Veuillez retrouver ci-dessous le discours prononcé par Jean Dionis lors de la réception républicaine à la mairie d'Agen:
Monsieur le ministre, cher Bruno, je voudrais tout d’abord te dire le plaisir et l’honneur que nous avons de t’accueillir à Agen dans le cadre du Séminaire National du Réseau Rural Français.
Tu présdes la clôture des travaux au double titre de ministre de l’agriculture et de ministre de l’aménagement du territoire.
Sur ce séminaire les principaux enjeux de cette seconde édition des assises sont :
- D’instaurer une gouvernance mieux adaptée aux territoires ruraux. La loi sur les espaces ruraux de 2005 est insuffisante et la plupart des élus ruraux attendent une loi cadre consacrant al société rurale qui reconnaitra la spécificité des territoires, l’égalité des chances entre les territoires, l’assouplissement des normes
- De favoriser des synergies entre l’urbain et le rural pour un développement harmonieux de tous les territoires
- De renforcer l’attractivité économique des territoires ruraux et notamment en garantissant l’accès au haut débit, la TNT, la fibre optique, la téléphonie 4G
- D’assurer la protection des espaces naturels et soutenir les efforts de gestion durable des ressources en eau
- D’améliorer le cadre de vie des populations par le maintien du maillage des services, en matière d’éducation, de santé, d’accueil de la petite enfance et en faveur des personnes âgées.
- De mettre en place une péréquation plus efficace au profit des territoires ruraux les plus en difficulté
Monsieur le ministre, cher Bruno, tu es aussi chez nous en votre qualité de ministre de l’Agriculture.
La mairie d’Agen est très heureuse d’accueillir et d’ouvrir ses portes à nos agriculteurs lot-et-garonnais, à leur représentation syndicale dans toute leur diversité, leur représentation par filières. Vous êtes ici chez vous et pour une raison très simple : depuis 2000 ans, Agen n’a pas d’autre vocation qu’être au service des personnes et des territoires qui l’entoure. Si l’agriculture tousse, Agen s’enrhume. Si elle se porte bien, Agen prospère ! c’est notre ADN depuis toujours.
Je tiens dire devant vous chers amis agriculteurs: Bruno Le Maire est un très bon ministre de l’agriculture. Il ne s’est pas imposé à ce poste par son passé syndical ou même professionnel, il s’est imposé par son travail et je peux témoigner que tu es un ministre de parole et de bon sens, cela compte énormément auprès de nos agriculteurs.
En plus, depuis la dernière fois que tu es venu en Lot-et-Garonne, tu as eu une promotion et te félicitons d’être maintenant à la tête d’un ministère élargi avec la ruralité et l’aménagement du territoire en plus de l’agriculture, l’alimentation et la pêche.
Le Séminaire National du Réseau Rural Français. C’est un événement majeur pour notre ville et notre département. Vous le savez, le Lot-et-Garonne est un territoire rural par excellence et nous en sommes fiers. Nous sommes fiers de notre identité, de notre culture, de notre terroir. Bien sûr nous sommes connus pour la production de pruneau. Elle rencontre aujourd’hui des difficultés avec la double menace d’une concurrence agressive chilienne, californienne et du recul des aides européennes. Monsieur le ministre, cher Bruno, tu as accepté de recevoir à Paris en janvier les responsables de cette filière que j’accompagnerai. Je compte sur toi pour cette filière à la fois déterminante au niveau économique, 11 000 emplois dont l’essentiel sur le Lot-et-Garonne et identitaire..
Le Lot-et-Garonne c’est aussi le premier département producteur de tabac en France avec plus de 350 exploitations. Or, la refonte de la Politique Agricole Commune a privé cette filière de 40 millions d’euros d’aides européennes, faisant chuter le prix du tabac au kilo de 4,20 € à 2,80 €, soit une diminution de plus de 40 %. Les tabaculteurs lot-et-garonnais se sont ainsi retrouvés dans une situation mettant en péril la poursuite de leur activité. Face à l’ampleur de cette crise, je tiens à rappeler que tu as reçu lors de la journée d’action du 18 novembre les responsables de cette filière en présence des parlementaires du département et je te fais confiance pour prendre es mesures d’urgence et de moyen terme pour donner un avenir à une communauté humaine qui est exemplaire.
