« Ils sont d'abord venus chercher les socialistes, et je n'ai rien dit
Parce que je n'étais pas socialiste.
Puis ils sont venus chercher les syndicalistes, et je n'ai rien dit.
Parce que je n'étais pas syndicaliste.
Puis ils sont venus chercher les Juifs, et je n'ai rien dit.
Parce que je n'étais pas juif
Puis ils sont venus me chercher, et il ne restait plus personne pour me défendre. »
Ces mots sont ceux de Martin Niemöller pasteur luthérien allemand et théologien. Niemöller était anti-communiste ayant initialement soutenu l'accession au pouvoir d'Adolf Hitler. Il ouvre enfin les yeux sur les propos d’Hitler et finit par diriger un groupe de religieux opposants au régime. En 1937 il est arrêté et enfermé aux camps de concentration de Oranienburg-Sachsenhausen et Dachau. Libéré en 1945 par les Alliés, il devient l'une des voix prépondérantes pour dénoncer les dangers de l'apathie politique.
Pourquoi citer aujourd’hui Martin Niemoller ? Parce que les semaines dernières ont vu s’accumuler les signes incontestables d’une résurgence de l’antisémitisme, chez nous en France :
Hausse vertigineuse des actes antisémites en 2018 (+74%), image de Simone Veil barrée d’une croix gammée, tag « Juden » sur la vitrine du restaurant parisien Bagelstein, arbre en mémoire d’Ilan Halimi scié, Alain Finkielkraut insulté violemment samedi dernier.
L’analyse de cette résurgence de l’antisémitisme dans notre pays montre son caractère protéiforme allant du traditionnel antisémitisme d’extrême droite (condamnant le Juif parce qu’apatride) à celui, nouveau, d’extrême gauche (condamnant le Juif parce que sioniste pro-israélien) et cette analyse est forcément utile pour combattre les ressorts profonds de ce fléau démocratique.
Mais, l’analyse complexe de ce mouvement ne peut plus nous servir d’alibi à l’inaction et encore moins à l’indifférence.
René Girard nous a ouvert définitivement les yeux sur les mécanismes meurtriers du bouc-émissaire : foules violentes que rien n’arrête contre une victime bouc-émissaire….innocente. Et nos compatriotes juifs peuvent très vite devenir à nouveau des boucs-émissaires tellement faciles pour nous faire oublier toutes nos tensions actuelles.
Alors, oui, il est temps de dire non à l’indifférence.
Dire non à l’indifférence comme nous le demandait Haïm Korzia, le grand Rabbin de France, lors de sa visite à Agen en Octobre dernier à l’occasion justement du baptême d’une Ecole Agenaise du beau nom de Simone Veil. Il est temps de relire la chronique que sa venue et ses paroles m’avaient inspirée (lire http://jeandionis.com/blog/non-indifference ) .
Comment dire non à l’antisémitisme? A chacun de nous, à vous de trouver les formes de votre résistance.
Je me permets de vous suggérer un premier acte citoyen.
Mardi prochain, 19 Février, 14 partis politiques, représentant un éventail très large de sensibilités politiques, diront non à l’antisémitisme.
A Paris, le rassemblement aura lieu à 19 h00, Place de la République.
A Agen, le rassemblement aura lieu aussi à 19 H00, au monument aux Morts, place Armand Fallières à la Préfecture.
J’y serai. Je vous y espère.
Dans famille et depuis mon plus jeune âge, on m'a appris à aimer mon prochain sans chercher à connaître son origine simplement parce qu'il était mon "frère". Bien après la guerre, j'ai su que mes parents avaient hébergé des personnes d'origine juive qui fuyaient les occupants et longtemps j'ai cru que cette haine de l'autre était loin derrière nous. Hélas !!!