A moins d’un mois du premier tour des élections présidentielles, la campagne est préemptée de manière frustrante et pour tout dire insupportable par le débat sur les affaires. Sur ce point, je me suis exprimé clairement : c’est un débat important, mais la priorité doit rester au projet….
Alors puisque les grands médias nous saturent avec le débat sur la moralité, concentrons-nous sur la comparaison des projets des principaux candidats. La semaine dernière, nous avons traité de l’emploi. Cette semaine, je vous propose de nous intéresser aux retraites.
C’est clairement un sujet majeur.
C’est d’abord un enjeu de cohésion sociale pour la France. Traite-elle, traitons-nous dignement nos anciens, qui ont construit et accumulé la richesse dont nous bénéficions tous aujourd’hui ? la solidarité nationale doit d’abord s’exercer envers les femmes et les hommes qui nous ont précédés dans la vie active.
C’est ensuite un immense défi budgétaire et financier. 14 millions de retraités en France en 2016 touchant une retraite brute moyenne de 1 300 € / mois.
Les dépenses sociales représentent plus de la moitié des dépenses publiques de notre pays, les retraites constituant de loin le poste le plus important parme celles-ci. Les réformes engagées ces dernières années ne suffisent pas à assurer l’équilibre de notre système par répartition et l’allongement de l’espérance de vie doit être pris en compte pour en assurer la pérennité et garantir le maintien du pouvoir.
Ce cadrage étant posé, que disent les cinq principaux candidats (Le Pen, Fillon, Macron, Hamon et Mélenchon) sur ce sujet où il est plus difficile que sur d’autres de tricher ?
Le Pen et Mélenchon proposent le même retour démagogique à la retraite à 60 ans dans une belle unité des extrêmes. Selon les modalités de mise en œuvre, ce retour à 60 ans coûterait de 20 à 40 milliards d’euros supplémentaires par an. Le déficit actuel de nos régimes de retraite est déjà de 10 à 12 milliards par an… rajoutez-y 30 milliards. Vous mettez nos régimes de retraite en faillite en 2 ou 3 ans. Bien sûr, silence radio sur les moyens de financer ce retour : Baisse des pensions ? Fiscalité supplémentaire ?
Hamon est discret et immobile sur le sujet : statut quo sur l’âge de départ légal à la retraite. Bref, pas grand-chose, si ce n’est le développement des comptes Pénibilité, véritable usine à gaz condamnée par tous les entrepreneurs de France. Et une idée plutôt baroque de transferts de trimestres validés entre conjoints pour favoriser les retraites à taux-plein (quid des divorces, des PACS ?...).
Macron a la même discrétion et le même immobilisme qu’Hamon sur le sujet. On ne touche ni à l’âge de départ à la retraite, ni au niveau des pensions et on se concentre sur la « grande réforme d’un système universel avec des règles communes de calcul des pensions progressivement mis en place. Le fait de changer d’activité ou de secteur sera sans effet sur les droits à la retraite. Avec un principe d’égalité: pour chaque euro cotisé, le même droit à pension pour tous".
Cette réforme intéressante sur le principe est critiquable quant à sa complexité et à la durée de sa mise en œuvre dans un pays comme la France aux 36 régimes spéciaux (cela prendra entre 10 et 15 ans). Elle ne pourra pas participer à la protection des retraites versées immédiatement.
Face à ces propositions soit démagogiques, soit très timides, seul le projet de François Fillon sur les retraites allie force et cohérence.
Il relèvera l’âge de la retraite à 65 ans, parce que seul cet effort permettra de redonner des marges de manœuvre à notre système de protection sociale et de contribuer à diminuer les charges pesant sur les entreprises et les salariés. Il sera ainsi possible de revaloriser les petites retraites et les petites pensions de réversion. Cet effort raisonnable, construit avec l’ensemble des forces politiques, économiques et sociales de notre pays, permettra de refonder ensemble et de manière progressive notre système de retraite, afin de le rendre plus lisible et plus juste.
Cinq mesures fortes structurent ce projet :
- Faire passer progressivement l'âge légal à 65 ans. Le dispositif de départ pour carrières longues sera étendu pour permettre aux personnes ayant commencé à travailler jeunes de prendre leur retraite dès 63 ans. L'âge maximal du taux plein sera maintenu à 67 ans.
- Poursuivre l'harmonisation des règles entre les régimes publics et privés. S’agissant des régimes spéciaux d’entreprises, les nouveaux entrants seront affiliés au régime général.
- Abroger le compte pénibilité inapplicable car trop complexe. Traiter la pénibilité par l'amélioration des conditions de travail, une politique de prévention plus ambitieuse et une prise en compte de la situation réelle des salariés notamment à travers un examen médical individuel, permettant une meilleure reconnaissance de l’incapacité au travail et de l’inaptitude.
- Augmenter les pensions de base de plus de 300€ annuels pour les petites retraites, c'est-à-dire les personnes ayant un montant global de pension de moins de 1.000€.
- Revaloriser les petites pensions de réversion de 10%, ce qui bénéficiera à plus de 300 000 veuves et veufs.
Trop dur, le projet de François Fillon ? Et si nous levions un peu la tête et regardions ce qui se fait ailleurs en Europe ? l’analyse de l’âge légal de départ à la retraite est édifiante : l’Allemagne passe progressivement de 65 à 67 ans, Italie : 66 ans, Danemark, Espagne, Finlande, Pays-Bas : tous à 65 ans , etc…..
Alors, oui, sur les retraites, comme sur l’emploi, comme sur tous les sujets prioritaires, le projet de François Fillon est le plus solide. Il est exigeant ? Oui, il nous demande un effort raisonnable qu’ont fait depuis longtemps nos voisins Européens.
La protection de nos retraites et la volonté de les rendre plus justes et plus lisibles méritent que nous fassions cet effort.