position facile et démagogique du PS sur ce dossier…Il souhaitait à l’époque « mettre à contribution tous les revenus, y compris ceux du capital, en prenant en compte la pénibilité et en maintenant l'âge légal de départ à 60 ans » …..Quitte à faire dans la démagogie, à l’époque, il fallait y aller franchement….
Sauf que les temps changent ……et ce qui avait été annoncé lors de la réforme 2010 se passe : Cette réforme est clairement allée dans le bon sens, mais elle n’est pas suffisante pour rétablir l’équilibre budgétaire du régime des retraites. Dans sa recommandation du 28 Juin dernier, le Conseil Européen a clairement recommandé à la France de mettre en œuvre une réforme des retraites de manière à équilibrer ce régime-clé dans la bataille du redressement des finances publiques de notre pays.
Et Bruxelles a raison :
• D’abord parce que sans nouvelle réforme des retraites, le déficit de ce régime atteindra 22 Mds€ en 2020.
• Ensuite parce qu’au sein des 483 Md€ dépensées par la France en 2011 en prestations de sécurité sociale (tout simplement énorme !!!), les pensions de retraite représentent plus de 56 % de cette somme énorme…
Il faut donc faire une réforme forte, structurante…..Face à ce constat dont nous prenons acte, que fait le gouvernement ? Il nous prépare le plus discrètement possible à une réforme dons les lignes-force seraient les suivantes :
• Les régimes publics et privés ne seraient pas rapprochés davantage qu’actuellement.
•La durée de cotisation serait allongée sans doute à 44ans (+ 2ans et demi par rapport à la situation actuelle), car le gouvernement estime que « c’est la mesure la plus juste à condition qu’elle soit appliquée à tous et à tous les régimes ».
•L’âge légal du départ à la retraite, fixé à 62 ans depuis la réforme de 2010, ne serait pas reculé en accord avec une des promesses de F.Hollande pendant la campagne électorale des élections présidentielles.
Que faut-il penser de cet avant-projet gouvernemental ?
D’abord que plus personne au PS ne parle de ramener l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans, contrairement à ce qui a été dit pendant des semaines dans l’hémicycle en 2010 lors de l’examen de la réforme Woerth-Fillon par les députés socialistes.
Enfin et surtout , la justice et l’équité ne sont en rien des objectifs majeurs de ce projet….Deux critiques fondamentales doivent être adressées à cet avant-projet :
1- Celles et ceux qui sont contraints pour effectuer le métier de leur choix à des études longues sont lourdement pénalisés. Exemple : Un jeune, voulant être médecin et ayant son baccalauréat en poche à 17 ans, aura son diplôme de médecin à 25 ans et devra travailler….jusqu’à 69 ans (25 ans + 44 as d’activité professionnelle) pour avoir une retraite sans décote !!!! C’est le prix très cher à payer du non-relèvement de l’âge légal du départ à la retraite….
2- Il y a pire…..Le gouvernement ne veut pas s’engager dans la construction d’un régime unique pour les fonctionnaires comme les salariés du privé…. Or les différences sont énormes entre les deux secteurs : Moyenne des 25 ans dernières années travaillées et payées pour le privé, 6 derniers mois pour le public pour le calcul de la pension de retraite versée….Primes inclues dans l’assiette des rémunérations pour le privé, pas pour le public………On comprend d’ailleurs pourquoi. Le PS est un parti politique dans lequel les fonctionnaires - soit un peu plus d’un emploi sur 4 en France – sont clairement surreprésentés (que ce soit au niveau des adhérents et plus encore des électeurs). Il faudra beaucoup de courage politique pour proposer une réforme juste et équitable à la France de 2013 et sur ce dossier des retraites, le PS n’en a jamais montré sur les 25 dernières années que ce soit sous Mitterrand, Président ou Jospin, Premier Ministre…
Et que devra être la position de l’UDI dans ce débat ? Strictement celle de l’intérêt national et général, le redressement des finances public dans l’équité, un point c’est …tout ! Si le gouvernement a le courage de prendre ce cap, alors, il faudra le soutenir sans aucun état d’âme. S’il choisit le maintien de l’iniquité, alors il faudra le combattre. Rendez-vous à l’automne….et en attendant Bonnes vacances aux Aoûtiens !
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droits de retraite
et tu n a pas ecrit sur les enormes differences qui concerne les droits de reversion entre prive fonction des ressourses et public, la moitie du, montant de la retraite du decedé, sans s occuper des ressources ! la difference est inacceptable et d une grande injustice
Réforme des retraites
Oui pour une réforme forte et structurante. Oui pour une réforme juste et équitable.
Le courage de notre gouvernement à l'épreuve de la rentrée....
Notre Président devait s'en prendre à la finance, il a pris quelques mesures qui ont douché les milieux financiers, accélérant les départs à l'étranger, mais ses principales victimes, ce sont les catégories populaires et les classes moyennes à travers la modification du régimes des heures supplémentaires, le gel du barème de l'impôt sur le revenu ou la future hausse massive de la TVA.
Comment peut-on entendre rapprocher tous les Français et connaître autant de régime différent.
Pour le sujet des retraites, il est indispensable de rapprocher les régimes publics et privés.
Mais nous n'avons encore rien vu derrière cet écran de fumée qui nous attend et le courage de ce gouvernement pour s'engager dans la construction d'un régime unique pour les fonctionnaires comme les salariés du privé.