Au lieu des inoxydables vœux de bonne année de ma part auxquels de toute façon vous ne couperez pas, je préfère partager avec vous mes réflexions de lecture après avoir fini de parcourir mon dernier livre : Les possédés de Fedor Dostoievski.
Pourquoi ce livre ? et pourquoi cet auteur ? Cet auteur parce que depuis le début de ma vie d’adulte, je suis un passionné de littérature Russe. Cela a commencé – bien sûr – avec Guerre et Paix de Léon Tolstoï, livre immense qui popularise – bien avant le film « autant en emporte le vent "– les liens entre nos histoires personnelles et la grande Histoire. Cela a continué avec Tchekov, Tourgéniev, Pasternak…..bref tous ceux qui ont parlé de manière romanesque de cette extraordinaire aventure historique vécue par la Russie au XIXième et XXième siècle…et au sommet de tout cet extraordinaire foisonnement, je place Dostoïevski.
J’ai une admiration sans limite pour cet auteur depuis la lecture des « frères Kamarazov ». il parait que Sigmund Freud a écrit de ce livre qu’il était « le plus grand roman jamais écrit… » Si c’est vrai, alors je suis d’accord avec lui et certains passages de ce livre – notamment celui concernant le retour du Christ sur terre et sa rencontre avec le grand Inquisiteur de l’Espagne Moyenâgeuse - contiennent clairement, pour moi, parmi les plus belles pages que je n’ai jamais lues.
Voilà pour Dostoïevski ….mais les pourquoi les Possédés ? Parce que je ressentais le besoin de réfléchir justement avec cet auteur sur les racines du terrorisme. Je commençais donc la lecture de ce livre à la rentrée de cette année « scolaire »…..et je viens juste de le terminer. Oui, je sais…je suis un très mauvais lecteur. Mes lectures sont fragmentées à l’infini, ensommeillées, placées où je peux (TGV, par exemple) et quand je peux (début ou fin de journée aux paupières lourdes)…..il n’empêche mes lectures sont, pour moi, une formidable oxygénation….et le hasard de ce calendrier de très mauvais lecteur a voulu que je termine ce livre au moment où notre actualité – celle de l’attentat raté du vol 235 Amsterdam-Détroit ou celle des attentas tragiquement réussis au Pakistan et en Irak – nous rappelle la sinistre présence de la menace terroriste. J’ai, alors, bien sûr comme tout le monde écouté les commentaires sur cette actualité ….et cela a fini de me convaincre de la modernité de la pensée de Dostoïevski.
L’histoire du roman se déroule dans les milieux nihilistes de la Russie de la première moitié du XIXème siècle. Elle met en scène la vie dans une ville de taille moyenne russe et sa société, travaillée par toutes les tensions de cette époque, sociales, idéologiques, technologiques. Et au beau milieu de cette société, le roman va placer le projecteur sur un groupe – on ne parle pas encore de cellule – nihiliste. Ce groupe est composé d’une dizaine de personnages très hétérogène en termes d’origine sociale et de charisme personnel mais que cimente une véritable haine de la société présente. Ce sont eux « les possédés »….et ils vont être emportés par une dérive irrésistible qui les amènera progressivement d’actions de désorganisation de la société civile à des meurtres de plus en plus violents de personnes de plus en plus innocentes.
Alors, il faut aimer les romans russes. C’est long, c’est lent …mais au final, c’est sublime de vérité et de profondeur. Les Possédès, pour Dostoïevski, sont des victimes du drame de l’humanisme athée, celui qui faisait s’exclamer à Ivan Kamarazov « Si Dieu n’existe pas, alors tout est permis ! » et le cocktail terroriste se met en place : Haine de la société présente, conviction de sa fragilité (le thème de sa pourriture est étonnamment moderne dans ce roman), …et vertige de l’action sans limites dans une société sans juge ultime.
« Est-il possible de croire ? Sérieusement et effectivement ? Tout est là » s’exclame le héros du roman, Nicolas Stavroguine. Et comme le dit George Philippenkov dans son commentaire, « Stavroguine ne trouve de limite à son immense orgueil que dans l’existence de Dieu. Il la nie et tombe dans l’absurdité de la liberté pour un homme seul et sans raison d’être. »
Plus qu’aucun des autres livres russes que j’ai pu lire auparavant, ce livre annonce que le « le temps des troubles est arrivé » pour la Russie….vision ô combien prophétique pour nous qui connaissons la suite immense et tragique de l’histoire Russe et mondiale avec l’avènement, sur ce terreau idéologique et social, du communisme.
