J’ai, comme des millions de catholiques, vécu intensément les évènements qui ont secoué récemment l’Eglise Catholique – de la démission de Benoit XVI à l’élection de François. J’avais initialement choisi d’être discret sur ce sujet, mais la phrase simple du Pape François lors de sa première conférence de presse : « Comme je voudrais une église pauvre pour les pauvres » m’a convaincu du contraire….
Entendons-nous bien. En règle générale, je ne crois pas à l’homme providentiel….ni pour la Présidence des Etats-Unis, ni pour la république française, ni pour une quelconque institution. En politique, rien ne m’exaspère plus que cette naïveté collective et chronique à laquelle nous nous abandonnons à l’accession au pouvoir de chaque nouvel élu et qui nous fait tout espérer : « Marchera-t-il sur l’eau ? »…la réponse des faits est inlassablement « non », entrainant son lot de déceptions et de désillusions mécaniques et ravageuses.
Cela fait donc longtemps que j’ai décidé de tempérer mon enthousiasme à l’arrivée de tout nouveau chef politique par une bonne dose de distance critique et , comme saint Thomas, d’exiger des preuves et des actes avant de donner ma confiance….
Et avec le Pape ? Même distance critique ? Même exigence de preuves et de résultats ? Pas si simple ….Je comprends parfaitement que les non-croyants jugent l’Eglise Catholique avec la même grille d’analyse humaine que celle appliquée aux autres institutions. Mais, pour ceux d’entre nous qui sont croyants, l’action de Dieu dans le monde fait partie de ce qui est possible, voir souhaitable et attendu. C’est le sens de notre prière du Notre Père : « que ta volonté soit faite sur la Terre comme au Ciel »…..Pour nous, il est donc possible que l’élection du Pape François soit - au sens étymologique - « providentielle »…..Nous verrons bien et nous serons nombreux à guetter les signes de l’action de Dieu au travers de cette élection.
Je connais bien l’histoire de mon Eglise, de l’Eglise catholique….Deux mille ans de sommets et d’effondrements…et, parmi ces effondrements, le 13ième siècle où l’Eglise menace ruines à force de trahir le message évangélique…..Elle dut son salut à travers ces épreuves d’abord à des saints et notamment à Saint François d’Assise qui, tout en restant fidèle à l’institution cléricale, choisit de vivre radicalement le message de la pauvreté évangélique …..
Huit cent ans plus tard, à la tête d’une Eglise Catholique, qui une fois encore menace ruines sous les effets de la sécularisation, du relativisme ….et plus généralement d’une modernité très matérialiste, arrive un Pape du bout du monde, qui prend pour nom François, et qui « voudrait une Eglise pauvre pour les pauvres ». Sera-t-il signe de Dieu ou Pape trop humain ? Trop tôt bien sûr pour le dire, nous pouvons juste l’espérer au fond de nous-mêmes….Mais, le message évangélique de priorité aux Pauvres, celui des Béatitudes, lui, est de retour avec le Pape François ….Et si c’était le secret de la longévité extraordinaire et incompréhensible de l’Eglise Catholique, quand on la contemple avec des yeux trop humains ? Elle est porteuse d’une parole, d’une « Bonne Nouvelle » qui la dépasse complètement …Quelques soient les vicissitudes de son histoire, le message évangélique resurgit, irrépressible, indéformable….
Ecoutons le Pape François raconter comment il a vécu son élection : "Durant l'élection, j'étais à côté de l'archevêque de Sao Paulo Claudio Hummes, un grand ami (...) Quand les choses sont devenues dangereuses, il m'a réconforté. Quand les votes (en ma faveur) ont atteint les deux tiers, il m'a serré dans ses bras et embrassé et m'a dit : 'Et n'oublie pas les pauvres !'". "Immédiatement, en relation avec les pauvres, j'ai pensé à François d'Assise, aux guerres (...) l'homme de la pauvreté, l'homme de la paix"
L’Evangile affirme dans les Béatitudes : « Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux ». Toutes les forces dominantes de notre société proclament le contraire : « Heureux les riches…. ». Un drôle de vent se lève avec le Pape François, dont le ministère ne s’annonce pas comme « un long fleuve tranquille ».
Et moi, et nous, face à cette résurgence indomptable de la source évangélique, que disons-nous de tout cela, que faisons nous de tout cela ? Avec les pauvres ? Avec les riches ? Sans sombrer ni dans le manichéisme, ni dans la négation imbécile de la complexité de nos sociétés, il nous faudra choisir.
Blogging
› Voir tous les billets du blog
Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire
Le Pape choisi par Dieu
Je suis croyant chrétien évangélique et comme vous Jean j'ai suivi l'élection du Pape et les premiers mots qu'il à prononcer m'on fait dire que Dieu avait choisi celui qui sera le représentant de l'église catholique. Comme vous j'ai vu en cet homme une personne humble qui vit l'évangile et qui souhaite la proclamer en tout lieu. Le Pape l'a dit une église pauvre pour les pauvres le vrai message de l'évangile est aussi pour les riches, pour les non croyants, c'est un message de paix pour chacun d'entre nous.
Un homme sortant du bout du monde afin de porter l'église catholique et du message quelle contient celui de paix.
