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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Dans les coulisses de la visite de N.Sarkozy

Publication : 11/07/2011  |  01:51  |  Auteur : Jean Dionis

Mi-Juin, je reçois à Paris un coup de fil d’O.Biancarelli, conseiller politique du Président me disant : « Le Président s’était engagé au dernier congrès de l’Association des maires de France de rendre visite aux maires, sur le terrain. Il nous reste une visite à faire dans le Sud-Ouest. Nous avons pensé à toi. Est-ce que tu es preneur ? » Un peu abasourdi, j’essaye de retrouver un peu de lucidité et je réponds : « Je suis toujours partant pour faire la promotion d’Agen et du Lot-et-Garonne. Et quoi de mieux qu’une visite Présidentielle pour faire cette promotion. Je suis partant ».

Et nous voilà partis dans un travail collectif de plus de trois semaines : A la manœuvre et au commandement, le cabinet du Président (Normal), au boulot, les services de la Préfecture, l’Amicale des Maires du Lot-et-Garonne, et de multiples autres partenaires. La programmation d’une visite présidentielle est un vrai travail de précision où il faut trouver les meilleurs compromis, entre des exigences contradictoires de sécurité du Président (Nous y reviendrons), d’accessibilité du Président par les citoyens, de politique d’image voulue par l’équipe du Président, etc…..Rajoutez à cela les contraintes de l’agenda présidentiel qui rend la visite sujette à annulation jusqu’à l’instant même de son décollage pour Agen (songez que le jour de la visite, les otages français en Afghanistan étaient libérés et que le Président les a reçus à Villacoublay avant de s’envoler à Agen)…..et vous aurez l’ambiance qui fut la notre pendant ces trois semaines…allers, retours, hésitations,…… et finalement un programme en 3 temps :

• Une visite d’Usine : Xilofrance à Damazan
• Un accueil à la Mairie de Brax
• Et la participation du Président à l’assemblée générale extraordinaire organisée par l’Amicale des maires à Brax à l’occasion de sa venue.

Xilofrance à Damazan d’abord : une usine inaugurée il y a moins d’un an qui est à la pointe dans son secteur d’activité (le déroulage de peupliers et de pins et la fabrication de contreplaqués), l’occasion pour le Président de voir les acteurs d’une filière importante et de renouer avec une stratégie payante en 2007 : aller dans les usines et avoir un discours volontariste sur le travail. Pendant la visite, je regarde curieux et admiratif le professionnalisme de N.Sarkozy. Attentif aux femmes et aux hommes qui font tourner l’usine plus qu’aux machines, N.Sarkozy reprend son discours sur travail, mérite et compétition internationale, valeurs sûres de la campagne 2007 et il lui donne, en début de campagne, ce qui va devenir la signature de la campagne 2012 : la situation de nos finances publiques, l’urgence de poursuivre nos efforts si nous ne voulons pas devenir la Grèce, le PS déraisonnable et démagogique avec son programme et ses 350 000 emplois publics et sa promesse de retour à la retraite à 60 ans !!!!....J’observe, j’écoute. La campagne 2012 se dévoile à Damazan. Elle allie les fondamentaux de 2007 et les dures leçons de la crise de 2008-2009.

Déjà la visite se termine, nous sautons dans nos voitures, arrivons à Brax. Le Président serre les mains devant la Mairie, comme prévu….quand un bras se tend au dessus des premiers rangs en criant (je crois ) « et Sarkozy…. » agrippe le Président à l’épaule, le déséquilibre. Le Président a le bon réflexe. Il se dégage vivement en faisant un pas à l’arrière. Puis, cela va très vite…les hommes de la sécurité présidentielle neutralisent l’agresseur en le plaquant au sol. Tout cela, vous l’avez peut-être vu à la télé et c’et disponible sur Internet. lire ( http://www.youtube.com/watch?v=ecaiC4w9uhw). Je suis, à cet instant précis à 1m50 du président séparé par le seul Maire de Brax. Nous enchaînons sur la Mairie de Brax, puis passons un moment dans la loge, préparée pour l’occasion dans le gymnase de Brax. N.Sarkozy demande si l’on connait l’homme qui a fait cela. Je lui réponds que non (à ce moment précis, je n’ai pas la moindre information sur le responsable de l’acte). Je demande au Président si tout va bien, il me répond : « oui ; Tu sais c’est les risques du métier » et il enchaîne, sans broncher, sur la 3 ième partie de la visite, L’AG de l’amicale des Maires du Lot-et-Garonne que je préside.

