Dimanche dernier, 9 juin, j’ai vécu intensément à la fois la journée de vote, avec tout ce qu’elle comprend comme rites républicains pour un Maire (tournée des bureaux de vote, dépouillement, consolidation des résultats, brève rencontre à la Préfecture, échange avec nos militants…).
Je l’ai vécu avec d’autant plus d’intensité que le Président de la République annonçait dès 20h30 la dissolution de l’Assemblée nationale, en utilisant un des outils les plus puissants prévus par notre Constitution.
Dimanche dernier, le temps fut d’abord à la déception.
Déception, avec le score médiocre de notre liste, conduite par Valérie Hayer (14,5% sur la ville d’Agen) et soutenue par le Président de la République et par le gouvernement.
Déception, ensuite, par l’ampleur de la victoire électorale du Rassemblement national et plus largement du bloc constitué par l’ensemble des partis d’extrême droite. L’extrême droite à 40% chez nous, en France, ce fut pour moi un choc, même si ce score était annoncé par les sondages.
Stupéfaction, à l’annonce de la dissolution de l’Assemblée : je ne veux pas vous raconter d’histoires. Je ne l’ai pas vue venir. Je n’y croyais pas. En tout cas, pas dans la foulée d’élections européennes sèchement perdues.
Pourquoi le Président de la République a-t-il fait ce choix-là ? Franchement, je ne sais pas.
Mais ce que je sais, par contre, c’est que 40% pour l’extrême droite en France, cela appelait une réponse politique forte de la part du Président de la République, et aucune des options qui étaient ouvertes au Président de la République (remaniement du gouvernement, élargissement de la majorité parlementaire, dissolution de l’Assemblée nationale) ne se détachait vraiment.
Le Président de la République a pris sa décision. Elle est, bien sûr, conforme à la Constitution. Elle présente l’avantage d’être profondément démocratique puisque la décision de redonner la parole aux Françaises et aux Français pour fixer le cap politique de leur nation, et pas uniquement de leur participation au Parlement européen, produira forcément une nouvelle séquence politique pour notre pays, et c’est très bien comme cela.
Alors maintenant, que faire ? Nous sommes nombreux à nous poser cette question. Je pense vraiment qu’après le temps de la déception, celui de la sidération devant l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, ce doit être maintenant impérativement le temps de la réflexion, de l’analyse et de la raison.
Il nous faut d’abord réfléchir à la signification profonde de ce score de 40% accordé à l’extrême droite. Nous ne pouvons pas rejeter en bloc l’expression démocratique de 40% de nos concitoyens, même si la formation politique choisie par ces électeurs heurte nos convictions les plus profondes.
Oui, il y a dans ces votes de la colère, de la souffrance, des cris que nous devons entendre. Je l’ai dit publiquement et je n’ai aucun problème pour le redire dans cette chronique. J’entends et je reçois la demande de renforcement de la sécurité et de l’autorité publique. J’entends et je reçois la demande d’une régulation plus efficace des flux migratoires, notamment pour contenir l’immigration illégale. Et de manière plus charnelle encore, j’entends et je reçois le cri de souffrance de la ruralité et plus spécialement de la ruralité de ma petite patrie, le Lot-et-Garonne. Ce qui appelle des réponses politiques d’abord envers nos agriculteurs, mais aussi vis-à-vis des gens qui ont choisi la ruralité comme résidence. La République leur doit des médecins, des gendarmes, des professeurs d’école, des services publics et nous devons reconnaître que bien souvent ils ne sont pas là…
Mais après ce premier niveau d’analyse passé, il est important que chaque citoyen se mobilise pour aller voter les 30 juin et 7 juillet en fonction de ses convictions les plus profondes en ce qui concerne la conduite du gouvernement de la France. Chacune, chacun d’entre nous doit le faire calmement, lucidement, en rentrant au plus profond de soi-même. Une question domine ces législatives : « Voulons-nous donner le gouvernement de la France au Rassemblement national ? »
Pour répondre à cette question, finalement, chaque citoyenne, chaque citoyen aura en face de lui trois bulletins de vote principaux :
1. Le bulletin de vote du Rassemblement national
2. Le bulletin de vote du nouveau Front populaire
3. Et enfin, le bulletin de vote de la majorité présidentielle, sous l’étiquette Ensemble.
Pour celles et ceux qui, comme moi, mettent la poursuite de la construction européenne au sommet de leurs priorités politiques, alors, c’est clair, il ne peut pas y avoir un seul vote de celles et ceux qui sont attachés à l’Europe pour le Rassemblement national.
L’ensemble de son programme, construit autour du principe de préférence nationale, nous conduira directement à un conflit majeur avec l’Union européenne, qui produira au mieux la marginalisation de notre pays dans cette union, au pire son départ, tel qu’on l’a connu avec la Grande-Bretagne.
Donc, aucun vote pour le Rassemblement national par celles et ceux qui refusent le repli nationaliste et archaïque.
J’ai alors tourné mon regard vers le Nouveau Front Populaire. Je l’avoue, j’étais déjà sceptique quant à un contrat de gouvernement signé par des forces politiques qui se sont opposées et déchirées pendant toute la campagne européenne autour de désaccords publics et majeurs :
- Désaccord sur le Moyen-Orient (conduite à tenir face au Hamas, antisémitisme)
- Désaccord sur l’énergie nucléaire
- Désaccord sur les retraites, etc.
Sans parler des désaccords sur les investitures…
Mais, j’ai voulu prolonger mon instruction de ce chemin en lisant leur programme. Je me permets d’en faire la publicité (en cliquant ici).
Mes amis, ce programme est DINGUE !!!!!! :
- Retour de la retraite à 60 ans, si, si…
- 200€ nets de hausse du SMIC
- 10% de hausse sur le point d’indice des fonctionnaires
- APL : +10%
Des cadeaux pour tout le monde, comme s’il en pleuvait… 287 milliards !!!!
Sauf qu’il y a toujours quelqu’un qui paye les cadeaux. Et qui paierait si ce programme de dingue devait être appliqué ? Eh bien, c’est vous, c’est nous !… par ce qui serait un matraquage fiscal historique.
Donc, mes amis, pas un vote, pas un seul pour ce programme de dingue qui déshonore la politique.
Reste le bulletin de vote Ensemble « Majorité Présidentielle ».
Vous avez peut-être, sans doute, des reproches légitimes, des griefs par rapport au Président, à sa majorité.
Mais, je vous invite à comparer ces reproches avec ce que nous reprochons au Rassemblement National (casser l’Europe) et au Nouveau Front Populaire (« Cramer la baraque » comme l’a dit Valérie Pécresse).
Je vous invite à la raison.
Je vous invite à voter Ensemble, Majorité Présidentielle.
Je vous invite à voter pour notre député sortant pour Agen-Nérac, Michel Lauzzana.
PS : Je vous invite à venir à la réunion publique en présence de Catherine Vautrin, qui aura lieu le mercredi 26 juin, à 20h, au salon Dubroca à Armandie
@+,
Jean Dionis, Maire d’Agen
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