J’ai hésité : reprendre mon blog en vous parlant de mon sujet national du moment à savoir l’arrivée de la télévision numérique dans notre département dans des conditions pour l’instant inacceptables……ou vous parler de mon quotidien de député pendant la journée bien spéciale du Samedi.
J’ai choisi de vous parler de mes Samedi car il ya une magie du Samedi…..journée de pleine activité pour moi, mais de repos pour la grande majorité de la société.
Pour comprendre, je vous emmène avec moi faire ma tournée de….Samedi dernier 24 octobre.
8 h 30 : Visite communale à St-Vincent de Lamontjoie, 200 habitants à 20 km d’Agen. Je pars avec mon assistant parlementaire Nicolas. Je suis bougon parce que mal réveillé et forcément culpabilisé de laisser la famille endormie…..et sans père même le week-end. Après 20 mn sur nos routes de campagne. J’arrive à Saint Vincent. Le paysage de l’Albret, superbe, me réveille et me rend ma bonne humeur. Cela m’amuse……l’Albret me fait toujours du bien : secrète alchimie qui mêle la mémoire de mes vacances perdues dans la maison de ma grand mère maternelle à Lausseignan, mon émotion permanente devant cette beauté civilisée des coteaux de l’Albret, presque toscane pour reprendre la belle image de Stendhal parlant du Lot-et-Garonne et ….Nérac, notre petite Genève gasconne pour laquelle j’ai une véritable affection. Je suis reçu par le Maire, M. Pierre Dufust et son conseil municipal. Nous parlons projets de la commune : mise en valeur du point de vue sur le sud et le chaîne des Pyrénées, intercommunalité plus ou moins subie (à tort) avec les voisins des coteaux d’Albret, droits des sols avec la carte communale, restauration de toiles peintes trouvées dans l’Eglise qui auraient appartenu aux templiers, j’écoute et essaye d’aider…..et nous parlons Agriculture. La moitié des conseillers sont des agriculteurs. Ils me disent leurs difficultés avec pudeur et dignité…..Je les respecte et je les aime. Ce sont de bons professionnels et ce sont des « durs au mal »……
11 h : retour sur Agen……Inauguration de l’exposition « 50 choses extraordinaires » au musée d’Agen. C’est en fait la présentation de la collection constituée sur 30 ans par un amateur d’art aquitain présent à l’inauguration…..mais souhaitant garder l’anonymat. Très belle collection mêlant peintures et sculptures, …..et toutes les périodes et styles depuis le 17ième siècle. Moi, qui suis plus un homme de relations et d’action, j’avoue être fasciné par ces hommes collectionneurs hypnotisés ou au moins charmés par les objets. Je discute un long moment avec ce collectionneur, avant qu’il accepte de me la présenter. …… « J’achète des mystères » me dit-il au détour de ses commentaires. Cette phrase me surprend. Je l’interroge. « oui, me dit-il, j’achète des objets mystérieux dont la paternité n’est pas établie…..d’abord parce que cela coûte moins cher, mais surtout parce que c’est moi qui fait la recherche en paternité……et parfois, j’ai la joie d’assister au baptême officiel des œuvres que j’ai choisies…. ». Superbe….
12 h 30 : Je suis en retard, ayant pris beaucoup « trop » de temps avec mon collectionneur. Et pourtant, il me faudrait du temps pour les rendez-vous suivants. Une femme dynamique, au beau parcours de vie dans le privé et dans l’éducation nationale vient me dire qu’elle veut s’engager dans l’action politique. Touché par cette démarche contraire à l’air du temps qui a la dent dure contre la politique, je suis surpris et pris de court…..comment mobiliser cette énergie utilement. Notre vie « partisane » est complètement inadaptée pour répondre à ce genre de propositions. Tant mieux, nous innoverons…..
J’enchaîne avec un repas pris avec un des artistes de notre ville avec qui mon équipe municipale est en froid depuis quelques mois. Comment rebrancher les fils d’un partenariat mis à mal par plusieurs contentieux relationnels qui s’entremêlent ? C’est le pain quotidien des élus locaux. Revenir aux vrais enjeux, dépassionner quand c’est nécessaire, rassembler toujours…….Pas simple….
