Les résultats des élections législatives sont maintenant connus.
Le Rassemblement National et ses alliés sont battus.
Il n’y aura pas de majorité absolue, ni même relative pour l’extrême droite dans notre Assemblée nationale. Cet objectif politique majeur pour les démocrates est atteint ce soir. La France n’aura pas à subir son programme mortifère d’obstruction anti-européenne et xénophobe.
Mais soyons clairs. La poussée du RN constatée lors des élections européennes et du 1er tour de ces élections législatives n’a été contenue que par le Front républicain et ses 210 désistements locaux. Pour être encore plus direct, le RN n’a été battu que par le Front républicain. Merci du plus profond de nos cœurs à celles et à ceux qui l’ont incarné dans chacune de nos circonscriptions, par un désistement douloureux, par un soutien courageux, par un militantisme valeureux.
En accord avec notre constitution, l’initiative appartient maintenant au Président de la République, à qui il revient de nommer le Premier ministre. Celui-ci aura, une fois nommé, la lourde tâche de proposer un gouvernement capable de travailler avec cette Assemblée nationale morcelée. Notre pays, sans culture du compromis, va devoir s’y mettre, n’en déplaise aux extrêmes droite et gauche.
J’espère vivement que le Président choisira et réussira à constituer un gouvernement qui sera véritablement l’expression du Front républicain qui a permis de faire barrage efficacement contre le Rassemblement National.
J’espère vivement qu’il émergera de ce Front républicain une coalition sensible à la situation inédite et fragile de notre pays.
J’espère vivement que cette coalition aura l’audace de sortir de ses habitudes et de ses jeux de rôle pour bâtir ensemble les compromis qu’exige la situation de la nation.
Au moment de construire ce gouvernement, chaque partie prenante serait bien inspirée de ne pas oublier le fait majeur de ces élections : le Rassemblement National est aux portes du pouvoir, notamment dans la perspective de notre prochaine élection présidentielle de 2027.
Ce gouvernement devra donc forcément se construire sur une analyse des attentes de nos concitoyens et rien ne serait plus grave à ce moment-là que d’oublier les coups de tonnerre et de colère, les cris de souffrance que nous ont adressés nos concitoyens pendant ces mois de campagne.
Pour ma part, j’ai entendu l’inquiétude et la colère des habitants de nos « quartiers politique de la Ville » devant la montée du trafic de drogue jusque dans leurs halls d’immeuble.
J’ai vu, toujours à Agen, des résidents inquiets devant l’installation, dans leur résidence, de mineurs étrangers insuffisamment accompagnés.
J’ai entendu le désespoir des habitants de ce village de notre Lot-et-Garonne devant le départ à la retraite de leur dernier médecin en exercice.
J’ai vu, en janvier dernier, chez moi à Agen, un mouvement agricole d’une exceptionnelle ampleur s’en prendre à la préfecture du Lot-et-Garonne pour demander l’arrêt des surtranspositions nationales et régionales de directives européennes.
En matière de sécurité et de justice, de régulations de flux migratoires, tout ce que nous pouvons faire à court et moyen terme, faisons-le fortement, sans hésitation. Mais je sais, d’expérience d’élu local, que les progrès, dans ces domaines, seront toujours partiels, âpres et lents, qu’il n’y a pas de recettes magiques, ni contre la délinquance, ni contre l’immigration illégale.
Le RN a mis le doigt sur des plaies vives. Mais il a menti sans vergogne en faisant croire à des solutions rapides qui n’existent pas dans ces domaines régaliens.
Reste l’aménagement du territoire, restent les résultats électoraux incroyables du RN dans la ruralité ou de la France Insoumise dans les quartiers politique de la Ville.
Là, en matière d’aménagement du territoire, il y a à la fois urgence à agir et possibilité d’une action publique puissante et rapide.
Là se trouve la vraie rupture de politique publique à opérer : Il est urgent de mettre un terme à des décennies d’aménagement du territoire qui ont consacré l’essentiel de leurs efforts sur les 23 métropoles régionales de plus de 300 000 habitants.
Il est urgent de tourner nos regards et nos actions vers notre ruralité et nos quartiers difficiles et de le faire avec une approche radicalement nouvelle, à partir du maillage de nos villes petites et moyennes.
Pour ne prendre qu’un exemple qui a pesé lourd dans les derniers résultats électoraux, celui de la santé... Quoi de plus légitime que le désir de nos concitoyens habitant nos territoires ruraux d’avoir un médecin traitant et d’être correctement soigné ?
Impossible, aujourd’hui, quand les déserts médicaux gagnent tous les jours du terrain.
À nous de poser enfin les actes politiques qui permettront de répondre à cette juste attente : gestion administrative des installations des jeunes médecins, délégation de tâches aux professions paramédicales, télémédecine intermédiée...
Les solutions existent pour un nouvel aménagement de notre territoire rural, connecté, moderne... faisons-le maintenant !
Le Front républicain nous a épargné le repli nationaliste archaïque. À nous maintenant d’avoir l’audace d’aller vers des solutions nouvelles et d’avenir.
Après la tempête Rassemblement National, l’arc-en-ciel républicain ?
Je veux y croire.
@+,
Jean Dionis, Maire d’Agen