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Les réflexions d'un élu engagé au service de sa ville et de son territoire

Notes de Lecture « Ces nobles qui ont fait la Révolution » De Daniel Montplaisir

Publication : 27/10/2025  |  01:32  |  Auteur : Webmaster

On ne lit jamais que par recommandation. Qui donc m’a amené sur ce livre relativement pointu écrit par Daniel de Montplaisir, administrateur, que j’avais eu la chance de croiser à l’Assemblée nationale pendant mes années de député ?

D’abord Daniel de Montplaisir lui-même. Celui-ci a eu, en effet, la courtoisie et la gentillesse de me prévenir de son travail et de me dire que, si j’avais l’amabilité de le lire, alors je trouverais les traces d’une des « stars » de la famille, Achille Dionis du Séjour, mathématicien et astronome célèbre du XVIIIᵉ siècle, mais aussi celles du duc d’Aiguillon, député d’Agen, et l’un des acteurs de premier plan du début de la Révolution française.

À partir de cet échange avec l’auteur, je me suis décidé à lire ce livre, car j’ai pensé qu’il éclairerait la démarche de la Ville d’Agen de faire une exposition sur les « Lumières françaises : de la cour de Versailles à Agen ».

Je ne fus pas déçu. Le livre porte une thèse intéressante. Il identifie la noblesse française à la fin du XVIIIᵉ siècle comme une classe sociale très hétérogène avec :

- pour sommet de la pyramide, la noblesse de cour, richissime et comblée de faveurs,

- pour étage intermédiaire, la noblesse de charge ou de robe,

et, pour base, la noblesse de campagne, nombreuse et désargentée.

Daniel de Montplaisir, à travers un récit foisonnant de portraits de ces nobles, nous montre une noblesse désireuse de refonder les raisons d’être de la noblesse française, imprégnée à la fois par l’émergence de la démocratie américaine, défendue par des nobles français et notamment le marquis de Lafayette, et par tout le travail intellectuel des grands noms des Lumières françaises : Voltaire, Diderot… et surtout Montesquieu et son Esprit des lois.

J’ai été particulièrement intéressé par les causes profondes de la Révolution française identifiées par l’auteur : contexte géopolitique (la Révolution américaine, l’exemple de la monarchie parlementaire britannique…), crise profonde des finances publiques du Royaume de France, poids d’un système fiscal archaïque et confus, effervescence intellectuelle dans le domaine de la philosophie politique.

Comment ne pas être frappé par l’analogie forte entre cette fin du XVIIIᵉ siècle et le début de notre XXIᵉ siècle ? Mais, au-delà de ces ressemblances troublantes, c’est plutôt la volonté partagée de tout un pays, de tout un peuple, quelles que soient ses appartenances, d’en finir avec un régime archaïque et ringard, la monarchie absolue, et de marcher audacieusement vers l’inconnu…

Comment ne pas être frappé par cet élan qui commence par la convocation, par le roi, des États généraux en 1789 ? Cette procédure tout à fait extraordinaire consiste à faire élire dans l’ensemble du Royaume des représentants des trois ordres identifiés à cette époque : la noblesse, le clergé et le tiers état. Vous avez bien entendu, il s’agit vraiment d’une élection, à laquelle ont participé environ quatre millions de Français. Au final, 1 200 députés, dont à peu près la moitié pour le tiers état.

Réunis à Versailles, ceux-ci vont poser les bases de la démocratie française telle qu’elle est encore aujourd’hui : Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, abolition des privilèges… Ils le font, la plupart du temps, dans une pagaille indescriptible et avec un élan et un souffle qui forcent l’admiration.

La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen… justement. Celle-ci constitue le texte fondamental qui proclame l’égalité de tous devant la loi, la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. Inspirée par les idées des Lumières et les événements révolutionnaires, elle marque une rupture décisive avec l’Ancien Régime et pose les bases du droit moderne en France. Ce texte affirme que la souveraineté réside dans la nation et consacre des principes universels qui continuent d’inspirer les sociétés démocratiques à travers le monde.

Relisons son introduction :

Les représentants du peuple français, constitués en Assemblée nationale, considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d’exposer, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme, afin que cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs ; afin que les actes du pouvoir législatif, et ceux du pouvoir exécutif, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés ; afin que les réclamations des citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution et au bonheur de tous.

En conséquence, l’Assemblée nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être suprême, les droits suivants de l’homme et du citoyen.

Français parfait, puissance de la pensée politique… quel souffle !

En ces temps d’Assemblée nationale divisée, et au-delà de l’Assemblée nationale, de notre nation française qui semble incapable de se rassembler pour produire les élans et les efforts que notre période historique exige, il est bon de se rappeler que nous en avons été capables et — je me risque — nous en serons à nouveau capables un jour.

Et que deviennent Amédée-Désiré d’Aiguillon, député d’Agen, et Achille Dionis du Séjour dans ces moments aussi confus qu’historiques ? Eh bien, ils font partie des 47 députés de la noblesse qui quittent volontairement la salle où siégeait la noblesse pour rejoindre les députés du tiers état, les 23 et 25 juin 1789. Ces jours-là, les États généraux mouraient et naissait l’Assemblée nationale telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Vous voulez connaître la suite ? Lisez le livre de Daniel de Montplaisir et surtout venez à l’exposition de la Ville d’Agen, « Lumières françaises », du 5 décembre 2025 au 8 mars 2026 !

@+

Jean Dionis, Maire d’Agen

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