Jeudi 15 juin, j'ai eu le plaisir d'accueillir, en compagnie de mes collègues du Conseil municipal et de nombreux membres de la communauté Camerounaise, Sa Majesté MFONRIFOUM MBOMBO NJOYA Mouhammad-Nabil, Sultan, Roi des Bamouns. Voici le discours que j'ai eu l'honneur de prononcer lors de l'accueil républicain que nous avons offert à ce dernier :
Votre Majesté,
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs les élus de la Ville et l’Agglomération d’Agen,
Chers toutes et tous,
Au nom du Conseil municipal d’Agen et du Conseil Communautaire de l’Agglomération d’Agen, je vous souhaite chaleureusement la bienvenue à Agen et en Lot-et-Garonne.
Nous sommes très heureux et profondément honorés de vous recevoir aujourd’hui dans notre belle Salle des Illustres. Vous trouverez aux murs de cette salle, les portraits des grands hommes qui marquèrent l’Histoire d’Agen.
Bien que nos histoires, celle de l’Agenais et du Royaume Bamouns ne se soient jamais croisées, il n’est jamais trop tard pour commencer un nouveau chapitre.
Nous avons déjà en commun d’être des terres fertiles.
Les Grasslands du Noun portent bien leur nom et sont des terres volcaniques très riches où l’agriculture prospère.
Cultiver la terre, voilà, votre majesté, quelque chose qui rapproche votre royaume de notre terre Agenaise car, chez nous aussi, l’agriculture est une activité, un mode de vie ancestral dont nous sommes particulièrement fiers.
Le Lot-et-Garonne est l’un des greniers de la France avec 61% de terres agricoles, produisant en abondance des fruits, légumes et des céréales. A titre d’exemple, nous sommes le premier département producteur de noisettes et de fraises de France. Et comment ne pas évoquer le Pruneau d’Agen réputé mondialement, résultat d’un savoir-faire vieux de 5 siècles, créés à partir de la Prune d’Ente, mélange entre la Prune Maurine venue de Rome et des Pruniers de Damas ramenés par les Templiers ! L’histoire du pruneau est liée intimement à celle du Lot-et-Garonne.
Mais, aujourd’hui, 13% de nos parcelles agricoles sont labélisées agriculture biologique, preuve que nous savons cultiver notre savoir-faire tout en l’adaptant aux besoins du monde moderne.
C’est cette adaptation que notre Agglomération a accueilli et nourri, avec l’émergence d’une industrie agroalimentaire prospère aujourd’hui concrétisée par la création de l’Agropole et de la Technopole Agen Garonne.
Nous avons à cœur de créer des synergies entre l’agriculture locale et la production agroalimentaire et, je crois que c’est justement ce modèle d’écosystème économique que vous venez découvrir chez nous. Les portes de nos terres sont grandes ouvertes pour vous accueillir.
Par ailleurs, je sais que le Royaume Bamoun et Agen ont en commun d’être des terres ouvertes sur le monde.
Dans votre royaume d’abord, de part certainement le NGUON. Ce festival traditionnel est le miroir de la culture Bamoun dans toute sa splendeur : entre exaltation des traditions locales et concorde populaire, le NGUON est regardé de près par les autorités de l’UNESCO avec lesquelles vous travaillez au classement de cette fête au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.
Votre richesse culturelle s’exprime également dans votre artisanat considéré comme l’un des plus vieux et grand savoir-faire de l’Afrique Subsaharienne.
Du côté Agenais, nous avons également ce gout de l’ailleurs, de l’autre et ses différences, en témoigne les nombreux jumelages de la Ville d’Agen : Tolède en Espagne, Dinslaken en Allemagne, Llanelli au Pays de Galles, Corpus Christi aux Etats-Unis. Nous partageons également un lien d’amitié fort avec nos camarades Japonais de Nishinomiya.
