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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Prime d’activité jeunes : Arrêtez de nous enfumer, svp !

Publication : 27/04/2015  |  08:08  |  Auteur : Jean Dionis

Commençons par les faits :

Le Gouvernement met en place la prime d’activité au 1er janvier 2016, en remplacement de la prime pour l’emploi (PPE) et du RSA activité. Cette prime devrait permettre de soutenir l’activité et le pouvoir d’achat des travailleurs, qui ont des emplois faiblement rémunérés ou précaires.
Elle se déclencherait dès le premier euro de revenu d’activité et concernerait tous les travailleurs de plus de 18 ans. Elle permettrait notamment une amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs rémunérés autour du SMIC. Son montant dépendrait des revenus d’activité des bénéficiaires, et le bonus sera particulièrement important pour les travailleurs percevant entre 0,8 et 1,2 Smic.

Elle serait ouverte à tous les salariés de 18 à 25 ans, et serait élargie, "par voie d'amendement gouvernemental », à « certains apprentis » et aux étudiants qui exercent une activité salarié importante" (sic !)

La prime d’activité serait de 132 euros par mois pour un plein temps au Smic (célibataire sans enfant), soit +67 euros par rapport au RSA activité. Plus de 5,6 millions d'actifs - dont plus d’1 million de jeunes - seraient éligibles à la prime d’activité.
La dépense annuelle réservée à cette prime d’activité serait proche de 4 milliards d'euros.

Voilà pour les faits…..que faut-il en penser ?

D’abord, on va enfin dans le bon sens, celui de l’encouragement au travail notamment pour ceux qui ont des emplois partiels, précaires et qui, naturellement, comparent avec leurs revenus d’assistance s’ils restaient demandeurs d’emploi. Toute mesure qui pourra creuser l’écart entre la rémunération d’un salarié actif et d’un demandeur d’emploi, à qui la société doit bien sûr un revenu d’assistance, ira objectivement dans le bon sens. Les Français d’ailleurs ne s’y trompent pas. Ils plébiscitent la prime d’activité à droite comme à gauche.

Pourtant, comme souvent avec ce gouvernement, le doute s’insinue vite. Première question lancinante : combien coûtera cette belle mesure ? "4 Mds € - C’est un budget en augmentation par rapport à ce que le RSA activité et la prime pour l’emploi auraient représenté en 2016", a indiqué M. Valls le 3 mars. Un flou artistique entoure l’étude d’impact et l’on comprend vite pourquoi.

Car de deux choses l’une :

- Ou bien les étudiants et les apprentis sont majoritairement inclus et une progression significative est prévue pour le montant de la prime entre ce qu’elle était avec le RSA d’activité et le PPE, et alors nous aurons un coût bien supérieur aux 4 Mds annoncés et l’on retrouve exactement le même type d’incohérence que pour les rythmes scolaires. La réforme est intéressante, mais son financement par le contribuable local ou national, à un moment où la France est vice-championne du monde de la fiscalité, est insupportable….

- Ou bien, le coût global de la fusion est de 4 Mds d’€ , c'est-à-dire à peu près le coût actuel consolidés des dispositifs RSA activités et PPE annoncée et cette réforme qui ne devait avoir que des gagnants…..a bien évidemment des perdants qui verront le montant de leurs primes baisser. Enfumés, levez-vous et comptez-vous…..

Mais, il y a beaucoup plus grave que ce qui s’annonce comme une petite réformette qui va dans le bon sens tout en étant beaucoup plus opaque qu’elle n’en a l’air….Ce qui est gravissime, c’est le chômage des jeunes en France : 25 % !!!! , un jeune sur quatre ! Dans la plupart des quartiers dits prioritaires de la politique de la Ville, le taux de chômage des jeunes grimpe au dessus des 50%....alors qu’en même temps, un million d’offres d’emploi restent chaque année sans réponse : la plupart du temps pour absence des qualifications professionnelles recherchées….

Et dans ce domaine, la France (25 %) se situe à un niveau proche de la moyenne européenne (22,8 %). L'Allemagne, elle, tire son épingle du jeu avec 7,8 % de jeunes au chômage dans le pays tout comme l'Autriche (9,5 %) et les Pays-Bas (11,3 %).

Cherchez l’erreur….l’erreur tragique est dans la politique de l’emploi du gouvernement : baisse de plus de 20% de l’enveloppe budgétaire de soutien à l’apprentissage de 2012 à 2014 et bien sûr baisse en conséquence du nombre d’apprentis en France alors que dans le même temps on consacrait une enveloppe supplémentaire de 1,3 Mds € pour les contrats d’avenir. Or ces contrats d’avenir se révèlent être un contre-sens majeur à l’heure de la réduction des dotations d’Etat aux collectivités locales, empêchant clairement la plupart des titularisations de ces contrats et les transformant ainsi…en contrats « sans avenir », au moins dans les collectivités locales.

Ainsi se dessine en creux la politique de l’emploi pour les jeunes qu’il faudra mener lors de l’alternance de 2017 : Arrêts des contrats aidés dans les collectivités locales, soutien massif à l’apprentissage (l’Allemagne a quatre fois plus d’apprentis que la France !!), transfert de l’apprentissage de l’Education Nationale aux entreprises et aux Régions, …..
Chantier considérable, chantier prioritaire……Nous sommes bien loin de la prime d’activité « jeunes ». Petite réforme, il faut sans doute la mener à condition qu’elle ne coûte pas trop cher à la France ;

Pour le reste, nous ne nous laisserons pas enfumer par un gouvernement qui, en matière d’emploi par idéologie et archaïsme, va d’échec en échec.

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