14 h 30 : Je travaille avec Stéphanie, mon assistante parlementaire, sur l’éditorial du prochain exemplaire de mon journal. Je décide de le faire sur cette lame de fond environnementale…..et de me projeter jusqu’au 18 Décembre à Copenhague, capitale où se tiendra le sommet du G20 consacré au défi climatique. Difficile de dire……quelle sera la couleur de la fumée qui sortira de ce conclave peu ordinaire. Je fais le pari que Copenhague sera un succès, que la magie du Grenelle qui a amené l’Assemblée Nationale à un vote unanime jouera aussi au niveau planétaire. Rendez-vous le 18 Décembre……
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15 h 30 : Rencontre avec les responsables syndicaux de la FDSEA 47. Je les connais bien. J’ai avec eux une vraie proximité de conviction, de culture et d’origine….Je suis donc d’autant plus sensible à l’exaspération qu’ils expriment. Quelle autre catégorie socio-professionnelle accepterait de voir ses revenus baisser de 20% deux années consécutives ? Aucune, bref nos paysans sont des durs alors qu’on leur a collé une image injuste d’assistés. La réunion est tendue, les paroles échangées sont dures…..pourtant avec le temps qui passe, nous arrivons à nous écouter….. Ils attendent les annonces présidentielles du Mardi prochain avec inquiétude. Ils ont voté Sarkozy et revoteront peut-être pour lui. Mais Sarkozy est Parisien.Il mange peu et ne boit pas…….Il déroute en fait les agriculteurs……toujours orphelins d’un certain Jacques Chirac.
17h 30 : Départ pour le Stade Armandie, notre Stade de rugby municipal……Je commence à signer avec la société Phalippou-Frayssinet une convention qui nous fait abandonner les engrais chimiques…..pour du compost organique sur tous les terrains de sport de la ville. Agen est, je crois, une des premières villes à joindre les paroles aux actes. Signe après signe, acte après acte, nous passons « au vert ». C’est cela aussi la magie du Grenelle….Cette petite cérémonie se passe….au siège de notre club de rugby, le SUA…..normal pour nous, le stade Armandie, le rugby, c’est notre culture commune. On s’y retrouve tous les quinze jours, on s’y rencontre….on y fait des affaires, bref c’est en même temps notre église et notre foirail du 21 ième siècle….
Après les affaires….le match Agen-Pau…..Ca commence bien 20 à 3 à la mi-temps. Visiblement, ces palois ne sont pas venus faire la guerre. Changement de partition à la mi-temps. Agen, incapable de « tuer » le match, se fait sérieusement accroché pour finir « petit bras », 20 à 14……Nous ne sommes pas encore en Top 14……Patience…
21 h 00 : Je file à Francescas (26 km) pour ……le grand concours de la poule au pot de la communauté des communes des côteaux d’Albret. La recette esr simple : la communauté paye les volailles et les légumes. Chaque village de la communauté de commune délègue ses meilleures cuisinières qui préparent la poule au pot…..pour les 420 ( !) invités qui, moyennant un ticket d’entrée à 16 euros, se pressent pour passer une bonne soirée. Remise du prix de la meilleure farce et du premier grand prix. L’équipe d’Andiran gagne…..la poule au pot est bonne, nous rions beaucoup….un accordéoniste nous fait chanter notre marseillaise méridionale « le Se Canto » et les inoxydables comme « ah ! le petit vin blanc ! ». Ce soir, encore plus qu’avant, je ressens que le bonheur est dans le pré…..à Francescas.
Ainsi va un Samedi de député, toujours bousculé, toujours riche en évènements et en rencontres….Oui, j’aime ce mandat, parfois épuisant, mais humain qui fait de nous des praticiens du social français et des généralistes du vivre ensemble.
J’exaspère souvent mes collègues et mes collaborateurs en disant qu’un bon député doit faire trois en même temps : législateur à Paris, commercial de sa circonscription partout, assistante sociale chez lui. Ce samedi soir, en me couchant, mort de sommeil, j’en suis plus que jamais convaincu !
Et vous, vous le voyez comment ce mandat de député ? comme disent nos amis les banquiers, votre avis m’intéresse….
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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire
Jean de la terre et gens de l'eau.
