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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Respiration Girondine

Publication : 06/06/2011  |  00:36  |  Auteur : Jean Dionis

L’équilibre entre la vie familiale et la vie d’élus est parmi ce qu’il y a de plus sensible et de plus difficile à atteindre car les obligations d’un élu empiètent systématiquement sur le temps usuellement réservé à la famille : les soirées, les Samedi, les Dimanche….

Ma femme le sait pour l’avoir vécu pendant plusieurs années. Elle m’ «impose » donc des respirations pour elle, pour nos enfants, pour nous….c’est d’abord le retour à la grande tradition du repos dominical. Le dimanche est pour la famille et ce n’est pas négociable et puis, une fois toutes les 6 semaines (à peu près…), nous partons tous les deux…..respirer l’air d’ailleurs et je lui suis reconnaissant d'avoir inventé cette hygiène de vie que j’aurais été bien incapable de m’imposer à moi-même.

Et ce grand pont de l’ascension, nous partîmes humer l’air de Bordeaux, de la Gironde et plus spécialement du Médoc. Pourquoi partir dans cette direction, alors que la France est si vaste ? La présence de Claire, notre fille, à Bordeaux a compté bien-sûr. La fascination que j’ai pour l’œuvre municipale d’A.Juppé y est aussi pour beaucoup. Bordeaux en trois cent ans a finalement connu deux grands aménageurs :
* l’intendant Louis-Aubert de Tourny (et oui, les Allées de Tourny, c’est lui !)En 1743, il devient intendant de Guyenne à Bordeaux. Et de 1743 à 1757, il va transformer Bordeaux, embellissant les quais sur la Garonne, aménageant des places, ouvrant des avenues et… créant même un jardin public

* et Alain Juppé, bien sûr.... J’ai une admiration profonde pour la manière dont A.Juppé et son équipe ont réveillé Bordeaux avec la mise en valeur du patrimoine (à travers le classement du Port de la Lune au Patrimoine mondial de l'UNESCO en 2007), le développement du tramway et des transports alternatifs à la voiture, la réhabilitation du quartier de la Bastide à partir de 2000 (construction de logements, d'un jardin botanique, d'une université, d'écoles, de l’école de la Fondation Nicolas-Hulot, du cinéma multiplexe Mégarama, d'espaces publics tels que le Parc des Berges) et ainsi de suite….bref, maintenant je vais régulièrement à Bordeaux « piquer des idées », en ne perdant jamais de vue qu’il ya toujours un facteur 10 qui sépare Agen de Bordeaux ….et je vous conseille franchement d’en faire autant, si vous ne le faites pas déjà.

J’ai alterné Centre-ville pour Agen Cœur Battant (J y’ai même fait les boutiques « branchouilles » du moment : Hermès, Nespresso, Apple store…. ) et Bordeaux-Lac pour notre projet de Lamothe-Magnac où je me suis familiarisé avec les concepts Leroy-merlin (Bientôt à Agen) et Ikea (par encore à Agen….). J’entends déjà les râleurs me dire que lorsque Hermès, Nespresso, Apple Store et Ikéa viendront à Agen, beaucoup d’eau sera passée sous les ponts de Garonne…Je leur réponds que leurs concepts gagnants arriveront chez nous bien plus vite qu’ils ne le pensent !

Quittant Tourny et Juppé, nous passâmes l’après-midi avec Montesquieu, chez lui à La Brède. La Brède est à une demi-heure de Bordeaux. Le château vaut la visite, même s’il doit être possible de faire beaucoup mieux. Mais c’est la mémoire de Montesquieu qui vaut la visite. Elle devrait être obligatoire pour chaque député, ne serait-ce que pour méditer sa belle maxime « “Quand il n’est pas nécessaire de faire une loi, il est nécessaire de ne pas en faire.” Charles-Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu (du Lot-et-Garonne !) , de son vrai nom, est clairement un des penseurs majeurs de ce qui est devenue la philosophie politique. Comment, par quelle alchimie transmute-t-on de hobereau de province à celui de père des Lumières Françaises ? Par la profondeur de ses racines bordelaises (son enfance, puis 6 mois par an jusqu’à sa mort), par le va et vient permanent entre La Brède et Paris, ….et par les voyages (Montesquieu s’offre plusieurs congés sabbatiques de plusieurs années, notamment pour étudier….les Anglais). Il manque à Bordeaux – ou peut-être l’ai-je manquée ?- une fondation Montesquieu pour faire vivre la sagesse de l’inventeur de la séparation des pouvoirs.