Mais ce livre est d’abord éclairant pour comprendre les ressorts des terrorismes actuels même si chacun, bien entendu, a sa spécificité. Il nous rappelle, à bon escient, que ce ressort central est le ressentiment, la haine d’une société présente – en l’occurrence, pour les terrorismes modernes, la haine de la société occidentale - et ceci s’applique clairement au terrorisme islamique qui est d’abord un terrorisme de ressentiment antioccidental, avant d’être une folie religieuse.
Et tout cela n’est pas neutre bien sûr dans la défense que notre société doit avoir contre cette folie. Elle doit clairement considérer le terrorisme comme un ennemi prioritaire et non comme un phénomène accessoire et ce fut la leçon tragique du 11 Septembre 2001. Mais à plus long terme, le phénomène terroriste ne s’asséchera que lorsque les causes de ce ressentiment antioccidental disparaitront…..et c’est une autre histoire beaucoup plus longue ce qui malheureusement nous préserve de tout optimisme béat en la matière.
Bon, tout cela est assez grave et sombre comme lecture de réveillon. Les Russes ne peuvent pas avoir toutes les qualités. Mais les vacances , c’est aussi le ressourcement ….et Dostoïevski est clairement une source à laquelle nous pouvons puiser pour refonder nos vies quotidiennes…..ou plus prosaïquement Dostoïevski, c’est quand même ce qu’on fait de mieux comme roman psychologique et…policier.
Bonne lecture !
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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire
Pas juste.... ou presque
On peu peut AMHO pas essayer de comprendre les mouvements terroristes internationaux en se basant sur les mouvements nihilistes; Dans ce dernier cas, il y a un rejet de la société dans laquelles les terrorsites vivent et qu'ils refusent. Dans le cas du terrorisme international, il s'agit d'un moyen d'action dans le cadre de conflits asymétriques (http://en.wikipedia.org/wiki/Asymmetric_warfare).
Les actions terroristes nationales telles qu'on peut les trouver par exemple sur le sol séoudien peuvent s'analyser dans un cadre comparable a celui utile pour concevoir les mouvements nihilistes, par contre les mouvements terrosites s'attaquant aux civilisations occidentales doivent se concevoir dans la lignée des mouvements nationaux du vingtième siècle, en tout cas dans leur utilisation de moyens violents....
citations de DOSTOIEVSKI , c'est FAIT D'OR ...
Ah L'IDIOT ...homme bon et aimant ,qui débarque au milieu d'une société artificielle et corrompue ; ne voyant pas complots et intrigues,mais qui parle avec le language du coeur, et sait pardonner
les trahisons de ses amis . SEUL UN RETOUR A DIEU peut sauver l'humanité , mais pas les religions ,trop deformees ,detournees par des hommes qui n'ont pu que transformer les ecrits a leur images:
toute projection n'est que rarement benefique a l'ensemble !..
Salut les freres BOGDANOFF...non ...euh KAMAZAROV ,JESUS a voulu sa liberté et la notre, mais on l'a condamné pour...lui qui avait dit a ses dix-ciples allez voir la bas si j'y suis ; ils y allerent et il n'y etais pas , sur la colline de SION ils ne trouverent que dixfemmesaSION dont l'une etait querulente ! PAS POUR UN CRIME OU UN CHATIMENT mais pour LES CARNETS DU SOUS SOL ou sont LES
POSSEDE(E)S .
Le monde court a sa perte...la misere humaine FEDOR l'a connu en
SIBERIE comme tant d'autres ,ou il nous a transmis que LE SECRET CONSISTE A SAVOIR POLIMENT ECOUTER LES MENSONGES DES AUTRES ET A ...LES CROIRE ? (çamagrippA )
LE PLUS INTELLIGENT EST CELUI QUI AU MOINS UNE FOIS PAR MOIS SE TRAITE D'IMBECILE , helas certains ne le font jamais , ou alors peut etre a un niveau inconscient le matin face au mirroir .
L'homme est 1 machine si compliqué , qu'il a du mal a comprendre les autres et lui meme,et FEDOR dira :on compare parfois la cruauté de l'homme a celle des fauves...et c'est faire injure a ces derniers !