Convictions
Merci, cher Jean Dionis, de votre franchise et de votre simplicité. Ce message venant d'Agen, que j'ai quitté depuis longtemps, me touche beaucoup. J'étais enfant de chœur à Ste Foy autour de 1950 et, à l'époque, nous servions la messe vêtus comme de petits cardinaux. Ce sont des choses qu'on n'oublie pas.
François
Saint François d'Assise est l'un de mes Saints préférés et c'est par lui que depuis bien longtemps j'essaie de me mettre sur les pas du Christ.Depuis, je m'interroge bien souvent,"qu'en est-il de la pauvreté de l'Eglise?" .Mais attention! La pauvreté n'est pas que matérielle, elle existe dans tous les domaines.Attention à l'église propriétaire et pas assez humble au risque de se replier sur elle-même!
Avec une amie,et soutenues par notre curé ,nous avons récemment mis sur pieds "le repas fraternel" qui a lieu un dimanche par mois dans une salle paroissiale et qui consiste à réunir toutes personnes de tout âge, de toute religion, et de tous pays qui apportent leur pique-nique que nous mettons en commun et que nous partageons.Le nombre croissant de ces personnes et le grand succès de ces rencontres nous montrent à quel point les gens ont soif d'amour et de partage. Lorsque l'on m'a demandé d'assister au conseil pastoral de la paroisse pour faire un rapport sur "ces repas fraternels" et à la question posée:"Comment faites vous le lien entre l'église Catholique et ces rencontres",moi-même ne m'attendant pas à cette question, j'ai répondu spontanément :"La fraternité" puis "Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres", citant ainsi une phrase de Saint Jean , une phrase toute simple non préméditée qui reprenait tout simplement un passage de l'Evangile.
Depuis la nomination de notre nouveau Pape, je fais le lien entre pauvreté et Fraternité et je suis vraiment très heureuse de cette nomination.
message d'actualité de notre Pape
Cher cousin
Merci pour cette analyse que je partage, et je ne peux m’empêcher de vous envoyer cette lettre du Cal Bergoglio à propos d'un sujet brûlant d'actualité pour la France! qui le fut pour l'Argentine. Ce pape va nous étonner, j'en suis sûre!
Chères sœurs,
J’écris ces lignes à chacune d’entre vous qui êtes dans les quatre monastères de Buenos Aires. Le peuple argentin devra affronter, dans les semaines à venir, une situation dont le résultat peut blesser gravement la famille. Il s’agit du projet de loi sur le mariage de personnes de même sexe.
Ici se jouent l’identité et la survivance de la famille : papa, maman, et enfants. Ici se joue la vie de tant d’enfants qui seront d’avance discriminés, les privant de l’épanouissement humain que Dieu a voulu leur donner avec un père et une mère. Est en jeu un refus frontal de la loi de Dieu gravée profondément dans nos cœurs.
Je me souviens d’une phrase de la petite sainte Thérèse quand elle parle de sa maladie d’enfance. Elle dit que la jalousie du démon a voulu se venger dans sa famille de l’entrée au Carmel de sa plus grande sœur. Ici aussi réside la jalousie du démon par qui le péché est entré dans le monde et qui essaie sournoisement de détruire l’image de Dieu : un homme et une femme qui reçoivent le mandat de croître, de se multiplier et de dominer la terre. Ne soyons pas naïfs : il ne s’agit pas d’une simple lutte politique ; c’est la prétention de détruire le plan de Dieu. Il ne s’agit pas d’un simple projet législatif (celui-ci est un simple instrument) mais d’une movida [1] du Père du mensonge qui prétend embrouiller et tromper les enfants de Dieu.
Jésus nous dit que, pour nous défendre de cet accusateur mensonger, il nous enverra l’Esprit de Vérité. Aujourd’hui, face à cette situation, la Patrie a besoin de l’assistance spéciale de l’Esprit Saint, pour qu’il apporte la lumière de la Vérité au milieu des ténèbres de l’erreur ; cet Avocat est nécessaire pour nous défendre contre l’illusion de tels sophismes avec lesquels on cherche à justifier ce projet de loi et à embrouiller et tromper les personnes de bonne volonté.
C’est pourquoi j’ai recours à vous et vous demande prières et sacrifices, les deux armes invincibles qu’avouait détenir la petite sainte Thérèse. Implorez le Seigneur pour qu’il envoie son Esprit sur les sénateurs qui doivent voter. Qu’ils ne le fassent pas mus par l’erreur ou par des situations conjoncturelles mais selon ce que la loi naturelle et la loi de Dieu leur dictent. Demandez-le pour eux, pour leurs familles. Que le Seigneur les visite, les fortifie, les conseille. Demandez-le pour qu’ils le fassent pour le plus grand bien de la Patrie.
Le projet de loi sera examiné au Sénat à partir du 13 juillet. Regardons Saint Joseph. Et demandons à Marie et à l’Enfant Jésus, avec ferveur, qu’ils défendent la famille argentine en ce moment. Rappelons au Seigneur que Dieu même a dit à son peuple en un moment de grande angoisse : « Ce combat n’est pas le vôtre mais celui de Dieu. » Qu’ils nous secourent, nous défendent et nous accompagnent dans ce combat de Dieu.
Merci pour ce que vous ferez dans cette lutte pour la Patrie. Et, s’il vous plaît, je vous demande aussi de prier pour moi. Que Jésus vous bénisse et que la Sainte Vierge veille sur vous.
Affectueusement.
+ Card. Jorge Mario Bergoglio, s.j., archevêque de Buenos Aires