En vous lisant Je pensais à une mise en perspective de cette énième tentative de débat relancé sur "l'identité nationale" qui n'a peut-être pas lieu d'être suivant ce qu'en dit par précaution Alain Juppé sur son blog (citant Renan). http://www.al1jup.com/
Mais encore à cette formule Maurassienne quasi-incantatoire sur "la terre" du récent discours de Sarkozy , qui vient s'insérer là tel un coin, entre les grandes ellipses des pontes littéraires nourries de Gaino, ce grand insomniaque de l'Elysée. Je voulais commencer par là où vous finissiez, suggérant que pour bien dormir il faut bien marcher, que le compas des pas alourdis de fatigue donne en quelque sorte la mesure du temps qui passe et le sens des réalités immédiates, qu'il y a dans l'exercice physique de l'arpentage comme la juste mesure des choses en politique.
Cependant Nathalie K-Morizet n'a pas tort de nous interroger sur un monde numérique dématérialisé qui fait sens, comme un lieu commun naissant de mémoire et de sensations, une autre terre, virtuelle, qui s'aborde aujourd'hui tel un nouveau continent, un nouveau monde pour les politiques. Aujourd'hui il faut être partout présent, marquer les endroits et en suivre les multiples contours topographiques : l'ubiquité n'est qu'une facette de ce monde dévoreur de temps et d'espace, "bousculeur" d' un ordre millénaire issu de la géographie physique. L'élu "2" est double sinon triple par définition, ce qui ne signifie pas roué ou superficiel, mais un surmené présent à la ville, aux champs et dans le monde.
Mais que cela soit pour les gens de la terre ou les jeunes navigateurs et nomades de ce nouveau monde liquide, où qu'elle soit et qu'elle qu'en soit la nature, l'identité 'est toujours ce qui nous touche au coeur et en premier. L'air de rien cette chronique est encore une belle 'estocade en plein dans le cadre de l'actualité nationale, mais aussi dans quelques coeurs d'Albret. Lui est "Jean" de chez nous.
Jean le travailleur, Jean le vaillant
Depuis longtemps je sais que tu es volontaire, le travail ne t'a jamais fait peur ; ramasser les poires en ce mois d'août 1975 ne te faisais pas peur. Aussi, cela dérange certaines de l'opposition, car eux , se disant du camp des travailleurs, seulement ils sont pour les 35 heures et surtout ils n'ont d'idées économiques. Toi l'élu tu dois concevoir et recevoir tous les citoyens et au delà de la circonscription. Nous les agriculteurs, nous sommes parterre avec des baisses de revenus impensables et pourtant au prix fort au sacrifice de nos familles, vacances, confort... on recommence semer, planter, tailler... Mais regardons notre paysage agricole, seulement 8 ans en arrière. Disparitions d'un grand nombre de surfarce agricole en cultures spécialisées , pêches , pommes , poires , melon, fraises, pommmes de terre, et je passe surtout les petits légumes. Tu as rencontré les responsables de la FDSEA 47 minoritaire dans le département. Bien qu'il soit exaspéré , il ferai bien de regarder derrière, car ils ont la mémoire courte. Alors grace à ton blog je vais leur rafraichir la mémoire. Se sont bien eux qui ont bien voulu cette politique agricole nationale, réforme franco-française et non européenne, depuis 1988 avec la réforme des cotisations sociales MSA, cotiser à 45% du revenu etde quel revenu? Avec un retour comme les salariés à part qu'à la retraite, toucher un RMI en cotisant. Puis la PAC 92 qui a fini d'assassiner l'agriculture française. Aujourd'hui ils crient au loup, mais les meilleurs d'entre eux sont ruinés sans en rendre compte. Mais le loup national, ne s'appelle t-il pas FNSEA. Tout comme les 35 heures, accepter 25% au delà pour les heures supplémentaires, documents signés par eux mêmes. Que ceux qui sont surpris, ne s'"étonnent pas. Je suis sur que quant tu es à la capitale tu dois avaler du travail comme une autoroute du week--end. Heureusement que tu sais t'entourer de gens compétents et formidables.
Salut Jean fils de la terre et d'arboriculteur
A un de ces jours §