Notre amicale des maires du Lot-et-Garonne (317 communes, présidée traditionnellement par le maire d’Agen) est une association qui fonctionne bien avec pour rôle principal la défense et la représentation des maires. Elle est fondée, depuis toujours, sur le consensus et l’équilibre droite-gauche. Ce jeudi 30 Juin, c’est plus de 700 élus qui sont rassemblés pour dialoguer avec le Président.
o La réunion commence par mon discours. (lire http://www.jeandionis.com/info.asp?id=1332#154 ) et se poursuit par un échange de 6 questions (3 pour la majorité présidentielle, 3 pour la gauche) entre la salle et le Président. L’exercice est largement balisé par l’équipe du Président. Mais l’échange est de grande qualité. Le Président est à l’aise et en forme ….Il fait des annonce significatives (Une différenciation des normes à respecter dans les bâtiments entre les communes rurales et urbaines et le maintien de la date du 31 Décembre 2011 pour la nouvelle carte intercommunale avec de la souplesse dans son application). Bref, le courant passe, pourquoi ? pour plusieurs raisons sans doute, mais aussi parce qu’Il a été maire pendant …..19 ans. Il connait « la musique », les grandeurs et les servitudes de cette fonction. Je suis un sarkozyste de la « 11 ième heure » et je plaide ouvertement pour une candidature centriste au 1er tour de la présidentielle à venir. Mais, je respecte la capacité de ce Président à réformer la France…..La réunion se termine, ultimes poignées de main et photos. Cortège officiel en trompe vers l’aéroport. Le président s’envole. Il est 14 h. La visite est terminée. ….

Immédiatement, pendant le buffet de l’amicale, je m’aperçois, comme mes collègues, que l’agression du Président, écrase toute la visite médiatiquement. Décevant, ultra-décevant…mais normal. J’apprends dans la foulée …que l’agresseur est …un employé municipal de la Ville d’Agen et déjà mon portable est submergé de commentaires plus ou moins fins sur la ville d’Agen et les fonctionnaires.

Je rentre en Mairie et je me renseigne sur le professeur de musique, contractuel à la mairie d’Agen : Hermann Fuster, responsable de l’agression. Ne pas revenir dessus serait nier l’importance de ce geste sur la personne du Président.

Cela pose d’abord le débat entre l’accessibilité du Président de la République et l’exigence de sécurité pour la première personne de l’Etat. Pas facile….

Agen à travers l’Amicale a participé à l’organisation de cet événement avec beaucoup de sérieux et de rigueur. Le risque « zéro » n’existe pas alors est-ce que ce genre d’incident doit priver le Président d’aller saluer la population ?non, de toute évidence. Il y a donc une vraie tension entre un Président qui veut être accessible et une certaine exigence de sécurité : la fonction de Président de la République n’est clairement pas « normal » pour revenir sur un thème cher à François Hollande.

Le deuxième débat est celui de la sanction de l’employeur, la Ville d’Agen, que je représente, pour un de ses employés ? A mon avis, la faute est avérée. Peut-on accepter qu’un titulaire de la fonction publique agresse la plus haute autorité de l’Etat ? Je réponds non, et ceci pour 3 raisons :

1- H.Fuster a causé un préjudice à la Ville d’Agen. Il s’agissait pour nous de promouvoir la Ville d’Agen. Raté. On ne retient que l’agression du Président.

2- Plus grave, il a causé un préjugé grave à ses collègues fonctionnaires. Ceux-ci sont jalousés, critiqués…..le plus souvent à tort. Car la plupart d’entre eux travaillent bien et beaucoup et souffrent de l’image négative qui circule à leur sujet. Le geste d’H.Fuster a renforcé ces préjugés injustes. Dés Jeudi 14 h, j’ai compris l’ampleur du préjudice à leur égard.


3- Mais ce n’est pas le plus grave. Le plus grave est la faute symbolique commise par H.Fuster. Soyons directs. Pour toutes celles et ceux qui ont un soupçon de respect pour la démocratie en France, il est clair que le Président concentre la légitimité populaire du seul élu au suffrage universel sur l’ensemble de la nation. Dés lors, les choses doivent être claires : On ne touche pas le Président. On peut le combattre politiquement, on peut voter contre lui…..mais on ne le touche pas ! C’est une question de respect minimal dû à la fonction du Président quelle que soit son opinion politique. On est là au cœur de l’attitude démocratique : la minorité doit respecter le vote de la majorité et accepter, sans violence, l’élu vainqueur des élections. Sinon, la porte est ouverte à la violence et la pire, la violence civile…..

Après mûre réflexion, j’ai donc pris la décision de suspendre H.Fuster de ses fonctions et de saisir le conseil de discipline devant lequel je plaiderai la gravité de l’acte d’H.Fuster

Ainsi va l’histoire de la dernière visite présidentielle en Agenais. Le président de la République, qui vient chez nous, c’est toujours quelque chose d’extraordinaire….Normal, non ? Merci pour vos commentaires !

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