L’ouverture de notre petit pays Agenais sur le reste du monde et notamment vers l’Afrique Subsaharienne s’exprime également au travers de notre coopération décentralisée avec la ville de Djébonoua en Côte-d’Ivoire. De notre amitié avec le peuple Ivoirien est né le projet de les accompagner tant financièrement que techniquement dans la sécurisation de l’accès à l’eau pour toutes et tous. A Djébonoua, nous avons réparé et installé une cinquantaine de pompes à eau pour plus de 56 000 € d’investissement.
Cette coopération nourrit Agen et les Agenais, qui n’ont pas hésité en 2010 à installer dans l’Eglise des Jacobins, écrin culturel de notre Ville, l’exposition intitulée « Arts et traditions d’Afrique ». Elle rassembla une collection de 200 pièces et œuvres exceptionnelles, qui avait, à l’époque, constitué un relais majeur du rayonnement émergent de l’art africain traditionnel en France.
Cette exposition, qui a tant marqué les visiteurs, avait été organisée dans le cadre du Black Africa Mix, saison culturelle organisée pendant près d’un an par notre ville. L’exposition constituait alors le point d’orgue du projet, avec une section spécifique de 40 pièces justement dédiée aux arts du Grassland camerounais et à l’art bamoun. Nous étions donc voués à nous rencontrer, votre Majesté, et le destin à fait son œuvre !
Cette rencontre nous la devons à nos amis Bordelais, Pierre de Gaëtan NJIKAM et Florent CANU. Je remercie également mon collègue Jean-Marie N’KOLLO, Conseiller municipal délégué aux Jumelages et à la coopération décentralisée, pour son engagement au service de la promotion de son pays d’origine.
Il est vrai que dans notre équipe municipale, nombre d’entre nous sommes liés au Cameroun et plus largement au continent africain, je pense à Jean-Marie évidement, mais aussi à Claude FLORENTINY, Baya KHERKHACH ou Mohamed FELLAH. A ce titre, nous sommes honorés de vous accueillir et nous sommes animés d’un sincère respect à votre égard et celles de votre délégation.
J’insiste sur cette notion de respect. Car, même à la lumière des réalités profondes de la société camerounaise et de votre royaume, nous sommes et resterons respectueux de cette part de l’Afrique que vous représentez qui a su cultiver la diversité, qui fait de la mixité son moteur et qui a construit son modèle républicain et démocratique en préservant la tradition comme vecteur d’unité.
Vous êtes, votre Majesté, un symbole de cette paix entre les peuples, l’héritier de cette histoire versicolore et d’une longue et noble tradition. Et pour cela, vous avez tout notre respect.
Mais vous avez également acquis mon respect parce que vous êtes un souverain engagé. Il est rare pour nous autres français, Agenais qui plus est, de rencontrer des souverains au XXIe siècle… mais vous savoir aussi dévoué pour la promotion de votre royaume, vous voir porter cette ambition pour le peuple et la terre Bamoun, votre Majesté, encore une fois vous avez acquis mon respect.
Je conclurais mon propos, en vous remerciant sincèrement de votre venue à Agen et en vous remerciant de l’intérêt que vous portez pour notre territoire et, en paraphrasant Léopold Sédar Senghor, vous dire que « la parole se fait don ».
Aussi, je me permets d’offrir à votre Majesté ce panier de produits locaux pour découvrir le meilleur d’Agen, ainsi qu’un Atlas d’Agen et un livre pour revenir découvrir notre belle Ville quand bon vous semblera.
On m’a également dit que vous étiez sportif, plutôt versé vers le basketball, chez nous le rugby est le sport des rois et je tenais à vous offrir ce maillot de notre équipe agenaise !
Nous avons également préparé des présents pour son altesse Chetou NJOUPOUO MBOMBO NJOYA, mère de Sa Majesté, pour son altesse le Prince Adamou POKASSA MBOMBO NJOYA et enfin à son Altesse, la Reine Awa ZAPPOU MBOMBO NJOYA.
Merci votre Majesté de votre présence.
Merci à toutes et à tous.
Vive le Royaume Bamoun,
Et vive Agen !