Après les Régionales, rebâtir le Centre

Les dernières élections régionales – osons le dire – nous ont secoués :

• Poussée du Front National en tête dans 6 régions le soir du premier tour
   
• Victoire de la droite et du centre avec 7 régions au deuxième tour grâce à la victoire dans deux régions, PACA et Nord-Pas de Calais, obtenues  avec le soutien actif de la gauche
   
• Bon deuxième tour de la gauche qui conserve 5 régions grâce à des reports quasi-parfaits alors qu’ils étaient annoncés calamiteux et mobilisation des abstentionnistes du 1^er tour en  faveur de la gauche.

Le Centre sauve l’honneur grâce à Hervé Morin en Normandie alors que Philippe Vigier et François Sauvadet s’inclinaient de justesse en Région-Centre et en Bourgogne-Franche-Comté.

Au-delà des chiffres, l’urgence de la recomposition de la droite et du centre saute aux yeux. Nous sommes visiblement arrivés au bout du cycle que nous pouvons baptiser le cycle « de l’UMP ». Commencé en 2002 à Toulouse pendant la campagne de la Présidentielle, ce cycle a duré jusqu’aux régionales 2015.…13 ans pendant lesquels droite et centre ont essayé tant bien que mal de ne présenter qu’un seule offre politique.

Fin du cycle « UMP » tellement il est devenu évident qu’il y a deux offres politiques différentes dans l’espace de la droite et du Centre : immigration, sécurité, accueil des migrants, front républicain, Espace Schengen... Les français perçoivent bien les deux lignes politiques qui s’affrontent à l’intérieur de notre famille élargie : Estrosi et Ciotti ne disent pas la même chose, ni Wauquiez et NKM, ni Raffarin-Juppé- Bayrou d’une part et Nicolas Sarkozy et l’essentiel des cadres républicains d’autre part.

Il faut donc par cohérence politique recomposer la droite et le centre à partir de ce clivage durable : d’un côté les souverainistes de droite et les droitiers (Debout la France, de Villiers, Sarkozy, Wauquiez, Ciotti) et de l’autre, les républicains plus modérés (Juppé, NKM, Raffarin….), l’UDI et Bayrou. Je connais les réticences et les blessures qui empêchent encore une telle recomposition de se faire, mais elles pèsent peu de choses par rapport au poids des évènements (notamment le terrorisme) qui tous les jours fait éclater au grand jour les divergences des deux lignes politiques en présence.      

Je connais l’objection majeure à une telle refondation faisant à nouveau émerger d’un côté une grande formation de droite républicaine et de l’autre un Centre enfin réunifié. L’objection est électorale. Nous sommes effectivement rentrés dans l’ère du tripartisme FN/droite et Centre/gauche (PS-EELV-Front de Gauche). Cela impose donc effectivement une alliance électorale entre Droite et Centre, notamment pour la Présidentielle pour qualifier le candidat de la droite et du centre pour le deuxième tour. Cela s’appelle les Primaires, de plus en plus nécessaire. Mais pour le reste, la droite et le Centre doivent surtout impérativement offrir des lignes politiques fortes aux électeurs français et osons le dire, ce n’est plus le cas actuellement.

Pour nous, militants centristes, il est urgent de confronter, pour l’adapter, notre corpus doctrinal avec les impératifs de la période. Nous sommes fiers de nos convictions avec raison. Nous avons eu raison bien souvent dans les dernières décennies :

• Construction Européenne
• Décentralisation de l’Etat Français,
• Rigueur dans la tenue des finances publiques

Et à un moment où le populisme souffle fort dans notre pays, il faudra bien sûr se battre pour tenir ce cap pro-européen, décentralisateur, et économe de l’argent public.

Mais l’époque nous impose aussi un défi face auquel les centristes ne doivent pas s’échapper. L’époque impose à la France et à ses alliés, une guerre inédite face au terrorisme, sur son territoire national et à l’étranger. Cette guerre impose déjà de fait la modification de l’équilibre fondamental  entre libertés publiques et sécurité nationale.

Reconnaissons le notre corpus doctrinal est faible dans ces domaines-clé de la Défense, de la sécurité intérieure, de l’immigration. Nous devons construire impérativement un « Centrisme de combat » car l’équation géopolitique de la France est malheureusement très stable et elle placera sans doute notre pays en première ligne du combat contre le terrorisme international pour de longues années.

Ce travail – pour si difficile qu'il soit – ne doit pas nous effrayer. Il est la condition sine qua non de la lisibilité de la future formation du centre Droit que j’appelle de mes vœux comme de très nombreux français.

Sans doute aurions-nous préféré à avoir autre chose à construire que ce Centrisme de combat comme priorité politique n°1. Mais l’Histoire nous impose d’abord de reconstruire le centre et ensuite de le faire « assez dur » pour répondre victorieusement  aux exigences de notre histoire nationale.

Alors pour 2016, un seul vœu : ayons la lucidité de voir la vie politique nationale en 2016 à la hauteur de ces enjeux.