L'art sauvera le monde ,oui FEDOR mais avec certains l'artsouille !
ou l'artsenic ;
OUI LE GRAND BARNUM SECURITAIRE D'OBAMA , dans ce grand desordre, ce chaos planétaire ; qu'il se mefie de ne pas etre la cible de la CIA ou autres services secrets US ,comme JFK et diront c'est AL.....OUI la peur du terrorisme en OCCIDENT .mais combien meurent en IRAK , chiites contre sunnites ,(70 /j parfois) la oui c'est pire que les fausses armes de destruction massive de mr BUSCH
ou BLAIR ;oui il aurait merité la presidence de la CEE (future UE) avec 2 presidents Y viva BARROSO . El que puede hacer aqui ,lo que no se puede hacer alla ; I have a long way,take me back home
.didiou . Mond'la ka pa changé. c.pabon.
Regarde mon doigt tu sentiras pas le coup de pied.
J'ai l'impression que le sujet abordé ici l'est de toute éternité. Le terrorisme n'est pas une invention de l'Islamisme et ses ressorts sont connus de longue date. De la même manière les virus existent depuis toujours mais simplement ils ne sont nommés comme tels que depuis leur découverte. Virus, terrorisme même combat : combien de décès liés au terrorisme et à la grippe comparés à des problèmes endémiques qui touchent la santé physique et psychique de millions de personnes au quotidien dans le monde? Les Etats agitent des peurs tout azimut et gaspillent des capitaux considérables pour presque rien tout compte fait et toute proportions gardées. Au passage ils en profitent pour faire admettre un peu partout dans le monde des lois liberticides et de nouvelles taxes pour servir moins les intérêts des personnes que d'organisations oligarchiques, politiques et bureaucratiques. Les terroristes s'ils font des victimes innocentes sont en lutte en premier lieu contre des Etats et leurs politiques, pas contre les individus. De la même manière les virus n'en veulent pas aux individus mais à une espèce qui colonise par exemple des territoires naturels et confinés (l'exemple du SIDA). Loin de trouver la moindre sympathie pour la violence et les meurtriers, j'ai bien plus peur pour la situation de ces individus qui sont dans les geôles ou sur la potence des Etats simplement pour délits d'opinions et défenseurs de la liberté. Cela concerne par exemple la Chine une pays parfois cité en exemple par des intellectuels de l'UMP et qui sera demain en mesure de nous imposer sans la moindre violence un ordre induit par sa seule puissance économique.
Le terrorisme Islamique bruyant est réactionnelle mais il est est voué à l'échec; l'avancée continue Chinoise, beaucoup moins bruyante, est structurelle et sera certainement victorieuse.
A voir le doigt levé au ciel de Ben Laden par devant on ne voit pas justement le pied botté qui avance par derrière, bien posé sur la terre. Société des médias et du politique préfèrent tout compte fait rassembler leurs clients plutôt que de disserter sur la réalité brute et immédiate des véritables rapports de forces en présence dans le monde. Ce n'est pas le porteur de pétard oriental contre l'Occident, c'est le feu d'artifice du PCC Chinois contre les fondements les mieux ancrés de nos démocraties et de notre humanisme.
Pour finir, le monde musulman est beaucoup plus occidentalisé que la plupart des gens le pensent, et les chrétiens plus orientaux que bien des musulmans : j'oserai en dire deux mots au bon moment. Ce qui m'inquiète bien d'avantage, c'est la tentation extrême orientalisante de nos mandarins locaux depuis quelques temps. Là il va y avoir du sport.
Merci pour ce partage!
Cher Jean Dionis du Séjour,
Je suis très heureux d'apprendre, à la lecture de votre blog, que nous partageons la même passion pour la littérature russe!
Mon initiation est également passé par Tolstoï, mais par le biais de son recueil de nouvelles, en particulier la Mort d'Ivan Illitch qui m'a bcp marquée par sa modernité!
Ms puisque vous parlez culture russe et terrorisme, je me permets de vous conseiller, si vous ne l'avez déjà lu, le livre d'Hélène Carrère d'Encausse intitulé "Le Malheur Russe: essai sur le meurtre en politique", qui parcourt l'histoire russe des princes de Kiev jusqu'à Gorbatchev (l'ouvrage date de la fin des années 80) à travers la place qu'occupe la violence et le meurtre ds la politique et la lutte pour le pouvoir.
Dans ses chapitres sur le XIXème siècle et l'émergence du terrorisme en Russie, elle analyse remarquablement comment celui-ci correspond à l'émergence de la société ds la vie politique au sein d'un Etat et d'une vie politique où la violence est la mère de l'expression politique.
Elle explique ensuite, comment la révolution et le parti, confisquant la violence à la société ont ainsi repris le pouvoir à cette dernière!
J'espère qu'on aura un jour l'occasion d'en discuter quelques instants, peut-être au cours de la prochaine UE!
Amitiés