Notre soirée fut pour Woody Allen, autre sage …et pour midnight in Paris. Woody Allen s’attaque au fantasme et à la nostalgie de l’âge d’or (en l’occurrence le Paris des années 1920). Ma femme et ma fille eurent la dent dure avec ce film « zéro émotion » (sic). Mais, moi qui suis bon public et qui ai la permanence submergée de personnes qui me demandent : « Jean, Où est notre douce France d’antan ? », j’ai ri de bon cœur, trop heureux que le génial new-yorkais règle son compte à cette illusion dévastatrice de l’âge d’or qui bien sûr n’a jamais existé.

Le reste de notre expédition fut pour le Médoc , son estuaire, ses vignes et ses châteaux, ses vins bien-sûr, ses monuments (Vertheuil …et la citadelle de Blaye de l’autre côté de l’estuaire). Depuis longtemps, j’avais envie de mieux connaître ce Finistère aquitain.

Moi, l’enfant de la moyenne Garonne, qui bous de la voir si maltraitée chez nous, j’aime la voir pleine, majestueuse après le Bec d’Ambés, quand elle prend les dimensions d’une "Mississipi river" et que le paysage devient absolument insolite pour nous et nos coteaux. Tout est plat, sans relief... et pourtant si beau : la rivière, les terres, le ciel, les vignes qui filent à l’infini.

Oui, ce pays de Médoc est pour nous, beau et mystérieux,….comme il est mystérieux, pour nous qui vivons dans un des jardins les plus fertiles de France, notre vallée de Garonne, que ces terres de grave puissent donner….les meilleurs vins rouges du Monde : Margaux, Pauillac, Saint-Estèphe…excusez du peu. Une visite dans un grand crû classé (Margaux – Prieuré-Lichine) nous fit juste sentir – avec une discrétion très bordelaise – l’étendue de notre inculture, mais espérer que si Dieu nous prêtait vie encore vingt ans, et que nous travaillions beaucoup, alors peut-être n’était il pas trop tard pour espérer être initié au soir de nos vies ….

Oui, le Médoc est une impasse. On n’y passe jamais, ni pour remonter à Paris, ni pour descendre en Espagne. Il faut le vouloir ce Médoc tel que je vous l’ai suggéré et encore, je ne vous ai pas parlé de Soulac et de Cordouan, ce phare qui m’a fait tant rêver depuis la plage de Saint-palais-sur-mer, sur l’autre rive, ni même de la côte océane à portée de vélo à partir des vignobles et de l’estuaire.

Le Médoc se choisit. Le Médoc se mérite comme destination.

Nous nous en retournâmes à Agen, heureux de notre bol d’air girondin. Et en ces temps de réseaux sociaux, nous appuyons sans hésitation sur le bouton « j’aime » en face de "respiration girondine".

@ +



Les réactions

voyage stendhalien

merci de ce voyage "à la Stendhal", car la peinture est vivante... et vraie. (plus vivant que "midnight in paris") En tout cas cela donne envie de le faire sur vos pas .
D'accord avec vous 3 sur le film de Woody Allen. Mais surtout les acteurs mal dirigés ne portent pas le film et ses très bonnes idées au delà de l'intellect... Jean-Gabriel

Continuez de vous inspirez de Bordeaux

Cher monsieur le maire ,
seulement quelques lignes pour vous inviter à poursuivre votre rêverie Bordelaise ; en ce sens songez à l'histoire de la rue Sainte Catherine: artère commerçante depuis toujours et colonne vertébrale du Bordeaux urbain ....Toute proportion gardée ( le facteur de réduction étant égal à 10 , comme vous l'avez rappelé) extrapolez légèrement et transposez la piétonnisation de cette artère vers le boulvard de la République ....
Vous vous rendrez alors compte de la bonne direction que vous avez impulsée , mais du chemin qu'il reste à parcourir : vers Jasmin et vers le Pin !!!!
Amicalment
Laurent (un autre admirateur de l'architecture Bordelaise )

