Monsieur le Maire, Chers collègues,
Si vous le permettez, je tiens à faire part à notre assemblée des décisions personnelles concernant l’exercice de mes mandats que j’ai été amené à prendre à la suite des élections régionales des 21 et 28 mars 2004.
J’ai participé à cette élection d’abord parce que je crois que la Région est une collectivité territoriale d’avenir.
Au cours de cette campagne, au premier comme au second tour, j’ai affirmé, comme chef de file départemental les espoirs que nous mettions dans une action régionale promise à d’importants développements, grâce notamment à la loi sur la décentralisation que nous examinons au Parlement. Les enjeux régionaux, demain, seront, en effet, essentiels, y compris pour notre ville.
J’y ai participé aussi parce que ma famille politique, l’UDF, y a livré un combat important pour son propre avenir politique et celui du pluralisme à la française.
A l’issue de cette élection, les électeurs Français et Aquitains ont tranché en donnant une très large victoire à la gauche.
En tant que démocrate, j’en prends acte et respecterai profondément la légitimité des nouvelles équipes régionales.
Dimanche dernier, les Lot-et-Garonnais ont donc désigné leurs représentants au sein du Conseil régional d’Aquitaine. Deux membres de notre assemblée municipale sont appelés à y siéger : Laurence Maïoroff et moi-même et ce n’est pas la moindre ironie de ce scrutin que de voir la ville d’Agen longtemps privée de représentation régionale représentée par 2 des membres de l’opposition municipale dans la future assemblée régionale.
L’article LO141 du code électoral prévoit que le mandat de député est incompatible avec l'exercice de plus d'un des mandats énumérés ci-après : conseiller régional, conseiller à l'assemblée de Corse, conseiller général, conseiller de Paris, conseiller municipal d'une commune d'au moins 3 500 habitants.
Elu hier conseiller régional, il m’appartient donc de déterminer si je siègerais au sein de la Région ou si je continuerais de siéger dans cette assemblée.
Au moment de faire ce choix difficile, je n’ai en tête qu’une idée, qu’une volonté : comment servir au mieux ma ville, Agen, mon département le Lot-et-Garonne, et ma région l’Aquitaine ?
Alors que nous avons atteint la moitié de votre mandat, M. le Maire, est-il permis de dire ici, sans agressivité mais sans complaisance, que vous avez fait le choix de cantonner l’opposition dans le rôle le plus limité qui soit.
En effet, dans une municipalité où la démocratie est respectée, l’opposition a à la fois un rôle de proposition et de contrôle. La réalité à Agen est toute autre. Le conseil municipal avec ses différentes commissions est une simple chambre d’enregistrement et je ne peux pas m’y résoudre. Car, pour moi, le conseil municipal d’Agen devrait être le véritable parlement de la ville et nous en sommes loin.
Ayant participé activement à ces commissions lors de l’année 2001-2002, alors que je n’étais pas encore député, je ne peux que déplorer, et ceci sans esprit de polémique, le caractère factice et superficiel du travail qui y est fait. Je dois reconnaître encore une fois que sur ce point, nous n’étions pas bien meilleurs que vous. La démocratie de proposionon à l’intérieur du conseil municipal d’Agen reste à inventer. Et ceci concerne l’opposition mais aussi les membres de la majorité ne faisant pas partie du bureau municipal.
Enfin, je ne peux que constater que le maire et le leader de l’opposition municipale n’ont aucune relation de travail ce qui n’est pas le cas dans la majorité des municipalités qui fonctionnent bien.
J’ai sans doute ma part de responsabilité dans cet état de fait même si, pour l’essentiel, c’est votre fonctionnement autocratique qui est en la cause.
En revanche, la Région a un mode de fonctionnement très différent protégé par ses textes fondateurs, avec, notamment une commission permanente qui associe réellement dans ses travaux, l’ensemble des sensibilités représentées au sein de l’assemblée régionale. J’espère y trouver le moyen, sous d’autres formes, d’être utile à ma ville et à mon département.
Il reste cependant une fonction importante à notre assemblée, celle de caisse de résonance des attentes des agenais et en particulier de la partie de l’opinion publique qui nous a fait confiance pour la représenter dans cette assemblée en 2001.
Cette fonction sera tenue différemment mais pleinement par mes collègues de l’opposition municipale à qui je fais toute confiance pour l’assumer au sein de cette assemblée. L’expression de l’opposition sera plurielle, collégiale. Nos collègues et la presse passablement exaspérés par les longs numéros de duettistes que nous faisions tous les deux n’y verront pas que des inconvénients, loin de là.
C’est pourquoi j’ai pris la décision d’exercer le mandat de conseiller régional que les Lot-et-Garonnais m’ont confié hier. Ce faisant, je démissionnerai dès demain de mon mandat de conseiller municipal. Je souhaite, au nom de l’opposition municipale, la bienvenue à ma remplaçante, notre collègue Annie Gourgue, personnalité agenaise connue et respectée, notamment pour son combat incessant pour la protection de l’enfance.
Annie apportera à notre assemblée son talent et sa passion agenaise. Je fais le vœu que le conseil municipal sache l’entendre, en particulier dans les domaines où elle a acquis une réputation nationale.
Pour ma part, je continuerai à m’intéresser à tous les enjeux importants de la vie agenaise à l’extérieur de cette enceinte et en équipe, je m’attacherai dès maintenant à construire une alternative forte, à la politique municipale que vous conduisez depuis trois ans. Car je crois très profondément qu’Agen aura un besoin impérieux de ce changement lors de l’échéance majeure de 2007.
Au moment de quitter, provisoirement je l’espère, cette assemblée, je veux dire ici que je mets mon mandat de conseiller régional au service de cette ville et de l’action municipale, comme je vous l’avais proposé au lendemain de mon élection comme député : j’espère, M. le Maire, que vous voudrez bien, cette fois-ci, en faire usage.
En 9 ans de conseil municipal d’Agen, j’ai vécu ce mandat comme un honneur, j’y ai trouvé beaucoup de bonheur, ne manquant pas une seule séance de notre assemblée.
Quand on a le cœur en bleu et blanc, c’est pour la vie. Agen et les agenais méritent des passionnés qui mettent toute leur énergie à leur service.
Alors, si les agenais le veulent bien et si les chemins de la vie le permettent, j’espère bien siéger, un jour, à nouveau dans cette assemblée.
Je vous remercie.
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30/03/04 - Jean Dionis élu au Conseil régional d'Aquitaine (son intervention au conseil municipal d'Agen)
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