Manuel Valls a dévoilé, il y a une semaine, un ensemble de mesures d’aide aux jeunes, pour un coût de 400 millions d’euros.
Du sapeur pompier Manuel Valls...
Le Premier ministre avait pour l’occasion clairement enfilé la tenue et le casque de pompier chargé d’éteindre l’incendie des manifestations causé par la loi Travail El Khomri en « arrosant » généreusement les jeunes.
Regard sur le sapeur pompier Valls et sur son arrosage sélectif des jeunes de ce pays :
1 - Une aide à la recherche du premier emploi : Sortie de CAP, bac pro, BTS, DUT, licence, licence professionnelle, master, diplôme d’ingénieur ; tous les boursiers entrant sur le marché du travail toucheront une aide à la recherche du premier emploi pendant les quatre premiers mois suivant l’obtention de leur diplôme. Coût budgétaire en année pleine : 130 millions d’euros.
2 - Un effort sur les bourses du secondaire et du supérieur : Bonne nouvelle pour les élèves boursiers des lycées : leur bourse va être revalorisée de 10%. Vont être aussi créées 25.000 bourses annuelles de 1.000 euros pour les étudiants boursiers, dont les revenus des parents ne leur donnent droit qu’à une exonération de droits d’inscription. Les décrocheurs reprenant des études bénéficieront de la même aide. Coût de ces trois mesures : 65,5 millions d’euros.
3 - Plus de places en section de technicien supérieur (STS) : A compter de la rentrée 2016 et pendant cinq ans, 2.000 places supplémentaires seront créées chaque année en STS « en particulier dans les spécialités en lien avec les métiers d’avenir ». Cela représentera 120 millions d’euros sur cinq ans.
4 - Accès simplifié à la CMU-C : Aujourd’hui, un jeune de moins de 25 ans en rupture avec sa famille doit justifier de sa sortie du foyer fiscal pour bénéficier de la complémentaire santé gratuite de la CMU. Un amendement au projet de loi égalité citoyenneté lui substituera une attestation sur l’honneur. Coût de la mesure : 15 à 20 millions pour 30.000 à 50.000 jeunes concernés.
5 - Coup de pouce à la rémunération des apprentis : A compter du 1er janvier 2017, les apprentis de moins de 21 ans vont toucher 200 euros de plus par mois. Cette augmentation, qui coûtera 80 millions en année pleine, sera financée par l’Etat.
6 - Un droit universel à la garantie locative pour les moins de 30 ans : Ce droit existe aujourd’hui pour les étudiants avec « la Clef » et pour les jeunes salariés avec « Visale ». Il va être étendu à tous les moins de 30 ans. Le coût de cette généralisation est évalué à 100 millions d’euros pour 300.000 jeunes par an. Il ne pèsera pas sur le budget de l’Etat puisqu’il sera supporté par Action Logement (le 1 % logement).
Au final, 6 mesurettes coûteuses, dont certaines sont intéressantes (celles à destination des boursiers et des apprentis) et d’autres sont clairement fumeuses (Accès CMUC pour les jeunes de 25 ans en rupture avec sa famille ?!)…mais qui font tout sauf aller au cœur du problème qui est le chômage des jeunes.
Au pyromane Manuel Valls…
Ce qui est urgent et gravissime, c’est, en effet, de faire reculer le chômage des jeunes en France : 25 % !!!! , un jeune sur quatre ! Dans la plupart des quartiers dits prioritaires de la politique de la Ville, le taux de chômage des jeunes grimpe au dessus des 50%... alors qu’en même temps, un million d’offres d’emploi restent chaque année sans réponse : la plupart du temps pour absence des qualifications professionnelles recherchées…
Le vrai drame du système social Français, c’est bien qu’il privilégie, avec ses statuts très protecteurs des salariés, celles et ceux qui ont un emploi par rapport à ceux qui en sont privés : les jeunes et les chômeurs. Le chômage des jeunes est au cœur de la précarité qui frappe nos jeunes en les empêchant de construire leur vie professionnelle, mais aussi affective et familiale.
Et en matière de chômage des jeunes, la France (25 %) se situe à un niveau proche de la moyenne européenne (22,8 %). L'Allemagne, elle, tire remarquablement son épingle du jeu avec 7,8 % de jeunes au chômage dans le pays tout comme l'Autriche (9,5 %) et les Pays-Bas (11,3 %).
Cherchez l’erreur…l’erreur tragique est dans la politique de l’emploi du gouvernement. C’est là qu’on peut accuser ce gouvernement d’avoir été le pyromane de l’incendie de l’emploi en France.
Un premier exemple ? ce gouvernement a baissé de plus de 20% l’enveloppe budgétaire de soutien à l’apprentissage de 2012 à 2014 et bien sûr on a constaté une baisse en conséquence du nombre d’apprentis en France alors que dans le même temps on consacrait une enveloppe supplémentaire de 1,3 Mds € pour les contrats d’avenir. Or ces contrats d’avenir se sont révélés être un contre-sens majeur à l’heure de la réduction des dotations d’Etat aux collectivités locales, empêchant clairement la plupart des titularisations de ces contrats et les transformant ainsi…en contrats « sans avenir », au moins dans les collectivités locales.
Un deuxième exemple ? Manuel Valls a répété son intention de taxer les CDD plus fortement que les CDI en matière de cotisations patronales. Il veut nous faire croire qu’il poussera ainsi les employeurs à transformer leurs CDD en CDI alors qu’il n’aboutira qu’à plus de chômage avec la baisse des CDD, porte d’entrée des jeunes dans le monde du travail.
Ainsi se dessine en creux la politique de l’emploi pour les jeunes qu’il faudra mener lors de l’alternance de 2017 : Arrêts des contrats aidés dans les collectivités locales, soutien massif à l’apprentissage (l’Allemagne a quatre fois plus d’apprentis que la France !!), transfert complet de l’apprentissage de l’Education Nationale aux entreprises et aux Régions, baisse complète des cotisations patronales pour les emplois des jeunes.
Chantier considérable, chantier prioritaire…cadet des soucis de pour le pompier-pyromane Manuel Valls !