Continuez de vous inspirez de Bordeaux

Cher monsieur le maire ,
seulement quelques lignes pour vous inviter à poursuivre votre rêverie Bordelaise ; en ce sens songez à l'histoire de la rue Sainte Catherine: artère commerçante depuis toujours et colonne vertébrale du Bordeaux urbain ....Toute proportion gardée ( le facteur de réduction étant égal à 10 , comme vous l'avez rappelé) extrapolez légèrement et transposez la piétonnisation de cette artère vers le boulvard de la République ....
Vous vous rendrez alors compte de la bonne direction que vous avez impulsée , mais du chemin qu'il reste à parcourir : vers Jasmin et vers le Pin !!!!
Amicalment
Laurent (un autre admirateur de l'architecture Bordelaise )

medoc

Je connais très bien le médoc et j'ai vécu pendant 4 ans au Pian médoc ou j'ai une maison et à Parempuyre....;mon Gand père et mon oncle ont libéré la poche du Medoc en 1945.......les impôts sur bordeaux sont très élevés et nous pouvons remercier aussi Vincent Feltesse le Président de la CUB et Alain Rousset pour le travail sur Bordeaux qui a été fait au détriment des autres communes de la CUB

J'ai des très bons moment de chasse dans le Médoc AU PORGE ont m'appele le becassier ......
je garde un très bon souvenir de ces jours de chasses .......Un lundi après midi au mois de décembre j'ai levé plus de 59 bécasses en 3h
Aucune de morte j'ai tout rate et je n'es pas réussi a ajuster une seule.........
Mais quelle joie pour mon épagneul et c'est mon cousin germain qui a mange toutes mes bécasses de cette année la .....

Voies d'air

Jean,
Merci pour cette très belle évocation de paysages où le ciel rejoint la terre.
Evocation, qui nous fait aspirer à toujours plus de beauté simple, authentique et naturelle dans nos villes.
Vous avez ouvert ces voies... d'air pour Agen et nous sommes confiants dans le succès de vos aménagements qui nécessiteront plusieurs mandats. Ces projets, j'en suis sûr, seront très vite adoptés avec enthousiasme par les Agenais qui retrouveront le plaisir d'une ville embellie, le fil du fleuve et leur histoire.
Bien amicalement
Jacques