Permets-moi après de quitter els problématiques de filières et d’évoquer devant toi deux enjeux structurels de l’agriculture dans le sud de la France. C’est d’abord le problème de l’eau. Sur l’eau, c’est très clair, sans irrigation, il n’y a pas d’agriculture compétitive dans le sud-ouest. Notre région estd e loin celle du territoire national le plus touché par le réchauffement climatique. Alors que la France s’est réchauffée de 8% en 60 ans, le sud ouest se méditerranise rapidement et a pris + de 2 degrés en 60 ans ; Ici, plus qu’ailleurs, il faut que ton adminustration respecte la volonté du légiolsateur exprimée tant dans la loi sur l’eau que la loi sur le LMA. Il faut permettre de créer des ressources en eau nouvelles et il faut ensuite gérer cette eau de manière raisonnable, en fonction des débits et de l’étiage et non pas en considérant des volumes annuels.
C’est Ensuite, celui du coût du travail. Le Lot-et-Garonne c’est aussi une terre de cultures céréalières, de semences, nous avons également des éleveurs bovins, des producteurs de lait et une grande filière : les fruits et légumes. Et là, nous souffrons des mêmes maux qu’au niveau national. Nous sommes en train de perdre le match de la compétitivité avec les autres pays européens à cause d’un coût du travail trop élevé dans un secteur où la main d’œuvre représente une part importante du prix final. Comment nos agriculteurs peuvent-ils rivaliser quand le coût de l’heure travaillée est de 6 € en Allemagne et 7,80 € en Espagne, 1,60 en Pologne alors qu’il s’élève jusque 13 € en France.
Je le dis avec clarté, la solution se situe dans l’exonération des charges patronales sur le travail permanent comme il a été fait pour le travail temporaire. Alors je ne suis pas naïf : je sais bien qu’une telle mesure, dans une période de restriction budgétaire doit être financée. Sans ambiguïté je pense que c’est à l’aval de la filière de permettre aux exploitants d’avoir une juste rémunération.
Pour revenir au sujet du congrès, le choix d’Agen est particulièrement judicieux parce qu’ici nous sommes des enfants de Fernand Braudel qui avait théorisé dans « L’identité de la France » le statut des villes moyennes comme Agen au service des territoires ruraux qui les entourent. Oui, Agen a vocation à devenir la capitale de la Moyenne-Garonne : un bassin de vie de 400 000 habitants qui va de Bergerac à Auch et de Castelsarrasin à Langon. Pour cela il faut se donner les moyens de nos ambitions avec une ville et une agglomération accueillantes (Agen Cœur Battant, PNUFAG…) et des centres d’activités dynamiques (technopole Agen-Garonne…). On est déjà une capitale du rugby avec notre club phare, le SUA, qui va se maintenir en Top 14, il faut continuer à innover et porter des projets d’avenir. Et là, je m’adresse personnellement à vous monsieur le ministre, cher Bruno, pour ce qui concerne le soutien au titre du FNADT que nous attendons pour notre projet Agen Cœur Battant. Nous avons mis toute notre énergie à faire de notre cœur du territoire agenais un cœur attractif, dynamique et créateur d’emploi et de richesse. Nous souhaitons que la solidarité nationale vienne en appui de la vocation d’Agen d’être au service du territoire qui l’entoure et d’autant plus lorsque celui-ci est un territoire rural.
Pour conclure, le poète affirme que « nous sommes du pays de notre enfance ». Tu resteras donc cher Bruno un fils de Paris et de l’Ile de France. Mais nous savons que nous devenons aussi toujours du pays de nos femmes alors, qu’il me soit permis de saluer ta belle famille et ton épouse Pauline. Tu deviendras donc jour après jour toujours plus agenais et lot-et-garonnais et tu réaliseras la fameuse synthèse de notre poète Jasmin qui est un de nos illustres et qui disait en occitan « Se Paris me rend fièr, Agen me rend uros », « si Paris me rend fier, Agen me rend heureux »… Il me semble que c’est pour toi un beau chemin de vie