Quelques leçons de la Coupe du Monde 2023 sur notre rugby

La Coupe du Monde 2023 est maintenant terminée. Elle a rendu son verdict en désignant les Springboks de l’Afrique du Sud comme les champions du Monde pour la quatrième fois de leur histoire.

En retournant à Agen après être monté à Paris pour assister à la finale Nouvelle Zélande -Afrique du Sud, je me suis demandé quelles leçons cette coupe du Monde 2023 nous avait enseignées sur notre rugby, sport identitaire d’Agen et du Lot-et- Garonne. Cette réflexion me semble utile, voir indispensable si Agen a la juste ambition de rester dans l’élite nationale de ce sport.

Première leçon en ce qui me concerne : le rugby est devenu un sport mondial… mais sa mondialisation est loin d’être achevée. Sport mondial, il l’est devenu dans ces quarante dernières années, d’ailleurs celles de l’histoire d’une Coupe du Monde inventée en 1987.

Inventé par les Anglais en 1823, il y a deux cent ans. Il est très longtemps resté un sport d’anglo-saxons avec de très rares invités dont la France, puis l’Italie...

Cette époque est définitivement finie. La coupe du Monde a rappelé qu’il était maintenant implanté sur les cinq continents : l’Europe, l’Afrique et l’Océanie bien sûr, mais aussi l’Asie avec le Japon et l’Amérique avec l’Argentine et l’Uruguay. Le rugby sport mondial, ne l’avions-nous pas trop vite oublié lorsque nous rêvions nos Bleus en champions du monde… L’Histoire de la Coupe du Monde et ses neufs titres décernés (8 à l’hémisphère Sud, 1 seul à l’hémisphère Nord) aurait du nous inviter à plus d’humilité... et de fierté. La France vice-championne du monde de football et parmi les huit meilleurs nations du monde en rugby, franchement merci les Bleus !

Mais la Coupe du Monde de rugby a aussi montré que cette mondialisation en cours du rugby était loin d’être terminée. On ne joue pas au rugby ou si peu en Chine, en Inde, en Russie, en Allemagne, aux USA… Il y’a bien sûr des raisons à cela: le rugby exige une pelouse, c’est un sport difficile à jouer par fortes chaleurs, des raisons culturelles aussi par exemple en Allemagne où le foot et le hand occupent l’espace scolaire et sportif…. Mais le rugby continuera, j’en suis sûr, sa marche en avant.

Sauf… si la complexité croissante de ce sport le rendait par malheur illisible. Le rugby est un sport compliqué, voir secret, ésotérique aux dizaines de règles complexes qu’il faut interpréter . C’est clairement un des sports où le rôle de l’arbitre est le plus important à cause de cette complexité.

Et la Coupe du Monde de 2023 a fait éclater au grand jour cette complexité. Pensez aux phases de jeu que sont les mêlées ou les rucks ! Je sais bien que ces règles ont pour double enjeu de permettre au jeu de se développer et de protéger la santé des joueurs particulièrement exposés dans ce sport de combat… mais quand même... si le rugby doit continuer à progresser, il devra continuer à faire évoluer ses règles pour plus de sécurité pour ses joueurs, mais aussi pour plus de lisibilité pour ses spectateurs. 

Enfin, le rugby a un bel avenir devant lui s’il veille à demeurer un spectacle et il devra veiller à faire aussi évoluer ces règles dans ce sens. Cette coupe du monde a été celle où les défenses sont devenues de plus en plus étanches et où elles ont clairement pris le pas sur les attaques. La victoire de l’Afrique du Sud s’inscrit d’ailleurs dans ce constat : défense intraitable, buteur exceptionnel avec André Pollard, jeu au pied quasi-systématique

Certes, la Coupe du Monde a confirmé certaines nouvelles tendances de jeu : le jeu de dépossession au pied, les chandelles au pied, les passes au pied, les coups de pied tactiques au pied par-dessus la ligne de défense. Mais tout cela, c’est au pied ! Et au rugby, le spectacle, c’est d’abord des passes à la main.

Alors… et bien, il faudra continuer à faire vivre et évoluer notre sport national. Déjà des idées sont dans l’air (et en test chez nous dans les compétitions en-dessous de la Fédérale I) : interdiction du placage à deux et obligation de plaquer « aux jambes » pour favoriser la passe à un coéquipier susceptible de prolonger l’action...

Et nos Bleus dans tout cela? Comme la plupart d’entre nous, j’ai vécu douloureusement leur élimination d’un petit point (28-29) contre les nouveaux champions du Monde : si près, si loin… du titre.

Ne les écrasons pas trop de notre déception. Il faut tourner la page. Ne plus penser à la Coupe du Monde:  quatre ans, c’est si loin. Par contre, être obsédés pour inventer le rugby de demain: spectaculaire, efficace, ….gagnant !

Vive le rugby d’aujourd’hui… et de demain.

Allez les Bleus ! Aujourd’hui… et demain.

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