mon Bordeaux à moi

n'a pas du tout le même visage que le vôtre.Il est peuplé d'êtres avec qui j'ai fait les poubelles en fin de marché, d'un petit peuple multi-couleur, de relents de vin bien moins fins que ceux qu'on évoque habituellement,de bancs publics sur de discrètes petites places entre rue Ste Cat' et les quais...où on peut s'allonger sur des bancs pour un somme, quand le temps n'est pas trop mauvais. Mon Bordeaux à moi est peuplé dés la nuit tombée de gueux qui déambulent,de taudis crasseux loués à prix d'or où on s'entasse comme on peut. Il sent le mauvais vin, la crasse,et les légumes/les fruits gâtés. Et ce Bordeaux du petit peuple, de pauvres, de prostituées,d'immigrés, d'errants et détudiants qui tirent tant et plus le diable par la queue...ce Bordeaux, mon Bordeaux, qui a depuis longtemps renoncé au culte de la personnalité, même pour "St Juppé", ce Bordeaux là me tient aux trippes, au coeur. Il y avait à une époque un "ventre de Paris" vers certaines Halles... il y a aussi un "ventre de Bordeaux", son coeur,celui d'un peuple, qui bat, non loin de la place des Grands Hommes, dans l'ombre et les recoins...
Je me suis rendue il y a peu dans le Bordelais. Là encore, cher député, nous n'avons pas fait le même voyage. J'y avais rendez vous, convoquée aux petites heures du jour,chez un huissier. Cadillac, belle citadelle aussi, n'est-ce pas? Et son hôpital... Pour me présenter à l'heure à ce rendez vous, je suis partie la veille. En stop. Sac au dos. Avec tente et duvet, et j'ai dormi sur place, aux confins de quelque rivière et d'une girondine Garonne.Cadillac la belle a tout de même des recoins secrets où l'on peut zoner/ pardon: camper, discrètement, esse-dé-èfement...
Pour en revenir à votre projet de centre ville agenais...on peut vachement critiquer le projet. On a des raisons de la faire.Mais on ne peut plus reculer ni faire marche arrière, c'est un fait.Vous, votre équipe, avez lancé le centre ville dans une évolution irréversible,qu'on le veuille ou non. Je crois sincèrement, qu'il n'est plus possible de faire marche arrière,et pour imager: c'est comme un projet lancé à douce vitesse qui peu à peu prend de l'allure,entrainé par son élan, quitte à s'écraser sur un mur, se fracasser. Je crois effectivement, pour ma part, que l'on va dans le mur.Et qu'il n'est plus possible de reculer, ni freiner. Dans un tel cas,je ne vois plus qu'une solution: accélérer, passer à la vitesse maximale, parce que la seule chance, à présent de ne pas s'écraser...c'est d'exploser le mur!
Traduction concrète: maintenant, il faut que votre priorité soit de pousser des investisseurs, des enseignes à investir dans le centre ville. On n'a plus le choix.En tant que responsable, il ne vous suffit pas de laisser venir, mais d'aller chercher, par tout moyen, avec les dents, à l'arrache...des enseignes de luxe, des investisseurs, des aménageurs, qui pèsent "lourd". Accélérez pour exploser le mur, ou on est mort! Et les clients, de ce luxe, de ce haut de gamme pour lequel Agen sera un pari fou, audacieux, inédit mais payant car hors des sentiers battus... ces clients qui en ont marre des mégalopoles, des hyper-super-méga centres commerciaux , ils existent, à vous/nous de les attirer vers Agen, sa douceur de vivre, son centre ville historique, authentique!
CQFD: vous êtes maintenant le VRP de ce centre ville et s'il crève il ne fera que suivre cet élan mitigé que vous lui aurez impulsé de façon hasardeuse. Alors, au boulot, à la chasse, et faites ce que vous savez faire de mieux: COMMUNIQUEZ. Et pas localement! NATIONALEMENT, voire plus...

MERCI pour ce chapitre d'évasion

Profitez de vos possibilités d'évasion et vous avez raison, le quotidien de vie pour nous oblige plus à du repos "mental" & à des retrouvailles familiales, certes sans vouloir se plaindre, les techniques de gestion des entreprises nous impactent, sur du résultat, du temps de résultat..., et de la performance, & même si on comprends, on a du mal à saisir où se situe la qualité du relationnel. De plus, la "classe moyenne "dont je fais partie se retrouve depuis quelques temps "pénalisée": nos enfants poursuivent des études...aucune aide!!, on se prive mais c'est pas le plus important... Pour nous c'est qu'ils réussissent, peut-être pas comme vous, mais qu'ils vivent leur activité professionnelle chaque jour comme un bonheur d'excercer leur métier. Là se situe mon objectif... J'ai espoir que vous le compreniez ....
Véronique ALBERTI-DEFFIS "cantelasie" 47310 LAMONTJOIE

