Dimanche 15 juin, Jean Dionis remettait les prix du Jasmin d'Argent, le prix littéraire de poésie française et occitane créé par Jacques Amblard en 1920.
"En cette année 2014 où nous célébrons le 150ème anniversaire de la mort de notre poète de langue occitane Jasmin, cette cérémonie de remise du Palmarès du Jasmin d’Argent a une saveur particulière.
Tout au long de cette fin de semaine, plusieurs manifestations se sont succédées pour célébrer cet anniversaire.
Dès vendredi, Jacques Clouché, ancien Président de l’Agglomération d’Agen, fin connaisseur de l’histoire locale et éminent spécialiste de la vie et de l’œuvre de Jasmin a animé une conférence au Centre Culturel. A l’issue de celle-ci, une plaque a été dévoilée sur le bâtiment qui abritait le salon de coiffure de Jasmin et qui lui valut d’ailleurs à Paris le surnom un peu condescendant de « poète-perruquier ».
Vendredi soir, c’est notre théâtre Ducourneau qui a célébré, à sa façon, cet anniversaire avec un spectacle baptisé « Le mystère Jasmin » de grande qualité.
Les temps forts autour de Jasmin se sont poursuivis samedi et votre cérémonie de ce matin vient clore cet hommage rendu par les amoureux de Jasmin, dont notamment tous nos amis occitanistes, en lien étroit avec la Ville d’Agen.
Aujourd’hui, pour reprendre ses mots, je peux m’exclamer « Si Paris me rend fier, Agen me rend heureux ».
Je suis heureux en effet que le Jasmin d’Argent, dans un contexte difficile pour l’écrit en général et de façon encore plus aigüe pour la poésie, poursuive sa belle histoire agenaise. 150 ans c’est un bel âge, mais, Monsieur le Président, si mes calculs sont exacts, vous fêterez en 2020 le centenaire du Jasmin d’Argent !
Cette longévité nous la devons d’abord aux femmes et aux hommes qui font vivre le Jasmin d’Argent. Vous avez su évoluer, vous remettre en question sans pour autant vous écarter l’ambition initiale du créateur du Prix, je veux parler de Jacques Amblard, qui souhaitait créer une Fête de la poésie dans notre ville. Cette ambition peut paraitre dérisoire, futile, pour certains.
Elle est à mes yeux essentielle, elle fait partie intégrante du rayonnement culturel d’Agen.
Victor Hugo disait : « la poésie, c’est tout ce qu’il y a d’intime dans tout ».
Le Jasmin d’Argent est un moment d’intimité qui nous offre une respiration poétique, il nous permet de nous extraire du tumulte de la vie quotidienne.
Ces moments-là sont rares et donc précieux, permettez-moi de vous en remercier.
A ce moment, j’ai une pensée pour Madame Esquirol qui nous a quitté à l’automne 2013 et qui, pendant de nombreuses années, a été un fidèle soutien du Jasmin d’Argent et qui a eu une influence décisive sur le visage culturel d’Agen.
Je suis heureux aussi car votre Prix récompense des poètes en langue occitane. Je n’ignore pas les difficultés qu’ont les langues régionales pour continuer à exister. J’inaugurais récemment notre calendrette agenaise et j’ai été frappé par la joie perceptible de toutes celles et ceux qui ont rendu possible que des petits agenais apprennent l’occitan dès le plus jeune âge.
En donnant une place de choix à la langue occitane qui fait partie culturellement de nos racines, il suffit de voir l’hommage rendu à Jasmin cette fin de semaine pour s’en persuader, vous contribuez à maintenir cette flamme, cette spécificité culturelle à laquelle les agenais sont tellement attachés.
Ce n’est pas un hasard si la croix occitane trône fièrement sur le fronton de la maison commune et accueille les visiteurs à l’entrée de la Ville.
Je suis heureux enfin car le Jasmin d’Argent nous permet chaque année d’accueillir à Agen des personnalités de premier plan.
Pour n’en vexer aucune, je n’en citerai pas mais chacun ici s’en souvient.
C’est toujours un honneur pour moi de les accueillir dans cette Salle des Illustres où les agenais ont rendent hommage à ceux des leurs dont ils sont le plus fiers.
C’est un des privilèges de la fonction de maire d’une Ville que d’avoir l’opportunité de rencontrer des personnalités qui font référence dans leur domaine.
Cette édition 2014 n’échappe pas à la règle puisque cette année c’est Anne-Marie Cocula qui nous fait l’honneur de présider cette cérémonie.
Aujourd’hui nous accueillons certes la Vice-Présidente en charge de la culture et de l’éducation à la Région Aquitaine, mais, nous accueillons surtout une femme de lettres et d’histoire, Professeur Emérite de l’Université Michel de Montaigne.
Chacun ici connait vos biographies de Montaigne, La Boétie et Brantôme mais ce qui m’a frappé dans votre parcours c’est votre attachement à vos racines périgourdines qui constitue le fil conducteur de votre œuvre littéraire.
En faisant le choix de consacrer votre thèse à la Dordogne et aux liens étroits entre les hommes et le fleuve, vous affirmiez déjà cette identité forte.
L’Aquitaine est une terre d’eau et ici c’est Garonne qui a façonné l’histoire de cette Ville et la vie de ses habitants.
C’est dire le plaisir qui est le nôtre de vous accueillir à Agen. Je vous remercie d’avoir accepté de présider cette édition 2014 du Jasmin d’Argent.
Vous êtes, comme nous, une Aquitaine de l’intérieur, la Dordogne et le Lot et Garonne ont d’ailleurs des ADN proches. Votre présence parmi nous aujourd’hui est un beau témoignage d’amitié que vous nous faîtes.
Je ne pourrais pas être des vôtres pour la remise des prix mais permettez-moi avec un peu d’anticipation de féliciter les Lauréats de ce Palmarès 2014.
Je vous assure que je prendrai le temps de lire vos poèmes dans les prochains jours.
Vive Jasmin, Vive le Jasmin d’Argent,
Vive l’Aquitaine et Vive Agen !"