à quai

Je suis retournée à Bordeaux ce samedi, pour participer/assister au défilé de la Gay Pride, rencontrer pas mal de personnes autour de questions qui me sont chères. Derrière la fête, une attente de reconnaissance, d'égalité des droits, celui au mariage, notamment. Encore un visage de Bordeaux que vous ne verrez pas, ou de loin, déformé. Cette marche sur les boulevards... un souvenir durable, des inconnus qui marchent ensemble, et ma surprise: ces étreintes et ces baisers échangés avec des inconnus, cette joie d'être là, ce souci pour un instant des uns pour les autres, tous tellement différents, mais tous, derrière les maquillages même ou les outrances...tous avec le même besoin de protection mutuelle. Là au milieu, la quadra replète, un peu mémère, qui avançait étourdie par tant de couleurs, de musique, d'étranges et si semblables énergumènes... la mémère, c'était moi! Un peu ahurie d'être là. Et pour ces garçons dévêtus, pour ces travestis, pour ces filles à la fleur de l'âge,main dans la main, dans ces vingt ans qu'on n'a qu'une fois... pour tous ces inconnus qui rendaient visibles le temps d'une marche tant de fragiles différences que notre société porte en soi, pour tous ceux-là serrés un instant dans mes bras, aurais je été une soeur, une mère, dans ce Bordeaux qui vous est cher?
Aprés la fête, la musique, le défilé... je suis allée marcher comme toujours pour me ressourcer sur les quais. Bordeaux laissait encore battre son coeur au son de quelques djembés, au bord du fleuve. Je me suis avancée, je me suis assise aux côtés de ces "coloriés" qui faisaient battre la peau de leurs tambours comme des coeurs à vif, comme ailleurs, aux pays de leur pères, aux rives de leurs fleuves d'origine. J'ai dansé au son des djembé, sur la terre, sur ce limon de Garonne qui nous nourrit. Dansé à la limite de la transe, comme dansent les vivants, à l'unisson. A bout de souffle, la tête qui tournait, le sang qui pulsait dans les tempes, je me suis arrêtée juste avant de tomber. Sorcellerie des rythmes de la vie qui nous entraînent... plus loin qu'on ne le voudrait, si souvent... J'ai retrouvé ce petit peuple de Bordeaux, et d'ailleurs, qui m'accueille pour un instant, à chaque fois, avec la même curiosité, la même générosité, faite de perplexité et de discrétion (on ne pose pas de questions, là...).J'appartiens pour une part indéfinie à ces gueux, je suis comme eux, l'une des leurs, j'y reviens toujours. C'est au delà de nous ces choses là, si haut que l'on se hausse, si loin que l'on aille... Ici, je suis chez moi. Entre le ciel et l'eau, et entre mes semblables, mes frères, qui n'ont en propre que leur peau à protéger, à sauver, tant qu'on peut...
Ne jamais se poser longtemps, ne jamais rester trés longtemps sans bouger, ne s'installer dans rien, ne compter que sur soi: l'école de la rue nous apprend ça, et c'est à ce prix qu'on y survie, quelques temps. Et vogue la galère... Bordeaux garde ses visages secrets, ses lustres et son luxe, jamais si loin qu'on croit de sa crasse et de ses misères. Mais j'emporte avec moi plutôt la saveur du pain partagé,du pâté,et des figolu, la joie des rythmes africains, l'odeur du feu où l'on se serre assis sur le même tronc d'arbre... plutôt ces choses que la splendeur de son grand théâtre, les ors de ses salons, les fins arômes de ses nectars.
Bordeaux: on y est nu de toutes façons, qu'on défile en tenue provoc, en soeurs de la perpétuelle indulgence... qu'on se congratule et se flatte entre personnes du même monde, qu'on se reconnaisse entre soi par la discrète élégance, la qualité et le goût sûr, et les paroles compassées de qui sait se tenir...ou qu'on se serre autour d'un feu, dans des habits de fortune, à taper jusqu'à l'ivresse sur des djembés ensorcelés... nous sommes nus.
... Jean, vous le savez comme moi, à Bordeaux comme ailleurs: nous sommes tous pareils, nous nous ressemblons tous comme des frères, tous, autant que nous sommes, nous sommes nus, derrière nos apparences... et n'avons tous pour nous tenir chaud que notre commun besoin d'un regard vrai qui se pose un instant sur nous, d'une main chaude qui saisisse la nôtre, d'un peu de feu et d'amitié pour nous sentir moins seuls et démunis. Le reste n'est peut être que pauvres clowneries pour nous rassurer, et oublier un instant notre commun dénuement, quelle que soit notre condition sociale ou matérielle.
Nous ne faisons que passer, Jean, mais si nous pouvons le faire en offrant un peu de cette fraternité, où que nous soyons, et pas en paroles, mais en gestes, en actes, alors, tout passants que nous sommes, nous ne perdons pas notre temps. L'humaniste en vous ne me démentira pas. Sous les ors des palais, dans les mêlées, parmi les démunis... brûlons de ce feu de la fraternité qui seul réchauffe vraiment. Si nous le pouvons, alors, même pour une fille aussi maladroite que moi, ce n'est jamais une perte de temps!
Liberté?...Egalité...FRATERNITE!

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